Modzik suit Joanna depuis ses débuts en 2018 avec son premier single vidéo « Séduction ». Après de nombreux singles et vidéos marquantes, la jeune rennaise vient de publier son tout premier album Sérotonine qui évoque sans détours les différentes étapes d’une relation, des premiers émois jusqu’à la rupture (douloureuse) et la reconstruction ou la rédemption, sur des mélopées à la fois pop et urbaines.

 

LA COVER DIGITALE

 

LE SHOOTING

CRÉDITS PHOTO :
CHEF DE PROJET / COORDINATION
Lara Lopez –  PHOTOGRAPHE Justino Esteves – ASSISTANT PHOTOGRAPHE : Fred Praca – STYLISTE : Bénédicte Kaluvangimoko – ASSISTANTE STYLISTE : Clothilde Deaudon-Ménard – HAIR / MAKE UP Odile Jimenez

 

RHYTHM. BY MODZIK SHOW

CRÉDITS VIDÉO : 
DIRECTION ARTISTIQUE / RÉALISATION Marion Morin – PRODUCTION / IMAGE Sébastien Joubert – ASSISTANT IMAGES / LUMIÈRES : Elijah Regent – RÉGIE PLATEAU : Vincent Tauzin – CAPTATION / MIXAGE : Nicolas Panier – SCÉNOGRAPHIE / SET DESIGN : GOUDstudio

CRÉDITS MODE :
Top et pantalon : Mugler – Veste : Andrea Crews – Chaussures : Vaillant Studio – Boucles d’oreilles : Gregory Assad

L’INTERVIEW

Peux-tu nous parler de ton parcours ?

J’ai commencé par faire du piano quand j’étais petite, j’ai toujours fait de la musique en fait mais j’ai commencé par le classique. Ensuite j’ai été beaucoup bercée par la pop, les compiles années 80, Mylène Farmer etc… Et lorsque j’ai commencé à avoir mes propres goûts musicaux je me suis mise à écouter des trucs archi pop comme Lady Gaga, Katy Perry, Lana Del Rey. Ce sont des artistes qui m’ont donné envie de chanter tout simplement. Avec mes connaissances en classique, je suis mise à faire des reprises au piano. La musique a toujours été là mais je ne pensais pas que c’était possible pour moi. Moi je viens de la compagne alors je n’avais aucun artiste comme modèle dans mon entourage. Mes parents voulaient que je fasse du droit ou des choses de ce genre. Moi je voulais faire quelque chose d’artistique comme la mode, le design.. J’ai eu quelques années de doute et j’ai entendu parler d’une association cinéma à Rennes et je suis rentrée en section cinéma en 1ère au lycée. J’ai découvert la vidéo. J’étais fascinée par les clips. À partir de ce moment là j’ai commencé à analyser les films et à être vraiment passionnée. En parallèle la musique était toujours là. Au début je n’avais que mon piano mais en côtoyant le collectif Columbine, j’ai acheté un micro, une carte son et à partir de là je me suis dit que c’était vraiment ça que je voulais faire. En parallèle j’ai utilisé mes compétences de réalisation et tout ce que j’avais appris en cinéma pour réaliser mon propre clip et c’est comme ça qu’est né « Séduction », mon premier morceau en français et mon premier clip.

Le succès de “Séduction” a été immédiat : comment expliques-tu cela ?

Complètement, c’est fou et pourtant Columbine a partagé et c’est tout. Je pense que ce qu’il s’est passé c’est que dans le paysage francophone féminin, il n’y avait que Vendredi Sur Mer et Angèle qui commençaient à arriver. Il y avait un petit vide dans cette case et c’était un peu nouveau je pense. Suite à ça j’ai été contacté par des maisons de disques et tout a pris de l’ampleur.

Depuis tu fais tes propres maquettes ?

Je me suis mise à Ableton, j’avoue que je ne suis pas hyper forte mais suffisamment pour faire des maquettes correctes.

Comment composes-tu ?

Jusqu’à aujourd’hui j’ai des prods en stock et le soir lorsque j’ai besoin de m’exprimer sur un sujet, je prends mon micro et je fais un peu de freestyle. Cela survient le plus souvent quand je n’ai pas trouvé de satisfaction dans la vraie vie, dans le quotidien avec les gens, dans les interactions, lorsqu’il y a des choses qui me révoltent, souvent cela naît d’un sentiment de frustration ou d’incompréhension. Maintenant c’est un peu moins instinctif c’est plus technique. Parfois je commence la prod je l’envoie à quelqu’un qui la termine, en parallèle j’écris un peu… En ce moment j’écris des poèmes qui me servent de points de départ. Dans l’album, « Démon » et « Goût de Fraise » qui sont des poèmes au départ. La plupart ce sont des pulsions d’écriture, j’ai besoin de la mélodie pour savoir quelle intention je vais mettre dans le texte.

Avec qui travailles-tu ?

Pour cet album j’ai travaillé avec quelqu’un qui s’appelle Sutus. Je l’ai rencontré à Rennes à la fac en Histoire de l’art, il faisait des prods et je venais de sortir « Séduction » : la première fois qu’on a fait une session c’était une alchimie directe. C’est un peu mon âme soeur musicale, avec qui je peux tout faire et qui me pousse à aller au plus loin et qui comprend totalement là où je veux aller. C’est avec lui je travaille le plus mais je bosse aussi avec KCIV et Skuna, des beatmakers de Rennes qui ont travaillé avec Columbine, Youv Dee. Cela reste des gens très proches.

