Surtout pour ceux qui regardent de loin, la mode semble n’être qu’un perpétuel renouvellement, avec des shows qui semblent tous se ressembler ou faire écho à des tendances déjà observées. Il est de plus en plus difficile d’être impressionné mais en réalité, la mode est-elle devenue barbante ou ne porte-t-on pas attention aux marques qu’il faut ?

Voici une petite rétrospective sur cinq des shows les plus intéressants de 2023.

 

 

  • Issey Miyake, FW23

Défilé Issey Miyake, Automne-Hiver 2023 (Tagwalk).

 

Issey Miyake n’a jamais souhaité se conformer. Une fois de plus, la maison aux origines japonaises a su redéfinir la silhouette féminine, à une époque où l’on a l’impression que tout a déjà été exploré. Miyake parvient pour autant encore à nous surprendre, notamment avec ses formes, motifs et couleurs.

Dans un cadre idyllique aux jeux de lumières immaculés au Théâtre du Châtelet de Paris, la collection Square and Beyond dévoilait des looks avec une étude inédite de la silhouette féminine, une large gamme de couleurs, et un travail de la texture digne de la maison.

Courbes et pointes, rayures et colorblocks, chapeaux aux formes nouvelles défilaient sous le rythme Canto Ostinato de Simeon ten Holt, interprété en direct par les marimbas du Trio SR9.

 

 

  • Avavav, SS24

Défilé Avavav, Printemps-Eté 2024 (Vogue Runway).

 

Presque impossible de ne pas l’avoir vu passer. Pour sa première fois à la Fashion Week de Milan, la marque Avavav a su marquer le coup. Le maitre mot du show : le retard.

« No time to design. No time to explain » ; des mannequins qui accourent sur le catwalk en enfilant encore les vêtements, des make-up et hairstyles dégoulinants pour imiter des visages transpirants… bref, un show aux antipodes de ce que les maisons souhaitent habituellement montrer, à savoir l’impression d’un manque total de préparation. Mais attention, malgré le réalisme de la mise en scène, tout est prévu et calculé au millimètre près.

Fondée en 2020, Avavav a toujours su prendre des directions créatives novatrices et étonnantes. Sous la direction de Beate Karlsson, elle remet alors en question une dimension de sérieux, voire presque solennelle généralement observée lors des shows, en intégrant humour et liberté créative à ses présentations. Peut-être a-t-elle tout compris du nouveau public des marques de mode d’aujourd’hui : la Gen Z.

 

 

  • Louis Vuitton, SS24

Défilé Louis Vuitton, Printemps-Eté 2024.

 

Quoi qu’on en dise, l’arrivée de Pharrell Williams à la tête de la direction artistique de Louis Vuitton a représenté un évènement à ne pas rater en 2023. Son défilé pour la collection Prêt-à-porter masculin Printemps/Eté 2024 a donc été l’un des show les plus attendus de l’année.

Succédant à Virgil Abloh, Pharrell était attendu au tournant depuis l’annonce de sa prise de fonctions, et il faut dire qu’il n’a pas laisser cet évènement passer inaperçu.

Le choix du lieu ? Le réputé Pont Neuf à Paris. C’était alors l’occasion parfaite pour rassembler la crème de la crème sur le frontrow du défilé, venue pour célébrer cette nouvelle ère : on retrouve alors nos habitués avec d’un côté Tyler, The Creator, Zendaya ou encore Naomi Campbell… mais pas que. Rarement repérées à ce type d’événements depuis ces dernières années, on a aussi pu être graciés par la présence de personnalités de la A-List telles que Beyoncé et Jay-Z, Rihanna et ASAP Rocky, Lebron James, Lenny Kravitz et bien d’autres. L’ambiance battait son plein, rythmée par une chorale et quelques vocalises des plus grands artistes sur place.

Sur le podium, la maison arborait des silhouettes riches et complexes. Un juste milieu entre le formal wear et le casual, avec un mélange de cravate et tailoring, des bermudas et pièces en mailles. Arborant dans les détails, des associations de matières, des motifs damier et camouflage, le tout avec une palette de couleurs relativement sobre.

Un style qui crie Pharrell Williams, sans pour autant qu’on ne perde l’essence de la maison Louis Vuitton.

 

 

  • Markgong, SS24

Défilé Markgong, Printemps-Eté 2024 (Vogue Runway).

 

En plein dans le style « office chic » à la Sex & the City, le créateur Mark Gong a cherché à retranscrire son amour pour les femmes à travers ce qu’il appelle la « Gong Girl ».

Portiques de sécurité sur le runway et looks au comble du cliché de la « working girl », Markgong a offert un show mettant en scène une version glamourisé de la vie en entreprise en plein New-York City.

Il faut dire les choses, on est ici loin d’une critique du capitalisme dans les pays occidentaux ; pour autant, ce défilé s’instaure dans le même vent que le mouvement Barbiecore observé cette année dernière avec la sortie du film Barbie. Nous sommes ici entre représentation de la confiance en soi et illustration d’une féminité performative, avec une collection qui a pour but d’inspirer les femmes dans « leur besoin de s’exprimer ».

Que l’on approuve ou pas, l’aspect scénographique novateur est indéniable et le show permet d’ouvrir un débat phare : qu’est-ce que les femmes veulent réellement dans la mode d’aujourd’hui ?

 

  • Coperni, FW23

Défilé Coperni Automne-Hiver 2023 (Getty Image).

 

Confrontation entre l’humain et la machine, le défilé Coperni pour sa collection Femme Automne/Hiver 2023-2024 semblait tout droit sortie d’un film dystopique. Oui, les modèles présentant la collection de la marque ont alors partagé la vedette avec des chiens-robots, ceux-ci représentant l’avènement de la technologie et la crainte de l’Homme face à celui-ci. Ce sont les deux créateurs Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant qui sont à l’origine de ce scénario, inspiré par le poème de La Fontaine, Le Loup et l’Agneau.

On le comprend alors, ce sont les chiens-robots qui jouaient ici le rôle des « loups », s’attaquant aux vêtements des agneaux, les mannequins. La représentation semble d’autant plus marquante, en observant la mise en opposition de ces jeunes femmes, minces, presque fragiles, face aux corps froids et mécaniques de ces nouvelles technologies.

C’est de là que nait ce moment iconique, avec Rianne Van Rompaey se voyant subtilisée sa veste par un de ces robots, à l’image d’un agneau en position de faiblesse.