A l’occasion du festival Solidays, Modzik a rencontré le duo lillois You Man. Geeks musiciens, les deux amis Tepat et Giac conquièrent pas à pas leur public à grands renforts de disco futuriste et de coups de comm’ de génie. En 2016 sortait leur premier album, Spectrum of Love, l’occasion d’aborder avec eux l’amour qui les unit, à eux-mêmes autant (que) et à leur public.

Salut les gars, ravis de vous voir ! Vous êtes dans le roster de Super!, comment ça s’est concrétisé ?

Ça fait un an et demi maintenant. Mais Julien Catala (le fondateur de l’agence Super!, ndlr) nous avait contacté il y a une huitaine d’années via MySpace. Autant dire que ça remonte à loin ! On n’avait pas encore l’entité You Man à l’époque.

Vous étiez encore dans les guitares ?

Ouais! Et il y avait un morceau qu’il avait adoré, on était allés le voir même si on était pas encore tout à fait prêts, rien n’en a donc résulté. Et il nous a recontacté il y a deux ans, quand il a senti qu’on avait enfin la maturité.

Vous n’étiez pas trop tristes de quitter Alpage Records et Marklion (leur précédent label et son fondateur, ndlr) ?

Non car ça aura été une très belle expérience avec ce mec si fédérateur. On a passé des supers moments avec lui, et on compte encore en passer plein. Et puis on ne les quitte pas vraiment, on a Antoine Pesle en featuring sur l’album par exemple.

L’album justement, Spectrum of Love, d’où tire t-il son nom ?

Du philosophe Alan Watts, et de son long discours sur le spectre de l’amour. Et puis ça évoque évidemment le spectre sonore. Et ça sonne surtout super bien ! Ces diverses interprétations nous ont décidé à choisir ce titre d’album. 

En 2016, durant la conception de l’album, vous disiez rechercher une homogénéité, vous pensez l’avoir trouvé ?

On est très à l’écoute de ce que nous disent les gens et on a eu beaucoup de retours positifs sur le disque, notamment sur notre page Facebook où on nous a dit l’avoir écouté dans la voiture pour partir en vacances, ou même pour (…)

(Une photographe intervient : ) Pour faire l’amour !

Ahaha, exactement ! On nous a dit ça en personne à la Gare Saint Sauveur de Lille. C’était de la part d’un couple qui nous remerciait pour avoir fait leur première fois sur Birdcage !

“Nameless” de Gesaffelstein est pas mal non plus pour ce genre de choses… Je vous invite vraiment à faire l’amour là dessus ahah!

Pour sûr on y pensera ! Il faut dire que c’est un sacré compliment quand même. Je crois qu’on a rougi quand il nous ont dit ça !

C’est d’ailleurs “Birdcage” qui a fait le plus de bruit.

Oui, il représente disons… la moitié de notre son. On vogue de la tech-house à un côté plus indie qui peut sonner house, ça vient sûrement de notre passé de guitariste !

J’ai pensé que ça avait la gueule d’un Black Devil Disco Club à cause des synthés eighties. Votre album aurait même pu sortir sur Dark Entries, le label de San Francisco.

Oh, merci beaucoup ! On avait vu Black Devil au Puzzle Festival dans le Nord, c’est une vraie bible.

Donc! Homogénéité, on est d’accord, vous l’avez trouvé il n’y a pas de doute !

C’était un beau challenge de faire un album. Mais s’il est homogène c’est aussi parce qu’on a choisi dix morceaux sur une trentaine. On voulait quelque chose de logique et cohérent car on apprécie nous-même écouter des albums du début à la fin.

On dirait qu’il a été conçu pour le live également.

On a pas trop anticipé ce genre de choses à vrai dire. On compose en ne pensant à rien d’autre même s’il est vrai que le fait d’entrer en studio après une ou deux dates nous pousse à composer dans ce mood, des images mentales reviennent du week-end passé. On a d’ailleurs des nouveaux morceaux dans le live, qui ne sont pas sur l’album.

Vous fonctionnez comment dans la composition ?