Tu abordes des sujets dont les autres artistes féminines ne parlent pas ou peu…

Ma première chanson parle de l’attirance pour une femme quand on est une femme. Tout ce qui est tabou, c’est quelque chose que je ne comprends pas en fait. La musique c’est fait pour s’exprimer ; c’est pour que les gens s’identifient. Quand je fais une chanson le but c’est que les gens se reconnaissent. Ce que j’aime dans la musique c’est d’avoir l’impression que l’artiste a dit ce que je n’avais pas réussi à formuler.

Ton public échange-t-il beaucoup avec toi?

Depuis le début je reçois beaucoup de messages qui me disent que je parle de ce qui les touche personnellement, qui se livrent à moi. Avant que je fasse l’album je répondais beaucoup aux gens et je me suis rendu compte que la plupart avaient besoin de parler, de mettre des mots sur les choses. Et depuis que l’album est sorti, pas mal de gens me remercient d’avoir évoqué tel ou tel sujet.

Depuis tes débuts tu associes toujours un son avec de l’image

J’ai besoin de faire la musique et fermer la boucle avec le clip. Ce n’est pas vraiment une histoire de moyen : mon premier clip a dû me coûter 100 euros ! C’est juste l’histoire de trouver une certaine originalité et un bon concept. Par contre c’est du temps et du travail c’est vrai. Mes 4 premiers clips « Séduction », « Oasis », « Vénus » et « Pétasse » c’est moi qui les ai réalisés. J’adore la réalisation mais parfois certaines chansons ne me parlent pas comme « Maladie D’Amour » ou « Viseur ». J’étais contente de travailler avec les belges de BleuNuit pour ces clips.

Ce ne doit pas être facile d’être à la fois devant et derrière la caméra ?

Le dernier clip que j’ai réalisé c’est « Sur ton corps » : je ne suis pas dans le clip et cela m’a fait du bien car avoir les deux casquettes ce n’est pas facile. C’est un peu l’enfer de faire les deux à la fois.

Sérotonine est un album concept qui raconte les différentes étapes d’un relation : avais-tu prévu cela de longue date ?

En fait les choses se sont imbriquées en cours de route. Je voulais réaliser quelque chose que je ne trouvais pas dans le paysage musical français. Je n’ai pas pour autant fait de sound design très poussé mais il s’écoute d’une traite. Je trouve que l’industrie musicale n’est pas très créative. Aujourd’hui bien souvent les gens piochent quelques titres car les albums sont construits autour de 3 singles au lieu d’écouter des albums complets.

Comment est venu cette idée pour l’album ?

En fait cela correspond à ce que j’ai vécu, à ce que je vois autour de moi ou ce que l’on voit dans les films : on reproduit toujours le même schéma en fait : au début c’est super, après décadence et à la fin on s’en va avec de la rancoeur sans avoir su communiquer sur les vrais problèmes. Tout le monde dit que la communication c’est le plus important dans le couple mais au final les gens ne le font pas, en raison de leur égo, de la honte ou d’autres raisons. Moi-même j’ai cru que l’amour c’était recevoir de l’amour et attendre de l’amour alors que c’est se donner. On est nourris de clichés et de modèles qui ne sont pas du tout en adéquation avec notre époque en fait.

Ton disque est à la fois urbain et pop

L’écriture et la musicalité de Columbine ça m’a beaucoup confortée pour assumer ce que j’aime. Ma musique c’est mon ADN, c’est un mélange de rap français, de pop américaine, des années 80…

Lorsque tu écris, travailles-tu beaucoup les textes ?

En général quand j’écris je suis animée par une émotion et ça sort tout seul. Pour « Sérotonine » par exemple ça parle de jalousie et c’est que je ressentais le jour où j’allais au studio : c’est sorti d’un coup. Mais certains prennent du temps tout de même comme « Alerte Rouge » où j’étais dans l’égo-trip que j’ai finalement co-écrit avec Sutus.

Pourquoi un seul featuring avec Laylow sur l’album ?

En été 2019 j’avais rencontré son producteur, ils venaient de faire « Trinity » et du coup c’est Laylow qui est revenu vers moi surtout que je n’avais sorti que « Séduction » et « Oasis ». Ensuite j’ai sorti « Pétasse » dont il m’a fait un super commentaire et du coup j’avais le titre « Démons »  et il me fallait quelqu’un avec moi sur ce morceau là, je lui ai proposé il a dit : ça c’est fait hyper simplement en fait, sans calcul.

Peux-tu citer un album qui t’a marqué ?

Les albums de Kanye West en général : il incarne l’artiste à 100% et c’est beau. Je respecte aussi beaucoup son parcours.

Dernièrement tu as participé au projet « Shoot » de Sally avec quelques unes des filles les plus cool du Rap/RnB français, c’était comment ?

J’étais trop contente de mettre un pied en studio avec des filles, c’était trop bien. Et puis la vibe, le message, le clip tout était super ! En plus Sally, KANIS, Chilla, Vicky R sont toutes des artistes à suivre alors c’était trop cool d’en faire partie.

Quel est ton style de vêtement préféré ?

J’adore les longues robes blanches comme par exemple la robe de mariée retravaillée que l’on peut voir dans mon dernier clip “Sérotonine”.

Si tu devais te produire lors d’un défilé, pour qui aimerais-tu réaliser une performance  ?

À l’occasion d’un défilé Mugler ce serait canon !

Et si tu pouvais choisir une marque ou un designer pour tes vêtements de scène ?

J’adorerais porter du Vivienne Westwood sur scène !

JOANNA : Sérotonine (album)