Suite et fin de notre saga Remix Story.
Après avoir connu la grande période des versions longues ou extended, il n’a pas fallu longtemps avant que des « bidouilleurs » – à l’orée des 80’s et de l’arrivée de la musique électronique – n’aient l’idée de modifier eux-mêmes les morceaux originaux pour les revisiter à leur sauce. Notamment sous l’impulsion de la scène club, en demande constante de nouveauté.
Prenons par exemple toute la vague club hi-nrg avec un des tubes du genre par Miquel Brown, So Many Men, So Little Time (1984), avec une version ‘radio’ de 3min20 et une version ‘club’ qui flirte avec les 8 minutes ! Rebelote l’année suivante avec le ‘one hit wonder’ Fake et son imparable « Brick » : version radio et version remix ‘dance’ mais aussi des versions beaucoup plus déjantée comme ce remix alternatif incluant des parties de musiques classiques emprunté au contemporain…Le phénomène va perdurer pendant plus d’une décade au gré des modes club, surtout dance, mais aussi new wave. Et que penser de cette incroyable version ‘US Remix’ du cultissime Such a shame du groupe Talk Talk qui excède les 13 minutes !
Mais la donne va changer avec l’arrivée de la house music, issue notamment de Chicago, qui va induire une nouvelle culture DJ – avec des labels emblématiques comme Trax Records – ensuite récupérée et réinventée par la scène belge (New Beat, Acid House et consort). En parallèle, l’Angleterre, et surtout Manchester et son club emblématique l’Hacienda, inventent un nouveau son club avec le label Factory et un groupe emblématique : New Order (né sur les cendres de feu Joy Division). Après des débuts indie, New Order s’oriente vers un son plus club sous l’impulsion, entre autres, du DJ et producteur Arthur Baker (à qui l’on doit entre autre l’hymne FREEZ « I.O.U ». Avec le mythique Blue Monday, paru en 1983, puis remixé en 1988 et 1995, le groupe signe le maxi (disque vinyl club) le plus vendu de tous les temps.
En parallèle, une starlette fait les yeux doux à la scène underground club new yorkaise et se fera produire son premier album par la crème des producteurs de l’époque comme John ‘Jellybean’ Benitez mais aussi le DJ Mark Kamins, résident du club en vogue Danceteria. Cela donnera lieu aux deux premier tubes de Madonna, Holiday et Everybody. La suite, tout le monde la connaît. La nouvelle star ira même jusqu’à publier un album complet de remixes club intitulé You Can Dance en 1987.
Mais c’est en 1995 qu’un des godfathers de la house music dénommé Todd Terry va remixer un titre signé d’un duo dont la musique est bien loin de la scène club : Everything But The Girl. Sa version de Missing (like the desert miss the rain) deviendra un morceau culte de manière quasi immédiate, mettant tous les publics d’accord et redorant du même coup le blason de la scène house. Le duo se lancera ensuite dans diverses expérimentations comme Wrong ou Walking
L’année suivante, un autre DJ américain dénommé Armand Van Helden va faire un coup d’éclat. Son remix du Professional Widow de Tori Amos va littéralement exploser et éclipser la version originale jusqu’à dépasser la sphère club pour gagner les radios et la télévision, cette dernière diffusant en boucle la version remixée. A la suite de cela, les cachets demandés par les remixeurs vont s’envoler jusqu’à atteindre des fortunes ! L’italien Mauro Ferrucci, producteur dance italien, remixera le titre King Of My Castle des Wamdue Kids et en fera l’un des tubes de l’année 1999.
Même le hip hop US se fait remixer : on peut citer le Check Yo Self de Ice Cube ou encore l’extended remix de Jump de Kriss Kross comme exemples. Les remix dans le hip hop sont légions, la culture remix fait partie intégrante de la culture hip hop et le scratch en est le roi.
En 2007 ce sont les DJ/producteurs Freemasons qui redonnent une nouvelle jeunesse au titre Work de l’ex-Destiny’s Child Kelly Rowland, et placent le titre à la tête des charts en Angleterre. Ils revisiteront également moults autres titres pop comme Wonderful Life de Hurts ou encore Beautiful Liar de Beyoncé et Shakira.
Le DJ Seamus Haji donnera aussi le désormais tube club culte Overpowered à Roisin Murphy. Des stars de la pop comme Madonna, Britney Spears, Katy Perry ou Lady Gaga n’arrêteront plus de lancer une poignée de remixes divers et variés à chacun de leur singles et des DJ/remixeurs comme Dave Audé (comme Armand Van Helden en son temps) deviendront les stars du genre. On pense bien sûr au Poker Face de Lady Gaga, mais Dave Audé a également apposé son sceau sur les remixes du S&M de Rihanna et du Single Ladies de Beyoncé.
Nouvelle venue, l’artiste Lana Del Rey utilisera le remix de manière quasi virale pour exciter la toile et s’arroger les faveur de l’underground : son Blue Jeans aura de multiples versions dont une signée Gesaffelstein. Quand au frenchy Woodkid, il fera remixer son emblématique Iron par le tandem Gucci Vump (aka Brodinski et Guillaume Brière de The Shoes) pour un résultat des plus brillant . En 2011, la suédoise Lykke Li connaîtra un retentissement international pour sa musique mais aussi pour le remix de sa chanson I Follow Rivers par The Magician, ex. moitié du duo belge Aeroplane. Le titre est depuis devenu un véritable hymne.
Les derniers DJs/Remixers en vogue sont Duke Dumont, Hot Since 82, Tensnake ou encore Flume, sans oublier le duo anglais qui a remis la culture clubbing au goût du jour, j’ai nommé Disclosure !
Vous l’aurez compris, le remix a encore de très beaux jours devant lui et vous n’êtes pas prêt d’en voir la fin.
[nivoslider id=”14639″]Par Joss Danjean