On répète au moins une fois par semaine et on a jamais quitté ce rythme depuis le temps qu’on fait de la musique ensemble. On travaille beaucoup alors on échange nos projets à distance, en faisant du micro-tasking individuellement, des petites séances de 20 minutes. On a plus aucune question d’ego comme on pouvait l’avoir dans nos précédents groupes. On avance vite.

Vous n’avez pas réduit votre temps de travail ? Je sais que l’un de vous travaille dans les jeux vidéo.

Non, on travaille comme avant. C’est Tepat qui travaille dans le domaine du développement ouais.

Vous avez eu des idées fantastiques grâce à cet univers du développement, du codage. Le Gif Tracker Birdcage, les Vinyl Hunting pour les EP et l’album.

Oui on a vraiment essayé de rendre tout ça ludique en fin de compte !

Ca a contribué à votre image tout ce gameplay autour de votre musique, vous êtes allés jusqu’à faire un Vinyl Hunting mondial.

On a des potes qui partent aux quatre coins du monde, c’était plutôt aisé à faire ahah ! C’est véritablement un jeu auquel on aurait aimé participer alors on s’est dit qu’on avait qu’à le faire.

Loin de moi l’idée de vous stalker mais j’ai vu que vous cherchiez un appartement à Paris, vous l’avez trouvé ?

Non ! D’ailleurs si on peut le mettre dans l’interview : LES YOU MAN CHERCHENT UN APPARTEMENT A PARIS.

Vous venez à Paris pour donner de l’élan au projet donc ?

Non, encore une fois rien n’est calculé, l’un de nous est en couple et a décidé avec sa tendre de s’installer ici. Et puis ça fait parfois du bien de changer de ville. On connait déjà bien Paris puisque ce n’est qu’à une heure de Lille.
On a passé notre adolescence à Calais, c’est là bas qu’on a eu des découvertes. A l’époque des premiers albums des Chemical Brothers et des Daft Punk, c’est un nouveau monde qui s’est ouvert.

Il doit y avoir quelque chose dans l’air de Calais ! On voit des artistes qui en sont originaires comme Numérobé qui grandit vite ou Loup BBBlaster qui fait du VJ à Dour cette année.

On a bon espoir de faire de Calais le Liverpool français. On en revendique notre appartenance alors qu’on y habite plus depuis des années. On est fiers de Numérobé ou de Blaise Bandini qui font aussi de la musique. On fait d’ailleurs un concert avec eux à Calais l’année prochaine, en Février ou en Mars. C’est la mairie qui nous a tous booké ! Ca va être une super date.

J’ai passé des semaines voire des mois à parler d’amour, qui était le sujet de notre numéro 52 et on retrouve ce mot dans le nom de votre album, et qui plus est on est à Solidays, alors j’aurais aimé avoir un mot de votre part là dessus.

A vrai dire, on connaissait pas trop Solidays avant de venir, on savait juste que c’était en faveur de la lutte contre le SIDA. On avait pas capté que ça pouvait aussi être un moyen de diffuser un message d’amour et de paix, on a vu des mots, des phrases et même des images dans tout le festival. Le mot d’ordre c’est Still Standing cette année, non ?

C’est ça ! Vous allez voir des concerts d’ailleurs ?

Oui on repart demain, donc on va sûrement aller voir Acid Arab ce soir et on a vu Rocky tout à l’heure.

Un autre groupe lillois qui monte !

C’est vraiment bien ce qu’ils font, ils méritent leur engouement !

Ils sont apparus dans le même numéro des Inrocks que vous il me semble.

Ce sont des amis depuis un petit moment malgré qu’on fasse chacun nos chemins, même si on les a remixés en Mars sur leur titre “Apologize”, et c’est assez dingue de les voir sur le même festival que nous.

C’est quoi la suite alors, malgré le temps de vie qui reste à l’album, vous avez déjà des projets ?

Non, on a toujours laissé les choses venir et ça s’est bien passé jusque là, on pense beaucoup à des jeux surtout. On a une déclinaison du Vinyl Hunting… plus vicieuse disons ahah. Ce sera encore plus virtuel en fait.

Retrouvez You Man le 30 juillet au festival Caboug, Mon Amour.
L’album Spectrum of Love est toujours disponible.
Découvrez le Gif Tracker Birdcage inventé par You Man juste ici.