Tremblez de joie, tremblez d’effroi car nous sommes partis à la rencontre de la séduisante sorcière du rap français, Davinhor à l’occasion de son nouveau projet : Kabara. Suivez-nous dans les coulisses du shooting de la cover de l’album et découvrez les confidences de la rappeuse. Mais restez discrets car GARE AUX FÉTICHES !

 

 

Quelle direction as-tu voulu prendre avec ce nouveau projet ?

Une direction plus urbaine avec beaucoup de franc-parler. Retourner à ma base, à ma source, à ce qui a fait qu’aujourd’hui je suis dans la musique.

 

Et qu’est-ce que tu aimerais que ton public retienne à la première écoute de ce projet ?

J’aimerais qu’il soit scotché.

 

 

Davinhor
Crédits Pure Damage

Davinhor
Crédits Pure Damage

 

« On a plusieurs points communs elle Karaba et moi. J’ai été abusée de plusieurs façons, en tant que femme qui fait de la musique mais aussi dans mon enfance. Donc ouais, je me vois en elle. »

 

Ton projet s’appelle Karaba. Raconte-nous l’histoire de la sorcière Karaba pour ceux qui ne la connaissent pas.

Alors l’histoire de Karaba la sorcière c’est un mythe africain de l’Ouest tiré du film Kirikou. C’était une femme qui a été maltraitée et violée par les hommes du village… Et lorsqu’elle s’est faite maltraiter, violer et abuser, on lui a planté une épine dans le dos qui a fait d’elle une sorcière très méchante. Par la suite elle a transformé les hommes qui l’ont abusée en fétiches à sa disposition. On a plusieurs points communs elle – Karaba – et moi. J’ai été abusée de plusieurs façons, en tant que femme qui fait de la musique mais aussi dans mon enfance. Donc ouais, je me vois en elle.

 

«  […] c’est cru, c’est vrai, c’est la rue ! »

 

Et pourquoi as-tu décidé d’intituler ton projet comme ça ?

Parce qu’au premier abord j’ai un air très méchant, puis quand on rentre un peu dans ma vie, dans les profondeurs de ce que je suis, on on se dit : « Ah en fait, tout ça, c’est une carapace ! ». C’est pour se protéger quelque part, tu vois ? Et puis on a plusieurs points communs elle et moi. J’ai été abusée de plusieurs façons, comme j’ai dit, en tant que femme qui fait de la musique mais aussi dans mon enfance. Elle a un gros caractère, j’ai un gros caractère ! Je ne me laisse pas faire et je sais prendre les choses en main. J’aime garder le contrôle sur tout ce que je fais que ça soit dans ma direction artistique ou dans ma musique. Ce projet c’est 100% moi, authentique et vraie. Il a de la personnalité et c’est quelque chose qui ne se fait pas encore en France, sans vouloir dénigrer les femmes qui font du rap aujourd’hui. En gros c’est cru, c’est vrai, c’est la rue (rires) ! Contrairement à mon dernier projet Indomptable où j’ai beaucoup écouté les gens, j’ai beaucoup fait des choses mainstream et je pense que mon public a été un peu déçu.

 

Davinhor
Crédits Pure Damage

 

Et la douleur qui est liée au viol de Karaba est représentée dans le film par une épine qui lui est retirée par Kirikou à la fin. Comme une délivrance… Ça serait quoi pour toi ta délivrance ?

Réussir. Quand je n’aurai plus à vivre dans la difficulté. Quand à chaque Noël il y aura des cadeaux en dessous du sapin pour mes proches et qu’autour de moi plus personne ne se plaindra. Quand j’aurai pris ma revanche sur la vie.

 

Davinhor
Crédits Pure Damage

 

Dans Opinel 12 tu dis : « Je peux être douce, mais je préfère l’Opinel 12 ». Tu as toujours eu cette dualité en toi, entre douceur et agressivité ?

Oui, bien sûr, mais quelle femme n’a pas de douceur en elle ? Une femme a le pouvoir de renouveler son amour, peu importe les abus. Tu vois, une femme ça décide d’aller de l’avant. Une femme ça pardonne énormément et surtout ça supporte ce que les hommes ne peuvent pas supporter.

 

Donc ta douceur vient de ta féminité et ton agressivité alors ?

L’abus. L’abus de ne pas être reconnu à ma juste valeur, le fait que je mérite ma place mais qu’on me mette pas forcément en avant. Qu’on me fasse pas forcément rentrer dans les playlists, dans les radios. Peut être que parce-que je suis une femme noire…

 

 

Davinhor
Crédits Pure Damage

 

« Je me suis vraiment remise en question sur ce que je voulais apporter dans le rap français […] Je pense qu’il y a certains artistes qui ne le font pas. »

 

D’ailleurs, la cover d’Indomptable est inspirée d’un célèbre cliché de Rosa Parks. Aujourd’hui, tu t’inspires de Karaba. Qu’est ce que représente pour toi la femme noire ?

La puissance. Je vais te donner l’exemple de ma mère. Ma mère, elle a quitté l’Afrique, elle avait 17 ans, et elle a fait 20 ans sans voir ses parents. C’est un choix et il faut le faire. Elle l’a fait aussi pour sa famille. Parce que l’Europe c’est considéré comme un eldorado. En faisant ça elle nous as donné une vie.

 

Qu’est-ce que tu souhaites apporter dans le paysage du rap français avec Karaba ?

Je me suis vraiment remise en question sur ce que je voulais apporter dans le rap français et se remettre en question, ça fait du bien. Je pense qu’il y a certains artistes qui ne le font pas. Mais moi en tout cas je souhaite apporter la vérité déjà pour commencer. De l’authenticité et de la personnalité.

 

Davinhor
Crédits Pure Damage

 

Davinhor
Crédits Pure Damage

 

 

EP KARABA

Karaba Cover
Crédit @rayannohra

Tracklist

1/ Intro

2/ Binks

3/ Archipel

4/ Couler

5/ Malheur

6/ Bijoux

7/ Ciudad

8/ Dark Skin