Après la sortie de son premier album I’ve Tried Everything But Therapy (Part 1) et de son hit phare Lose Control, Teddy Swims n’est pas prêt de se noyer. De retour à Paris après cinq ans, l’artiste d’Atlanta a cette fois-ci eu le temps d’admirer la tour Eiffel. On a pu l’interrompre dans sa quête de hash browns (röstis).

 

Photo : Joseph Cultice

 

Content d’être à Paris ?

Généralement, quand on vient ici, on ne peut rien voir, tu sais. C’est toujours « go, go, go » alors je suis content. La tournée promo se passe bien, j’ai rencontré plein de gens super sympas, c’est top, mais pour le moment, toujours pas de hash browns. On vient d’en parler d’ailleurs, ils pensent qu’ils ont un équivalent. On va les trouver, les coquins, même si c’est la dernière chose qu’on fait. Je te le dis tout de suite. « That’s the Teddy Swims guarantee ».

 

Est-ce qu’il y eu une chanson ou un moment qui a enclenché cet album ?

Oui, la première chanson, Some Things I’ll Never Know, m’a vraiment parlé. Quand on l’a écrite pour la première fois, je savais que ça allait être la première sur le disque. J’étais en couple à l’époque, dans une période difficile. J’ai écrit une grande partie de l’album à ce moment difficile de ma vie sans savoir comment m’en sortir. Je pensais être dans un meilleur état que je ne l’étais réellement, et je continuais à écrire la même chose. Même en rentrant chez moi, ma copine me demandait : « Ça parle de quoi ? Pourquoi écris-tu ça ? ».

C’est assez drôle parce que c’était comme si mon cœur me disait des choses dont j’avais besoin de prendre conscience. Je me pose toujours la même question : « Où étais-tu pour toi-même à ce moment-là ? ». Mais c’est drôle, tu connais toujours le conseil parfait pour un ami, mais dans la même situation, tu te demandes ce que tu dois faire. Je pense toujours qu’il faut écrire ou avoir un journal ; en faire un objet physique pour pouvoir à la limite mettre feu au problème. La seule chose qu’on peut vraiment contrôler, c’est notre réaction, notre acceptation et notre capacité à avancer dans la vie.

 

 

Tu varies souvent les styles et les tempos. Comment choisis-tu si une chanson sera plutôt lente ou rythmée ?

En général, je mise tout sur un accord. Il y a quelque chose qui se passe dans ton cœur quand il entend le bon accord. John Mayer appelle ça le ouija board. Tu commences à jouer quelque chose et après tu parles, tu chantes, et les mots sortent de ta bouche. L’émotion que tu ressens est la chose la plus importante.

Il y a cet endroit parfait que tu atteins de temps en temps, où tout sort simultanément. Les mots et la mélodie tombent parfaitement, et j’essaie juste de laisser place à ce qui se passe dans la pièce et d’écouter. J’ai beaucoup appris, même dans les conversations, de ne pas simplement écouter quelqu’un parler pour savoir quoi répondre, mais d’écouter réellement mon cœur, les gens et la pièce. C’est difficile d’écouter, il faut apprendre. Quand les gens viennent me voir à l’aéroport à six heures du matin et disent : « C’est toi Teddy Swims ? ». Je n’ai pas toujours le temps, mais je prends toujours le temps. Il n’y a rien de pire que si tu rencontres une personne que tu aimes et qu’il te dit : « Pas maintenant ».

Dans ce métier, dans cette vie, tu dois toujours prendre le temps. J’ai appris à me retourner et à dire : « Vraiment, je t’aime, j’apprécie ton soutien, mais faut que tu saches qu’il est six heures du matin pour moi, je ne suis qu’à 20 %, mais je t’apprécie tellement ». Tu n’as pas besoin de faire du Mickey Mouse tout le temps.

 

 

Est-ce que tu penses que Lose Control a des qualités uniques ou est-ce simplement un produit du succès de la marque Teddy Swims ?

Je suis profondément reconnaissant envers tous ceux avec qui j’ai collaboré depuis le début. Julian Bunetta a été un mentor et un véritable ami qui m’a ouvert plein de portes et grâce à qui j’ai rencontré Ammo et Mikky Ekko avec qui j’ai travaillé sur cette chanson. Je pense que Lose Control marque notre première véritable compréhension du son de Teddy Swims, de ce que j’essaie de dire ou de faire, de qui je suis. La chanson elle-même a été une expérience incroyablement curative pour moi.

Ce qui est magnifique dans la musique, c’est que tu peux composer quelque chose d’entraînant et amusant et on a l’impression que tout le monde s’amuse bien. Les gens dansent et chantent, se donnent à fond en concerts. Alors qu’en réalité, la chanson elle-même est très sombre.

J’étais dans une relation où la substance des liens était en quelque sorte liée aux substances que nous consommions à l’époque, si cela a du sens. On était dépendants l’un de l’autre. Parfois, on peut aimer quelqu’un mais ne pas fonctionner ensemble. Il faut alors réaliser que le mieux pour nous deux, c’est de sortir de cette situation, de guérir et de continuer.

 

J’ai été un véritable masochiste dans ma vie, pensant que si je ne suis pas puni ou malheureux, je ne peux pas composer de la musique triste, voire de la musique tout court.

 

J’essaie toujours d’apprendre à accéder aux émotions pour en écrire des chansons sans avoir à me replonger dans des situations terribles. J’ai été un véritable masochiste dans ma vie, pensant que si je ne suis pas puni ou malheureux, je ne peux pas composer de la musique triste, voire de la musique tout court. J’avais besoin qu’il se passe quelque chose d’intéressant, une façon de penser complètement à l’envers.

Cette chanson et cet album ont été des moments de guérison très importants pour moi et je suis vraiment content de ce voyage.

 

Tu explores tellement de genres, comme tes collaborations avec MK et Illenium. Envisages-tu de continuer à fusionner les styles ?

Bien sûr. J’ai grandi avec une grande variété de musique. Les genres eux-mêmes ont le pouvoir de s’adapter à certaines émotions beaucoup mieux que d’autres. Si je veux turn up avec mes potes, je vais mettre du rap ou quelque chose de puissant. Si je suis énervé, je me retrouve encore à écouter du métal en hurlant. Si je veux une ambiance un peu romantique, je vais mettre du vieux Usher, un peu de R&B. Si j’ai besoin de pleurer, tu me trouveras en train d’écouter quelques chansons d’Adele sur les ruptures. Je ne m’inquiète jamais vraiment du genre, je veux juste pouvoir me déplacer librement.

 

Jamais de Teddy Swims ?

Non. Personne n’aime sa propre voix. Je ne sais pas si ce sentiment disparaît un jour, même quand tu aimes ta voix. Je ne sais pas. J’aimerais penser que peut-être Beyoncé aime sa voix.

 

Sur cet album, tu n’as collaboré avec personne, c’était pour le garder personnel ?

Oui, je pense que j’avais quelque chose à dire, à exprimer. Je pense que c’était important, crucial même, pour ma première fois d’être authentique, de parler de moi et de vivre une expérience vulnérable et honnête.

 

Prochain album, intimidant ou excitant ?

Qui sait. J’espère qu’il sera un peu plus apaisé, moins axé sur les chagrins d’amour, mais je suppose que cela dépendra de ma situation à ce moment-là.