Après quatre ans passés à distiller ses sérénades folk au côté de son frère Angus et deux albums sublimes à côté desquels vous n’avez pu passer, la belle Julia Stone prend une envolée solo réussie avec The Memory Machine.

Angus et Julia Stone auront brillamment marqué l’année musicale passée, et leurs tournées à guichet fermé n’en sont que l’illustration probante. Si l’on se demande forcément de prime abord pourquoi la jeune-femme a décidé d’opérer ce fratricide musical, les premières notes égrenées de cet opus en révèlent volontiers la raison. Avec The Memory Machine, Julia Stone opère une incursion inattendue dans les tréfonds obscurs de son inspiration et livre des chansons sombres et désincarnées, tunnels vers le spleen immédiat. Loin d’être plombés par cette dépression musicale, les morceaux donnent dans une folk où la demoiselle excelle, cette fois plus évocatrice et mystique, et beaucoup plus pop, dans le sens où ils entraînent irrémédiablement l’auditeur dans leur groove dépressif. Quelques références 50’s, écho à la pochette qui reprend l’imagerie des films d’horreur d’époque, ponctuent ces ballades planantes où l’amour est mort mais où la nostalgie est un état de grâce.

Infiniment talentueuse, la belle Australienne s’occupe elle-même des parties de guitare, de piano, de basse, de ukulélé et de percussions, bien que son timbre cristallin et singulier éclaire littéralement tout l’album. On ne la pensait pas si mélancolique, Julia, à l’issue de l’écoute. Pourtant, il faudra bien qu’on l’aime comme ça aussi, cette fille qui transforme en or toutes les mélodies qu’elle touche…

Julia Stone
The Memory Machine
(Picture Show Records / Discograph)
Sortie le 31 janvier 2011 www.angusandjuliastone.com

Par Ottavia Pellemoine
Photo Luca Valigny