C’est aujourd’hui que sort en salle le nouveau film de Noam Baumbach. Après nous avoir régalés de Frances Ha, le réalisateur américain revient avec ‘Mistress America‘, deuxième comédie co-écrite avec Greta Gerwig, pour une nouvelle réflexion sur le passage à l’âge adulte, avec humour assurément.

Dans ses films, Baumbach aiment représenter les New-yorkais, quintessence de l’Amérique intellectuelle souffrant du syndrome de Peter Pan. Un refus de grandir qu’on retrouve souvent dans ses dernièrs films. Dans Frances Ha, Greta Gerwig interprète une jeune danseuse qui doit trouver un nouvel équilibre de vie après que sa meilleure amie et colocataire ait décidé d’emménager avec son copain. Le film en noir et blanc sortie en 2012 fut l’un des plus plébiscité par la critique et largement salué par le public. Baumbach film comme personne ces moments d’entrée dans le monde adulte, où les personnes atteignant la trentaine sont partagées entre un refus de grandir et une envie d’avancer. Dans Mistress America, le personnage interprété par Gerwig s’interrogera même sur : 


“comment chaque année qui passe semble plus rapide…
 Parce que c’est une partie plus petite de votre vie totale”.

C’est ce que le réalisateur avait de nouveau tenté avec While we were young, comédie dans laquelle un couple d’une quarantaine d’années, interprété par Ben Stiller et Naomi Watts commence à trainer avec un couple ayant la vingtaine (Adam Driver et Amanda Seyfried), leur enviant leur vitalité et créativité au point de vouloir se refaire une deuxième jeunesse. 

Mistress America n’échappe pas à cette règle, on y retrouve des personnages en quête de ce que nous a vendu toute notre adolescence comme étant la vie. Quid de l’effervescence universitaire ? Du grand amour ?  En partant à la recherche de leurs rêves et en poursuivant leurs excentricités les plus folles, le duo mené par Greta Gerwig et Lola Kirke (petite soeur de Jemima Kirke qui interprète Jessa dans la série Girls) explore des thèmes chers à Baumbach tels que la fin de l’adolescence (repoussée souvent à la trentaine pour les New-yorkais), l’amitié entre femmes, la valeur de l’échec, l’amour, les peurs d’une génération… Dans le film, Kirke interprète Tracy Fishko, une étudiante de l’université St.Bernard rêvant de devenir écrivain, qui a du mal à trouver sa place, se faire des amis. Sa mère la pousse alors à rencontrer sa future demi-sœur Brooke Cardinas (Greta Gerwig) de douze ans son aînée et installée elle-aussi à New-York. Entre admiration et envie, Tracy suivra Brooke à travers New-York et le Connecticut pour l’aider à ouvrir son restaurant.

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Dans ces trois derniers films France HaWhile We We’re Young et Mistress AmericaBaumbach parvient à ne jamais porter de jugements négatifs sur ces personnages aussi insensibles, menteurs, traîtres peuvent-ils être. Car la particularité de ces personnages est qu’ils restent eux-mêmes, autant dans leurs défauts que dans leurs qualités et c’est ce qui les rend aussi crédibles. Chacun de ces films se construit sur une dualité, Frances et Sophie, Josh et Jamie (While we were Young) et enfin Brooke et Tracy, et ces dualités complètent et orientent les personnages dans leurs actes. 

« Pour une rupture amoureuse, il y a des millions de chansons, c’est comme si le monde entier vous disait « Oui, c’est dur ». Mais quand on s’éloigne de sa meilleure amie il n’y a rien, il n’y a pas de mot…» 

Expliquait Gerwig au sujet de Frances Ha. La logique s’applique à Mistress America, qui raconte avec humour et, quelques maladresses, comment on peut gagner ou perdre une sœur. 

Ce qui fait de Mistress America un film à voir absolument – oui oui- hormis le jeu impeccable de Gerwig et Kirke,  l’esthétique réaliste et proche de Woody Allen de Baumbach, et la subtilité des rapports entre les personnages, c’est avant tout les dialogues. Entre théâtralité ironique – lorsque que Brooke accueille Tracy en haut des marches du Duffy Square – et répliques bientôt cultes “Tromper n’existe pas à 18 ans”, ce long-métrage nous donne cette petite dose de “joie mélancolique” qui nous avait tant manqué depuis Frances Ha.

Mistress America de Noam Baumbach
En salle dès aujourd’hui