On appréciait beaucoup la pop éthérée Dream Koala, mais aujourd’hui on adore sa transition personnelle et artistique en YNDI (de son vrai patronyme Yndi Da Silva) : après plusieurs coups de projecteurs à la fois visuels et musicaux où elle met en avant ses racines à fleur de peau, cette compositrice-interprète-productrice franco-brésilenne publie « Novo Mundo », tout premier extrait de son premier album qui sortira au printemps, avant d’autres pépites…
Bien qu’elle ait connu le succès international à travers pas moins de 5 EPS cumulant des millions d’écoute sous son ancien alias, ce coup de projecteur sur YNDI est la véritable découverte d’une nouvelle artiste mais aussi d’un nouvel univers dont elle a la parfaite maîtrise, musicalement et visuellement. Une nouvelle étoile est née !
Tu sembles avoir toujours baigné dans la musique avec ta mère chanteuse au sein du projet Nouvelle Vague de Marc Collin ?
Oui, la musique est un héritage familial, depuis plusieurs générations. Mon grand-mère faisait partie d’un groupe de Samba, il jouait après le travail. Mes deux parents sont également musiciens et ma mère chanteuse. Comme dans de nombreuses familles d’immigrés, la musique est un moyen de se sentir « chez soi » et une transmission culturelle importante. Au delà de ma famille, la musique occupe une place très importante au Brésil, au quotidien, culturellement mais aussi religieusement, notamment dans les religions afro-brésiliennes, où les percussions sont très présentes.
Comment cela t’a-t-il influencée ?
Mes parents écoutaient beaucoup de musique, de genres très variés, ce qui très tôt a suscité ma curiosité et m’a poussée à m’intéresser à ce medium. Sur mon album, j’ai beaucoup emprunté à la musique brésilienne, au niveau des rythmes, de la poésie et des mélodies. La découverte des arrangements de cordes de Joao Gilberto, les percussions d’Olodum… C’était un choc esthétique lorsque j’étais enfant et cela continue de m’inspirer.
On aimait déjà ton ancien projet Dream Koala : comment la transition s’est-elle faite pour toi ?
Assez naturellement lorsque j’ai commencé à écrire des textes en français. Le nom du projet est tout simplement mon prénom. Jusque là, je chantais en anglais, cet album est le premier projet dans lequel je chante dans mes deux langues maternelles, le français et le portugais, que j’ai appris avant le français, mais c’était un gros défi pour moi. J’avais quelque part la sensation de me cacher jusqu’à présent derrière un pseudonyme et en écrivant de la musique plus intimiste, plus personnelle aussi, j’ai ressenti le besoin d’utiliser mon propre prénom.
Est-ce que tu portais cette envie de changement depuis longtemps : une façon de faire émerger au monde le vrai toi ? Peut-on évoquer ce sujet ?
Oui, c’est la première fois que je me suis autant inspirée de ma culture brésilienne, comme une volonté de réappropriation de mes origines. J’ai travaillé sur cet album pendant 4 ans, j’avais beaucoup d’ambition pour ce projet et je sentais qu’il fallait que j’y mette toute cette partie de moi et de mon identité pour qu’il soit complet à mes yeux. C’était aussi une volonté d’innover, d’entendre quelque chose de singulier, de nouveau, qui me ressemble et me représente.
Avec « Introdução », tu opères un retour musical à tes racines brésiliennes, ça aussi c’est important de revenir par ce biais là ? Ces versions acoustiques te montrent d’ailleurs carrément à nu
Artistiquement, je suis souvent divisée entre le minimalisme, un côté plutôt vulnérable et fragile, et de l’autre, un côté très produit, presque surproduit et chargé. Introduçao, c’était un peu un moyen de privilégier ce premier côté, très à nu, et de montrer une facette de moi-même que les gens ne connaissent pas forcément, tout en rendant hommage à la tradition de la bossa nova, dans laquelle j’ai beaucoup baigné.
Tu sembles complètement maîtriser ta musique bien sûr mais également l’univers visuel qui l’accompagne avec ces vidéos en animation qui arrivent : peux-tu nous en dire plus ?
Avant de faire de la musique, je voulais réaliser des films d’animation. C’était littéralement mon rêve d’enfance. J’ai très souvent des images en tête lorsque je compose de la musique et sur cet album, j’ai voulu m’inspirer de ma culture brésilienne mais je ne voulais pas limiter mon imagination à des images « réelles », issus de notre monde. J’ai toujours réalisé des clips en animation avec Dream Koala et je voulais continuer cette démarche avec ce nouveau projet.
Peux-tu nous parler de l’album à venir : tu écris & produis seule ou as-tu une équipe autour de toi ?
J’ai toujours produit seule mais sur cet album, j’avais envie de co-produire avec Superpoze (Gabriel Legeleux) car c’est un très cher ami, depuis longtemps, qui me soutient dès mes débuts. Quand on produit sa propre musique, il est plus facile de se perdre et sur cet album, je voulais vraiment un autre savoir-faire que le mien, celui de Gabriel, qui m’a aidé à pousser et développer mes compositions. C’est également mon premier projet avec d’autres musiciennes, des percussionnistes brésiliennes, Zalindê, et une pianiste, Noellie Schmitt. Je voulais que cet album soit un mélange de toutes mes influences, de beaucoup de références, où puissent se rencontrer toutes mes contradictions et qu’il soit un univers en soi, mon propre monde.
A propos du clip lui-même :
« Il raconte une histoire simple, inscrite autour de l’idée de cycle à travers le voyage de ce personnage bienfaiteur qui traverse les âges d’un monde. Un écho au Brésil, par des paysages lumineux, colorés, et ses croyances. On discerne la déesse Oshun comme image du sacré. A travers ce clip j’ai cherché l’évocation du divin, de la beauté et de la violence de la nature, à l’image de l’album d’YNDI ».
Nina-Lou Giachetti, direction & animation video