Sa première édition date de 1997, Hervé André-Benoit alors encore étudiant à l’école de commerce Montpellier Business School lance la première édition du FISE (Festival International des Sports Extrêmes). Il revient sur ses 25 années de festival en nous présentant cette 25ᵉ édition du 25 au 29 mai 2022.

Nous sommes en 1997, à l’aube de la première édition du FISE, comment est née l’idée de créer un festival de culture urbaine et sports extrêmes ici à Montpellier ?

Hervé André-Benoit : “Tout part du fait que je suis moi-même passionné par ces sports-là depuis mes 7-8 ans. J’ai commencé par le BMX, ensuite je me suis essayé à la planche à voile. Je faisais aussi en parallèle du judo, un sport plus traditionnel avec des compétitions, et j’ai vraiment trouvé dans les sports extrêmes cette liberté. Ce sont des sports qui m’ont beaucoup apporté, justement sur ce principe de progrès, pour s’améliorer : il faut tomber, se relever. En 1995, je suis rentré dans cette école de commerce à Montpellier et comme projet de fin d’année, on devait monter un projet avec 2-3 copains pour valider notre année. À partir de septembre 1996, on est parti au charbon pour essayer de trouver des sponsors, un lieu, regrouper des riders et crews qui essayent de se développer. Sachant qu’à cette époque, c’était assurément le creux de la vague pour ces sports, donc l’objectif était vraiment de relancer la visibilité de ces sports avec cette idée de transmettre et faire découvrir à un maximum de personnes et que ces disciplines restaient accessibles. Dès la première édition, on a eu la chance d’accueillir 20 à 30 000 personnes et les riders ont manifesté un réel engouement de la part des riders, ils ont compris le principe et les idées phares du FISE et c’est ce qui nous a donné la force de continuer pour les éditions suivantes.

Les trois dernières éditions du FISE avaient été annulées pour raison sanitaire. C’est quoi l’état d’esprit à quelques jours de ces retrouvailles ?

H A-B : ”Oui, en effet, ça fait 3 ans que le public, les riders n’ont pas pu se réunir. On est super heureux de pouvoir fêter le retour du FISE tous ensemble. Pour nous cette période de crise a été très déstabilisante, le cœur de notre entreprise, c’est de travailler dur toute l’année pour justement avoir cette rencontre en fin de parcours. C’est ce qui nous anime tout au long de l’année. C’est une consécration pour tout le monde de refaire l’événement cette année, recréer cette alchimie, on sait que cette édition est vraiment très attendue par les fans et les riders. On sait que depuis fin janvier que l’événement allait réellement se dérouler, on a eu de grosses difficultés à impliquer des partenaires en si peu de temps. C’est vraiment indispensable pour notre équipe de réunir la scène internationale de toutes ces disciplines et continuer à influencer à notre manière.” 

Qu’est-ce que le public vient chercher en venant au FISE ?

H A-B : “On a bien évidemment des connaisseurs, des aficionados et c’est ce qui fait la magie du festival. Un grand nombre des gens présents vont reconnaître les riders chacun possède son chouchou. Ce qui est important au FISE c’est le F de festival et c’est ce qu’on essaye de recréer depuis 25 ans. Ce ne sont pas des compétitions classiques comme une coupe de football, nous c’est réellement l’expérience totale au sein de ces sports qu’on essaye de mettre en avant. C’est aussi des compétitions amateurs avec un très gros niveau et je pense que cette année, il va y avoir de bonnes surprises, en trois ans, il y a beaucoup de riders qui ont mûri. Il y a aussi des initiations gratuites durant ces 5 jours, ce qu’on veut vraiment, c’est que le public soit acteur. C’est un événement gratuit, c’est l’un des seuls au monde qui propose ce genre de spectacles et des infrastructures de qualité. Ce qui fait aussi le FISE c’est ce mélange, les pros se mêlent aux amateurs, il y a une vraie osmose et un partage. Ce sont les ingrédients qu’on essaie d’alimenter chaque année. Même si nos sports sont devenus olympiques, le but du FISE est de pouvoir conserver l’ADN de ces sports qui sont des passions à la base et non des sports de compétition, des sports qui se pratiquent entre potes. Le FISE doit être présent chaque année pour rappeler ces fondamentaux.” 

Plus les années passent, plus les disciplines sont reconnues notamment aux jeux olympiques avec l’entrée récente du breakdance, est-ce que l’on peut considérer le FISE comme une large vitrine pour ces “nouvelles” disciplines ?

