Finaliste de La Voix (la version canadienne de The Voice) en 2013, la jeune montréalaise Charlotte Cardin a su se créer son univers pop attachant notamment à travers 2 EPs (Big Boy en 2016 et Main Girl en 2017). En 2018 elle reçoit 2 nominations pour les Juno Awards (l’équivalent de nos Victoires de la Musique) dans les catégories Découverte de L’année et Auteur(e)-compositeur(trice) de L’année pour “Main Girl”, “Paradise Motion” et “The Kids ». L’année suivante elle ouvre le 40ème Festival de Jazz de Montréal. C’est en septembre 2020 que sort le premier single de album « Passive Aggressive ». Et après plusieurs singles dont l’imparable « Meaningless », arrive aujourd’hui  Phoenix, un premier album au charme pop désarmant.

CREDITS :

Photographe : Justino Esteves
1er Assistant : Fred Praca

2nd assistant : Marine Pinard
Styliste : Charline Prat
MUA & coiffure : Omar Bouker
Journalistes : Joss Danjean & Juliette Laurens

Interview :

Un premier album c’est important : comment as-tu abordé ce projet ?

C’est un processus beaucoup plus long que ce que je m’étais imaginée. J’avais déjà sorti 2 EPs mais ma façon d’aborder l’écriture n’était pas très disciplinée et rigoureuse. Pour ce faire j’ai dû réapprendre à écrire la musique, aller en studio tous les jours, sans attendre que l’inspiration ne vienne. Ça a vraiment été une expérience super pour moi : avant j’écrivais toute seule et je me suis mise à co-écrire pour cet album.

Qu’est-ce qui relie selon toi les morceaux de Phoenix ?

Même si on est allé chercher des influences diverses entre pop, voire hip hop ou même regggaeton sur un titre, ce qui lie l’album ce sont les mélodies et la voix, une certaine simplicité de production en quelque sorte, sans trop surcharger d’arrangements.

Qu’est-ce qui te rend la plus fière sur cet album ?

C’est un album que j’ai fait en me libérant de ce que les gens pouvaient attendre de moi, c’est un album que j’ai fait pour moi, c’est un disque très personnel et cela me rend vraiment fière. J’ai beaucoup travaillé sur moi pour cet album et arrêté de vouloir combler certaines attentes. J’ai écouté ce dont j’avais envie vraiment, ce que je voulais montrer de moi et de représenter.

Avec qui as-tu travaillé pour façonner ta signature musicale ?

Avec mon manager et ami Jason Brando, c’est lui qui a fondé le label Cult Nation où j’ai signé à Montréal. C’est aussi lui qui a co-réalisé cet album et tous mes titres jusqu’à présent. C’est mon partenaire artistique et on a une relation qui va au delà du management.

Le piano est-il toujours ton meilleur ami lorsque tu composes ?

Oui pour tout ce qui est de l’ordre des balades pour le  coté organique mais j’ai beaucoup aimé composer en faisant des top lines sur des beats en collaboration avec des producteurs. J’aime aussi écrire à la guitare.

Quel regard portes-tu sur ton évolution musicale depuis tes débuts ?

Je suis très fière de la manière très organique dont ma carrière s’est déroulée jusqu’à présent car j’ai eu la chance de tourner beaucoup, de faire beaucoup de concerts au Canada, aux Etats-Unis et même Europe aussi, ça m’a permit de développer une assurance mais aussi des styles que je n’avais pas avant. Au départ j’avais peu de chansons donc on a fait des petites salles et aujourd’hui je fais des grandes salles au Canada. Mais au États-Unis cela reste encore des petites salles et les défis ne sont pas les mêmes . Autant conquérir un nouveau public de nouvelles villes que de charmer une énorme foule qui me connaît depuis un peu plus longtemps : j’ai eu la chance de vivre les deux en simultané tout au long de ma carrière ce qui est hyper stimulant, faisant de sorte que rien n’est jamais acquis parce qu’il y a toujours des défis à relever.

Avec des titres comme « Passive agressive » ou « Meaningless » : est-ce une façon de régler certains comptes ?

