Trans musicales 2019. On se régale les yeux devant les tenues hétéroclites des artistes qui défilent. Un après-midi, deux joyeux loustics paradent devant nous, l’objectif de notre appareil s’enclenche automatiquement tout comme la conversation. Jeans pattes d’eph, vestons à franges, cheveux et barbe à la John Lennon, on voit d’emblée où ces deux voyageurs du temps veulent en venir. Ce que l’on voit moins c’est que ces deux frères venus des Côtes d’Armor pratiquent un rock psyché dans son jus mais sans sa gratte. Si cette « amputation »  en démange certains, l’absence de guitare se fait vite oublier face à l’énergie folle d’un orchestre mené miraculeusement à quatre mains. Entre madeleine de Proust et ambition dans l’air du temps, les deux gars sans cordes ont en plus d’une à leur arc.

Photos: Justino Esteves 

Cheveux longs et sourires similaires, qui est qui dans cette joyeuse fratrie ? 

Colin  Je suis le batteur/chanteur de Moundrag.

Camille Son grand frère, vous avez vu la barbe. Je suis batteur, organiste et chanteur du groupe.

C’est votre deuxième fois aux Trans Musicales de Rennes. Alors les frères Goellaën-Duvivier, ça fait quoi de revenir ? 

Camille  On était déjà venu l’année dernière avec un autre projet purement Paimpolais avec les Smooth Motion dans le même jus des années 70 et à quatre. Cette fois nous ne sommes que deux mais prêts à faire autant de bazar.

© Justino Esteves

Les Jethro Tull avaient rendu la flûte rock… Exit la guitare avec votre duo, les Moundrag ont la puissance de l’orgue. Une volonté de casser les codes ? 

Camille  Exactement, on a créé un duo de rock sans guitare car on voulait montrer au public que c’était possible de faire du rock sans cet instrument emblématique au genre. Au début on a choqué tous les vieux tontons qui disait qu’il ne pouvait pas y avoir de rock sans gratte. A la fin de chaque concert il y a justement un de ces tontons qui vient nous dire ” écoutez les gars si vous avez besoin de quelqu’un pour la guitare on est là”. Ca nous fait bien rire mais on a aussi beaucoup de retours positifs.

Colin C’était vraiment pour nous en tant que groupe de rock un défi. Faire autant de bruit qu’un groupe à quatre avec une guitare, une basse etc. Après un an, on a décidé d’apporter notre voix à notre mélange, un nouveau challenge.

Vous pratiquez un rock comme on le faisait des années auparavant, pourquoi avoir mis les pieds dans le passé ? 

Colin  On fait du rock à tendance années 70, tout ce qui est rock psychédélique etc. On est tombé dans la marmite avec l’album Made In Japan des Deep Purple. Mais nos icônes sont nombreuses Led Zeppelin, Emerson Lake and Palmer…

Camille Mais maintenant ce ne sont que des mecs morts ou vieux et gros (rires).  On voulait donc réanimer cette classe qu’ils avaient dans les années 70. C’est pour ça que monsieur Jean-Louis Brossard, co-fondateur des rencontres Trans musicales de Rennes, est si admirable devant notre travail puisque lui a connu cette époque et ses concerts fous.

© Justino Esteves

Ce sont vos parents qui vous ont transmit ce goût pour le rock des années 70 ? 

Camille Eux, de la documentation, beaucoup, mais aussi une grande part de fantasme. C’est un style musical tellement transportant qu’il nous permet de retrouver cette sorte d’euphorie originelle dans notre jeu. C’est très profond comme réponse (rires).

Colins Mais à travers ce fond musical d’une autre époque, on aborde au contraire dans nos textes des sujets très actuels.

Vu votre look vous auriez pu vous retrouver à Woodstock il y a des années de cela. Quelle est la pièce favorite de votre dressing très seventies ? 

Colin  La veste à franges. J’aime aussi les pantalons pattes d’eph avec des grosses fleurs brodées dessus.

Camille Moi c’est le gilet à franges, nuance ! Sinon j’ai une veste avec pleins d’oeils dessus assez perturbantes que j’adore.