Blur et Radiohead se sont, tous deux, faits une place au panthéon du rock 90’s : le premier était la grande star de la britpop (quoi, quelle oasis ?), et le second a rendu populaire une mixture post-rock plus cérébrale. Chose incroyable, leurs chanteurs respectifs n’ont pas sombré dans la drogue et le sexe facile, mais continuent de mener une carrière plutôt bien gaulée, comme nous allons le voir.

Une grande question qui a dû provoquer plus d’un crêpage de chignon entre fans : qui était donc l’âme de Blur, groupe phare de la britpop ? Si pour les érudits de la pop, le titre revient souvent au génial guitariste, Graham Coxon, le cœur de toute bonne midinette battra toujours pour Damon Albarn, frontman au charisme nonchalant. Ah, il fallait le voir dans le clip de « Girls And Boys » (1994), avec son gros swag de petit con en haut de survêt’ Fila, les yeux mi-clos et la voix traînante. À la fin des 90’s, alors que les tensions vont grandissantes au sein du groupe – Coxon quittera le groupe en 2003, après un Think Tank réalisé sans lui – Albarn entreprend un périple vers de nouveaux horizons musicaux en formant le vrai-faux groupe hip- hop/trip-hop Gorillaz (gros carton). Depuis, il a notamment au compteur un groupe avec le Paul Simonon des Clash (The Good, The Bad & The Queen), deux opéras rock (dont le récent Dr Dee), et une actuelle collaboration avec MF Doom (The Child of Lov). Ah, au fait, il paraît que Blur s’est reformé en 2008, et qu’un nouvel album pourrait se manifester, si Brian et Damon ne s’entretuent pas avant.

En ce qui concerne Thom Yorke, il s’agit d’être honnête : avec sa dégaine de freluquet maussade, sa voix objectivement geignarde et son interprétation de la danse pour le moins intrigante (sa performance pour la vidéo de « Lotus Flower » continue de nous filer des frissons, et pas forcément pour de bonnes raisons), le chanteur de Radiohead ne fait pas rêver les filles comme le bon Albarn. Néanmoins, est-ce qu’on demande à Steve Buscemi d’avoir le même charisme qu’un George Clooney ? Après tout, compter parmi les cerveaux de l’un des groupes les plus aventureux et influents des années 90 – de The Bend à Kid A – ne compte pas pour du beurre. D’autant que A) Thom Yorke réussit à maintenir son groupe à flot depuis près de 20 ans, avec des résultats pas dégueulasses, et B) au petit jeu des side projects, il n’a pas à rougir : son premier album solo (le modeste The Eraser, 2006) a été plutôt bien accueilli, comme devrait l’être son supergroupe Atoms For Peace (qui compte notamment le producteur Nigel Godrich et Flea des Red Hot Chili Peppers).

 

Par Thibault Goehringer