Quelques heures avant de fouler la scène du mythique Cabaret Sauvage, on retrouve le talentueux Kota The Friend dans sa loge. Au fil de notre entretien on apprend à connaitre un artiste passionné et solaire avec un regard bienveillant sur la vie et ce qui l’entoure.

 

 

 

D’où vient ton nom de scène Kota The Friend ?

Ça vient d’un Disney, Frère des ours, où l’un des personnages s’appelait Koda. Et j’ai toujours aimé ce nom, alors je me suis appelé comme ça.

 

T’es originaire de Brooklyn, n’est-ce pas ? Comment cette ville a-t-elle influencé ta musique ?

J’étais un grand fan de Jay Z, de Nas, de Biggie, par exemple. Et je regardais beaucoup le BET Countdown – émission sur la chaîne BET – et d’autres choses de ce genre. À l’époque où j’ai grandi, et dans le hip-hop, tout venait de New-York.

 

Que penses-tu de la scène hip-hop française ?

Tout ce que j’ai entendu jusqu’à présent me plaît. J’aime ça. C’est vraiment cool, ça sonne bien. Et j’ai envie d’en apprendre davantage.

 

« C’est ça le pouvoir d’un parolier, d’un rappeur et d’un auteur-compositeur. La musique raconte déjà sa propre histoire, et c’est à toi de transmettre aux gens ce que la musique signifie. »

 

Et quand tu crées une chanson, qu’est-ce qui te vient en premier, les paroles ou l’instrumental ?

En général, l’instrumental. C’est difficile d’écrire un rap quand  je ne sais pas à quoi va ressembler la musique parce que j’ai l’impression que c’est la musique qui raconte l’histoire. Et puis être auteur, c’est un peu comme traduire la musique en mots. C’est ça le pouvoir d’un parolier, d’un rappeur et d’un auteur-compositeur. La musique raconte déjà sa propre histoire, et c’est à toi de transmettre aux gens ce que la musique signifie.

 

L’écriture est-elle un exutoire pour toi ?

Oui, depuis toujours.

 

Il t’arrive d’avoir le syndrome de la page blanche ?

Cela fait longtemps que je n’ai pas eu le syndrome de la page blanche. Quand ça m’arrive, je m’éloigne un peu, je vis un peu, je fais des choses différentes, des choses que je n’ai pas l’habitude de faire. Et en général, quand j’essaie de nouvelles choses dans la vie, je deviens capable d’écrire de nouvelles choses.

 

T’es en indé, n’est-ce pas ? Pourquoi as-tu choisi cette voie ?

J’ai toujours pensé que j’allais être signé par un label à un moment donné, mais les contrats d’enregistrement étaient tellement mauvais que je ne pouvais pas. J’ai donc réalisé que je gagnais assez d’argent pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. Donc j’ai continué et je n’ai jamais regardé en arrière.

 

« J’ai l’impression que les rappeurs parlent souvent des choses dont ils sont fiers dans leur musique. Ils parlent de leur argent, de leur voiture, etc… Pour moi, mes enfants sont l’une de mes plus grandes inspirations, et je suis si fier d’eux. »

 

En parlant de ta famille, tu es papa de deux enfants. Ils sont au courant pour ta carrière ?

Je pense que mon fils est au courant. Il est monté sur scène avec moi. Il a assisté à des spectacles avec moi et il est mon plus grand fan. Ma fille a seulement un an et demi, donc je ne pense pas qu’elle le sache encore, mais ça ne saurait tarder.

 

Comment influencent-ils ta musique ?

Parfois les gens disent que je parle trop d’eux dans ma musique, mais c’est ce dont je suis fier ! J’ai l’impression que les rappeurs parlent souvent des choses dont ils sont fiers dans leur musique. Ils parlent de leur argent, de leur voiture, etc… Pour moi, mes enfants sont l’une de mes plus grandes inspirations, et je suis si fier d’eux. Je parle donc beaucoup d’eux.

 

Et s’ils voulaient suivre la même voie que toi ? Quels conseils leur donnerais-tu ?

Je leur dirais de s’assurer qu’ils savent qui ils sont, de ne jamais oublier d’où ils viennent, et de ne pas prêter attention au bruit externe. Faites ce que vous aimez parce que vous l’aimez, et concentrez-vous sur ce que vous apportez et sur ce que vous avez à donner au monde. Tout le reste n’est qu’absurdité.

 

Revenons à ta musique. Tes  productions sont assez éclectiques, avec des influences jazz et soul. Quel est ton processus de création ?

Je pense que beaucoup d’auteurs-compositeurs commencent par marmonner des choses. Nous déterminons la mélodie, le rythme, puis nous posons les mots sur la mélodie. Comme je l’ai dit, nous essayons de comprendre ce que dit la musique. Souvent, lorsque j’écoute une chanson, je me demande sans cesse ce que dit ce rythme. J’essaie d’écouter les subtilités et les nuances de l’instrument, et j’essaie de comprendre le langage.

 

« Vous avez la responsabilité d’être gentils même avec la personne qui essaie de vous rabaisser. »

 

Tu viens de sortir un nouveau projet Lyrics To Go Volume 5 dans lequel tu parles de ton évolution en tant qu’artiste et de ton impact sur l’industrie musicale. Tu peux nous en dire plus ?

J’ai l’impression que mon évolution en tant qu’artiste est un peu comme mon évolution en tant que personne. Parce qu’une grande partie de ma musique est autobiographique. Les paroles de mes chansons sont des leçons que j’ai apprises tout au long de mon parcours, des leçons qui m’ont permis d’apprendre à trouver l’équilibre en tant que personne.

 

Quel a été le morceau le plus difficile de cet album ? Au niveau de l’écriture, de la production ou même en terme de rap ?

Je dirais que c’est le premier titre Beijing, parce que je n’avais pas l’habitude de rapper sur ce genre de chanson. J’ai dû y revenir plusieurs fois avant de pouvoir la terminer.

 

 

Quel est ton morceau préféré ?

Backstage in Minneapolis. Parce qu’il est vraiment profond. Il expose beaucoup de vérités sur les gens, la psychologie humaine. Ça parle de ceux dans l’obscurité qui essaient de tirer les autres vers le bas, et comment j’ai surmonté cela. Comme le dit un ami à moi : « Ne vous rabaissez jamais au niveau de quelqu’un, car c’est là qu’il peut vous battre ». Vous avez la responsabilité d’être gentil, même avec la personne qui essaie de vous rabaisser.

 

Parlons un peu de mode, comment as-tu choisi ta tenue pour ce soir ?

Honnêtement ? J’ai choisi ce qui était propre (rires) !

 

Et qu’est-ce qu’une tenue de scène doit refléter pour toi ?

Elle doit refléter le fait que nous allons nous amuser.

 

 

 

 

 

Texte Samantha KIANGALA