H A-B : “J’en suis convaincu en effet, on a œuvré pour l’entrée de ces disciplines aux jeux olympiques. Si on se permet de comparer le FISE aux J.O, c’est un peu similaire, c’est un événement multisport, multi fédérations avec l’UCI (BMX), la World Skate pour le skateboard, la trottinette et le roller, la fédération international de gym pour le parkour, celle de danse pour le breaking. À part les jeux olympiques, il n’y a aucune autre compétition qui réunit toutes ces fédérations ensemble. Nous, quand on a commencé en 1997, c’était même anti fédérations. On a dû amener auprès des riders des garanties que leurs sports ne perdraient pas leurs âmes en s’associant avec les fédérations. Pour moi il faut que ce soit les médias et les sponsors au service de nos sponsors et non l’inverse et il est important de conserver ce schéma si on veut garder cet ADN-là. C’est cette liberté aussi que les jeunes viennent chercher dans nos sports, ils ont envie de se faire plaisir sans trop de règles, c’est du freestyle, du free ride, la liberté est l’essence même de ces sports, c’est un fondamental qu’il faut conserver pour les prochaines générations qui veulent essayer ces disciplines. Aujourd’hui un Logan Martin qui gagne les jeux olympiques en BMX, pour moi a pas moins de mérite qu’un Mbappé ou à d’autres joueurs de football ou de tennis alors qu’ils sont payés 1000 fois moins justement. A nous d’essayer de convaincre les gros médias et de faire du bruit pour équilibrer les disciplines à l’antenne ou dans les journaux. Ce sont des sports qui sont populaires, ce ne sont pas des sports de niche, ce n’est pas un phénomène de mode, c’est ancré dans la culture sportive. Ce qui est certain, c’est qu’une fois qu’on est passionné par ces sports-là, on ne décroche pas !” 

Comment sont réparties les tâches pour l’organisation d’un si gros événement ? Combien de personnes y a-t-il derrière ?

H A-B : “Aujourd’hui, le but de notre société Hurricane est d’organiser des événements dans le monde entier pour promouvoir la culture urbaine. Hurricane c’est 80 salariés en France avec une branche en Chine et au Japon tout en essayant d’avoir des antennes en Australie et aux États-Unis également. On a réussi à créer un modèle économique viable en créant autour du FISE Montpellier des activités qui viennent s’imbriquer dans l’organisation du FISE. Un exemple concret avec Hurricane Parks, dès 1998, on a développé cette société fabricante de skate park, comment faire évoluer les modules, écouter les riders. Des tests sont effectués avant les compétitions pour savoir quels modules fonctionnent le mieux, c’est toute une recherche là-dessus, mais aujourd’hui ça nous permet de vendre des skate parks. On a été notamment le prestataire pour les J.O. L’ambition que j’ai n’est pas de gagner des millions à la fin de l’année, mais d’essayer d’équilibrer pour que le FISE reste un événement gratuit.”

Comment se passe la sélection des artistes musicaux, il y a une volonté de faire découvrir de jeunes talents grâce à la plateforme Radar ?

H A-B : “Radar, le groupe Heineken, c’est un de nos partenaires historiques qui nous fait confiance depuis des années, ils ont bien compris que l’impact du FISE était très fort. Aujourd’hui, il y a plein de gens, lorsqu’ils boivent une Despe, ça leur rappelle le FISE. C’est le même schéma qu’on applique pour la musique, ce n’est pas que les pros qui nous intéressent, au contraire on va essayer de mettre en avant des jeunes talents. On a de la chance de collaborer avec Radar qui nous apportent une expertise et surtout, on partage avec eux cette même vision de permettre à des jeunes, des passionnés de progressivement pouvoir vivre de leur passion.”

Quel est votre meilleur souvenir du FISE ?

H A-B : “Ce sont surtout les débuts qui m’ont marqués, moi j’étais un passionné de glisse, j’avais des posters des plus gros riders du monde dans ma chambre. Donc quand il faut passer de l’autre côté et être professionnel avec eux, c’est quelque chose de magique. Quand on rencontre ces gens et qu’ils nous encouragent en disant que le festival est génial pour nos sports, ce sont les plus beaux souvenirs et la plus belle des reconnaissances. L’engouement de la foule pendant les finales aussi, la chaleur que ça dégage, c’est ce qui fait qu’après une édition, on repart bosser durant un an pour donner le meilleur pour l’édition suivante !” 

FISE Montpellier du 25 au 29 mai

Toutes les infos sur le site : https://www.fise.fr/fr