Alors qu’il vient de publier son excellent 9ème album Domesticated (label Record Makers) où, après des opus aux thématiques aussi diverses que la politique, le sexualité ou encore la religion, cette fois Sébastien Tellier met un coup de projecteur inattendu sur notre vie quotidienne, un thème qui résonne d’autant que nous sommes en post-confinement. Et il nous livre une playlist des plus éclectique en présentant sa sélection de la manière suivante : « Les chansons qui seront sur mon autoradio sur la route des vacances! ». Tout un programme !
Entre ses albums studios ciselés aux thématiques à la fois précises et bien vues, ses collaborations de bon ton (MGMT, JM Jarre, Dita Von Teese…) et ses productions pour des BO de Films (Narco, Steak, Saint-Amour, Marie et les Naufragés…), nous on est littéralement fans de Sébastien Tellier, notre dandy crooner électronique, qu’il s’exprime en français, anglais ou italien. Son charisme ravageur fait mouche lors de ses prestations live. On adhère, on adore !
Retrouvez Sébastien Tellier sur la scène de La Cigale le mercredi 21 octobre 2020 à partir de 20h.
Quel morceau ou album t’a-t-il donné envie de faire de la musique ?
“Atome Heart Mother” de Pink Floyd. C’est un album que j’ai écouté religieusement tous les dimanches matins avec mon père. Pendant les morceaux, il me disait “Écoute là, il va y avoir un passage formidable” et tout ça.. Déjà l’album est hyper grandiloquent, et en plus mon père en rajoutait, il en faisait encore comme si c’était le plus grand chef d’oeuvre de tous les temps et il a fait en sorte que les Pink Floyd soient à mes yeux des dieux vivants, et ça a marché, j’y croyais ! Pour moi c’était carrément des surhommes, des super-héros. Je me suis vachement projeté dans David Gilmour, le guitariste de Pink Floyd, j’ai voulu longtemps longtemps être un peu comme lui, c’était longtemps un maître pour moi. Donc “Atome Heart Mother” c’est un album vraiment fondateur pour moi.
Quel est le morceau que tu aurais aimé composer/écrire ?
“Thriller” de Michael Jackson. J’ai l’impression que c’est le plus gros tube de tous les temps… Je n’en suis pas sûr, je n’ai jamais lu de chiffres à ce sujet, mais dans ma tête c’est le cas donc je pense que ça doit créer un torrent émotionnel hyper fort, on doit se sentir un peu surfer, au moins les années qui suivent, ça doit être une sensation sympa de faire un tel hit. Et je trouve que c’est vraiment très bien composé, que le riff de basse derrière est plus qu’entêtant, il est parfait. Et si on doit définir un refrain, c’est ça ! Dans le refrain de “Thriller” il y a tous les clichés du refrain parfaitement exécutés. J’aurais bien aimé faire “Thriller”…
Quel est ton titre fétiche ?
J’adore “Porque Te Vas”, la chanson espagnole de Jeanette. C’est une chanson qui a vraiment bercé mon enfance. Quand j’étais petit, on avait une coccinelle orange et je me souviens qu’on écoutait “Porque Te Vas” à la radio… La chanson est sortie en 1974, moi je suis né en 75, donc toutes les premières années de ma vie, la chanson passait tout le temps, tout le temps à la radio. Et pour moi c’est une chanson importante, qui est aussi très bien composée, très bien exécutée. Tous les gens qui aiment vraiment la musique, qui font de la musique en studio, ont un jour essayé de faire le son de Hi-hat de “Porque Te Vas”. Et j’aime tellement cette chanson que j’ai carrément appelé ma fille Jeanette aussi…
Quelle est ta chanson pour séduire ?
“When the Going Gets Tough, the Tough Get Going” de Billy Ocean. C’est une chanson à la fois très sensuelle, c’est une basse synthé hyper voluptueuse, et en même temps très efficace, très ronde, très huileuse, ça j’aime beaucoup. Et en même temps c’est une chanson légère, qui ne se prend pas la tête, avec derrière beaucoup de travail… Je pense qu’en l’écoutant, on est à la fois excité mais rassuré. Et c’est pour moi un bon point de départ pour séduire…
Quelle est ta chanson du matin ?
“Caramel” de Connan Mockasin. C’est une chanson douce, ça permet vraiment de commencer la journée du bon pied. Cette chanson transporte dans un monde doux, cotonneux, agréable, et en même temps il y a des petits mystères. C’est comme ça une journée réussie…
Quel titre pour danser tard dans la nuit ?
“A View To A Kill” de Duran Duran. Le rythme des années 80, danser de façon 80’s, c’est vraiment le truc que je m’interdirai toujours, c’est ce qui me va le moins au monde. Mais par contre si je suis ivre mort, je peux essayer de le faire parce que j’y prends beaucoup de plaisir, mais il faut que personne ne me voie et que j’aie bu plus que de raison…
D’après le propos de ton nouvel album, le quotidien ça peut être une sorte d’Eldorado ?
Ce qu’il y a de plus important c’est le quotidien, puisque finalement la vie qu’on voit comme ça comme une espèce de dogme, de valeurs supérieures, c’est en fait une suite de journées. Et une journée ça passe vite, une journée c’est répétitif, il faut bien manger, il faut bien se laver, il faut bien avoir une activité. Finalement la vie c’est comme un petit collier de perles, avec des toutes petites perles les unes à la suite des autres, donc oui le quotidien c’est ce qu’il y a de plus important. Donc pour avoir une belle vie, il faut avoir un beau quotidien..
On a eu un véritable coup de coeur pour ton titre « Domestic Tasks » qui est absolument génial, peux-tu nous en dire plus sur ce morceau ?
C’est une chanson que j’ai composée sans savoir du tout de quoi ça allait parler. J’étais content d’avoir un truc hyper répétitif, mais avec quand même un élément hyper mélodique par dessus qui se répète aussi. Après quand j’ai eu l’idée de faire un album sur la vie domestique, je me suis dit “ah tiens ça serait bien, parce que cette chanson est bien à l’image de la vie domestique”, c’est à dire une répétition, une tâche, un devoir, et ça allait très bien avec le côté répétitif de la chanson. Et comme j’avais envie de tirer du positif de cet effort, la chanson se développe, il y a des accidents mais ça se reprend, et à la fin il y a cette forme d’exultation… Et c’est ça la chanson finalement, c’est une sorte de fresque, ça part du début, la difficulté d’être confronté aux tâches domestiques, pour arriver jusqu’à la joie. Et c’est en fait le process qui m’est arrivé à moi dans ma vie : être frappé de plein fouet par les tâches domestiques mais d’avoir fini par en tirer du plaisir.
La playlist de Sébastien Tellier sur Spotify & Youtube :
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