Certainement ! Écrire des chansons comme celles-ci c’est une très bonne thérapie même si les choses sont romancées ou exagérées. C’est un disque personnel et il y a beaucoup d’allusions à des vrais moments. Les paroles sont hyper proches de moi mais ce n’est pas forcément des règlements de compte. Ça fait quand même du bien de dire les quatre vérités à quelqu’un à travers une chanson.

As-tu un coté ‘Girl Power’ assumé ?

Oui carrément et au delà du fait d’être ‘féministe à fond’, tout le monde devrait croire en en l’égalité des sexes c’est la moindre des choses pour moi mais aussi travailler dans cette direction là pour que cela devienne une réalité. Tout le monde devrait être féministe car ça ne veut pas dire qu’on est contre les hommes, je l’ai expérimenté moi-même dans le domaine artistique mais ça devrait être le cas dans toutes les sphères professionnelles.

Te sens-tu à même d’envisager n’importe quel sujet dans tes chansons ?

Il n’y a pas vraiment de thèmes que je ne peux pas envisager et déjà dans mes chansons il y a des choses assez crues : par exemple je suis à même de parler de sexe sans tabou mais il est difficile de faire des chansons sur certains thèmes politiques. Dans mon album il y a une chanson (“Anyone Who Love Me”) qui traite de la pression qu’on peut ressentir quand on évolue dans un milieu très médiatisé : ça a été difficile pour moi d’écrire cette chanson-là tout restant dans un registre pop. Mais j’y travaille.

Publier un album sans pouvoir tourner en live, c’est un vrai challenge non ?

Oui vraiment car ces chansons là vont prendre vie et prendre tout leur sens lorsque je pourrai les partager avec un public. Alors je croise les doigts pour pouvoir tourner le plus vite possible. C’est un peu décevant car j’adore être sur scène et aller à la rencontre des gens.

Avec ton parcours actuel, que t’a apporté ta participation à The Voice d’après toi ?

Ça m’a apporté la capacité à gérer la pression : c’était ma première expérience professionnelle en musique, c’était stressant, il y avait des millions des gens qui m’écoutaient chaque semaine, pleins de caméras partout et c’était nouveau pour moi. Du coup faire des concerts après cela était devenu carrément plus agréable.

La mode pour toi est-ce un passe-temps, une obligation, une passion, une obsession peut-être … ?

C’est une passion mais j’adore surtout la mode depuis que je ne suis plus mannequin ! J’adore le fait de s’habiller pour raconter une histoire. Personnellement j’aime les pièces assez simples, bien coupées, les belles matières. Je préfère les pièces qui peuvent durer dans le temps et qu’on peut porter à nouveau ensuite plutôt que les tenues extravagantes qu’on ne porte qu’une seule fois.

Parmi les looks de ce shooting mode avec Modzik, quelle est ta tenue préférée et pourquoi ?

J’ai bien aimé le pull avec le jean baggy parce que je me sens bien dans ce genre de tenue.

Tes années de mannequinat te sont-elles utiles dans ta carrière d’artiste musicale ?

Je dirais une certaine assurance, je me sens à l’aise devant une caméra, parce que je l’ai fait pendant des années.

Quelle est la chanson que tu aurais aimé avoir écrite ?

Il y en a des millions mais celle auquel que je pense c’est « Landslide » de Fleetwood Mac et sinon toutes les chansons de Frank Ocean !

La plus belle chanson qui soit pour toi ?

« I wish i knew how it would feel to be free » de Nina Simone car c’est un sujet qui peu toucher tout le monde, on peut tous ressentir ça à un moment de notre vie.

Charlotte Cardin : Phoenix

Charlotte Cardin « Phoenix » tracklist :

1. Phoenix
2. Passive Aggressive
3. Anyone Wo Loves Me
4. Meaningless
5. Daddy
6. Sex To Me
7. Good Girl
8. Sad Girl
9. XOXO
10. Oceans
11. Sun Goes Down Buddy
12. Romeo
13. Je Quitte