Son premier album Acts Of Rebellion vient de sortir sur l’excellent label Domino, avec un propos qui oscille entre introspection et réflexions socio-politiques, nimbé de ses vocaux aux accents éthérés, le tout étant ultra dansant et addictif. la Colombienne désormais basée à Brooklyn Ela Minus nous parle de son album et nous livre une playlist des plus inspirée.

L’interview :

Comment es-tu passée du punk/hardcore à l’électronic ?
Ca a été une longue transition, je jouais du hardcore au tout début de mon adolescence, ça fait presque 15 ans, en fait, j’ai tout simplement grandi.

Qui sont tes influences majeures ?
Nigel Godrich, Legowelt, Martin Rev, Nicolas Jaar … Chacun a son style à lui, j’ai souvent la chair de poue quand j’écoute leur musique. Et j’espère qu’il en est de même quand on écoute ma musique !

Ta musique fait danser mais contient aussi un message : c’est important pour toi ?
Honnêtement je n’avais jamais pensé de cette manière…
Je fais simplement de la musique, certains jours j’ai envie de danser alors: probablement pour essayer de me faire danser je fais de la musique de danse, d’autres peut-être que je ressens une émotion différente qui s’exprime plus facilement dans les paroles, alors j’écris et chante, cela dépend du jour . Je suppose que c’est cool si les gens dansent en scandant une déclaration puissante. J’aime ça quand je suis dans un club, si ça arrive c’est cool, les mots peuvent être très puissants.

Tu as dit “je m’identifie beaucoup à la scène club” :
C’est une déclaration en soi, au moins dans mon esprit.
Lorsque vous vous identifiez à quelque chose, c’est parce que d’une manière ou d’une autre, dans votre estomac, vous vous sentez comme vous-même lorsque vous êtes à cet endroit, ou que vous écoutez cette musique, ou que vous êtes entouré de certaines personnes, votre moi intérieur crie «oui! Ça y est! c’est moi! reste ici!” … Que puis-je dire? c’est très intuitif, Si je devais utiliser des mots: j’aime la musique forte, j’aime sentir le son avec mon corps, j’aime que personne ne me parle à travers la musique, l’obscurité et l’anonymat, et la musique, principalement la musique, pour moi: c’est toujours, absolument tout à propos de la musique.

La scène DYI d’où tu viens est-elle toujours présente dans la musique que tu fais aujourd’hui ?
Ma musique concentre à la fois tout ce que j’ai pu être et ce que je suis aujourd’hui.

Est-ce que faire de la musique est un “act of Rebellion” pour toi ?
Bien sûr, je pense que faire de l’art dans le monde dans lequel nous vivons est un acte de rébellion, je pense que chaque musicien et artiste est naturellement un rebel.

Comment as-tu conçu cet album ?
J’ai travaillé très dur et je n’ai pas arrêté de travailler jusqu’à ce que j’aie eu l’impression d’avoir un album concis entre les mains, ensuite j’ai écouté les tracs et façonné le tout en conséquence.

Bien que tu fasses de la musique électronique, vous incitez les gens à se connecter avec des communautés de chair et de sang. Que pensez-vous alors de la prédominance des réseaux sociaux?
C’est une question difficile à répondre en 2020. Je préconise toujours le réel sur les réseaux sociaux, à 100%. mais aussi maintenant, après avoir été complètement isolée des autres êtres humains, et dans mon cas privé de la seule activité où je me sentais vraiment connectée avec les gens (show live)les médias sociaux ont vraiment joué un rôle important. Donc … je pense qu’il s’agit d’être intelligent et mature dans la façon dont nous utilisons ces outils. Les médias sociaux ne sont pas une «communauté», c’est simplement un moyen de communiquer. Les gens derrière les téléphones, et les photos, ces gens et leurs sentiments, leurs pensées et leurs peurs, c’est là que ça se passe, c’est ce qui compte, c’est la «communauté» : les gens.

Même si ta musique est assez personnelle, y a-t-il des artistes avec qui tu aimerais collaborer dans le futur ?
Il y a beaucoup de gens incroyables avec lesquels j’aimerais collaborer. Comme Marta Salogni qui a mixé cet album mais j’aimerais aussi travailler avec elle autrement, collaborer davantage. Aussi Fred Again, Dom Maker, Mica Levi, Nico Muhly…

Liste des titres de la playlist commentés par Ela Minus :

1.Domenique Dumont – People on Sunday : j’adore vraiment Dominique Dumont, je suis excitée à chaque fois qu’elle publie quelque chose de nouveau
2.Adrianne Lenker – Ingydar : Belle chanson, ma préférée du moment extraite du nouvel album d’Adrianne Songs
3.Erica De Casier – No Butterflies, No Nothing
4.James Blake – Do you ever : je fredonne le refrain depuis que le titre est sorti
5.Upsammy – Send-Zen : tout l’album est super
6.Overmono – Clipper : une très belle chanson
7.Deux – Dance with me : Ce morceau me fait sourire à chaque fois que je l’écoute et cela fait des années.
8.Turquoise Days – Grey Skies 🙂
9.Marie Davidson & L’Œil Nu – ‘Worst Comes To Worst’: tout simplement très bon morceau
10.Ela Minus – Close
11.Ela Minus – Dominique
12.Ela Minus – El cielo no es de nadie
Je voulais ajouter quelques tracks de mon propre album puisqu’il vient juste de sortir et que j’aimerais partager
Et puis quelques titres que j’aime jouer et qui me manquent…
13.Paranoid London – Eating Glue
14.Machine Woman – Last Days of Montreal’s summer you spoke softly 183
15.Simian Mobile Disco – Aspic

Pour écouter et voir la playlist sur YouTube :

Pour écouter l’album sur Spotify :

Ela Minus sera en concert à Paris à a Boule Noire le 19 février 2021.