Elle nous avait chanté ‘une femme à la peau bleue’, aujourd’hui Vendredi sur Mer nous chante la femme en général et plus précisément l’amoureuse. Bercé par son chanté- parlé, marque de fabrique de la Suissesse, on se laisse susurrer à l’oreille des histoires de coeur qui nous font sourire, pleurer et rougir parfois. Avec Premiers émois, son 1er album qui sort aujourd’hui, la narratrice roule autant de pelles qu’elle se prend des râteaux mais ne renonce jamais à bâtir ses châteaux en Espagne. 

On a vraiment découvert l’univers french pop singulier et diablement moderne de Charline Mignot AKA Vendredi sur Mer notamment avec son titre « Les Filles Désirs » (extrait de son EP Marée Basse, produit par Lewis OfMan du label Profil de Face) qui a marqué les esprits, titre chanté-parlé librement inspiré de l’univers rap et qui sera joué lors d’un défilé Sonia Rykiel pour la fashion Week 2017 : le clip a été visionné plus de 2,5 millions de fois sur youtube !

Sur la pochette de ton album tu joues la Vénus de Botticelli cheveux au vent. L’image annonce la teinte de Premiers émois , une féminité qui parle à tout le monde? 

Dans ce tableau il y a effectivement cette femme nue qui représente toutes les femmes. Elle incarne toutes les amoureuses de cet album, toutes nos histoires communes. C’est un projet universellement intime. Aux côtés de la Vénus, il y a aussi des personnages très tranchants alors que elle, est plutôt délicate. Ce contraste s’apparente bien à ma musique, quelque chose de doux et de tranchant dans les mots que j’utilise. 

Dans cet album tu es sans cesse en mouvement, tu conjugues tes histoires à tous les temps. C’est le côté insaisissable des moments amoureux qui t’a aidé à écrire l’album ? 

Oui, j’écris ce que je ressens, ce que je vis ou ce que j’ai vécu. Ce que je fantasme parfois. C’est un slalom.  On part de la candeur, l’adolescente à l’arrière d’un scooter enlaçant son copain à la dernière chanson qui est une ouverture vers la suite, quelque chose de plus sensuel, de très femme, d’érotique. 

Dans les titres « L’histoire sans fin » et « Chewing-gum », il y a en effet quelque chose de très candide, d’addictif. L’amour comme un bonbon que l’on veut mâcher encore et encore ? 

Oui mais il ne faut pas le voir comme quelque chose de négatif, l’amour est fait en dents de scie. Il ne faut pas avoir peur de lui, de son côté sucré et rose et de son deuil, la rupture. Il n’y a pas de barrière à ce mettre. Cet album c’est une sorte de petite thérapie que j’ai finie, je la range et j’en recommencerai surement une autre plus tard. 

Ça te tenait vraiment à coeur de parler de ce thème, l’amour? 

Je ne sais pas parler d’autre chose pour le moment. En tout cas c’est ce qui me viens directement. J’ai essayé d’écrire sur autre chose mais ce n’était pas le moment. Pour l’instant c’est malheureusement l’amour qui me tourmente le plus (rires).

Il y a dans la musique de Premier émois un fond sonore qui rappelle les vieux films d’amour mielleux comme La Boum. 

J’ai des inspirations qui sont assez diverses, j’aime travailler mes chansons comme des courts métrage. Il y a une ambiance dans les films des années 70- 80 qui est assez folle. En préparant l’album avec Lewis OfMan, on s’est imprégné des musiques de Vladimir Cosma qui a fait la bande originale de La Boum, de Philippe Sarde pour Les Choses de la vie… Mais des films plus récents, d’auteurs, comme ceux de Maïwenn ou d’Emmanuelle Bercot où il y a une tension entre haine et amour me bouleversent aussi.

Tu es quelqu’un de très visuel aussi, tu es passionnée de photographie. Est-ce que la photo et la musique c’est un peu la même chose au final, capturer un moment et pouvoir le dire, le monter encore et encore ? 

Une photo c’est un moment figé,  éternel. Une chanson c’est pareil, ça répond à une époque, à un moment de notre vie mais c’est finalement intemporel . Faire de la photographie avant m’a aidé à savoir où je voulais aller dans la musique.

Dans ton récent clip « Ecoute chérie », tu présentes un amour très libre, sensuel, un choix osé que tu as appréhendé ? 

Je pense que depuis le début c’est assez clair que j’en ai rien à faire de ce que vont penser les autres. J’ai travaillé avec Alice Kong pour les trois premiers clips, je lui ai laissé carte blanche et c’est vraie que c’est un peu sa patte à elle. Il faut absolument que des personnes s’embrassent au minimum une fois (rires). Elle a fait même mieux que ce que j’avais en tête. De toute façon en écoutant les chansons de l’album on ne peut que réunir deux personnes.

Dans ton univers en général, il y a quelque chose de très sensuel. Quand on entend ta musique on a l’impression de coller notre oreille à coquillage et écouter une histoire que tu nous susurres. 

Le terme ‘susurrer’ revient souvent. J’aime le chanté-parlé car les mots sont vraiment à nu, on n’est pas caché derrière une mélodie.

Justement comment as-tu réussi à adopter cette intonation envoûtante, tu t’entraînes à lire tes textes à haute voix ? 

Non c’est drôle puisque même à l’école j’étais la dernière à vouloir faire la lecture. Bien que j’adorais le français, j’avais d’ailleurs une prof géniale dans cette matière . Je lui ai donné des petites nouvelles que j’écrivais et c’est la première personne à m’avoir dit que c’était incroyable et que je devais persévérer dans cette voie. C’était mon mentor à cette époque, elle avait une façon de s’exprimer qui était exceptionnelle, tout le monde l’écoutait, même les cancres. C’est quelqu’un qui a marqué ma musique et qui m’a donné envie d’en faire.

Faut- il avoir peur de dire je t’aime? 

C’est difficile à dire, c’est une phrase qui demande une suite. La chanson « Je t’aime trop tôt » résume bien la situation. Est-ce que c’est le bon moment ? Simple flirt ou plus ?  C’est justement  ce moment de flottement qui est beau. Il ne faut pas avoir peur de la découverte, de l’après « Je t’aime ».


Vendredi sur Mer : Premiers émois (label Profil de Face)

disponible en CD, Double Vinyle blanc Gatefold et Double Vinyle transparent Gatefold édition spéciale Fnac

tracklist :
1 J’aimerais 2:57
2 Écoute Chérie 3:45
3 Mon chagrin 3:39
4 La nuit 2:52
5 Toi moi pas nous 3:15
6 L’histoire sans fin 2:46
7 Chewing-Gum 4:27
8 Larme à gauche 2:56
9 Dolan 4:12
10 Je t’aime trop tôt 3:25
11 Laisse-moi 2:29
12 La femme à la peau bleue 3:27
13 Encore 3:17

 

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