L’afrofuturisme revient en force en 2020 ! Ce courant esthétique artistique – apparu dans la seconde moitié du 20e siècle – se développe de plus en plus dans les secteurs de la mode et de la musique. Vous ne connaissez pas ce terme ? Il est encore temps d’apprendre que ce mouvement a redéfini la culture et la conception de la “communauté noire” en interchangeant des éléments de science-fiction, d’afrocentrisme et de réalisme magique. Internet a donné à cette esthétique une nouvelle jeunesse, et gagne en popularité cette année. Petit récap de l’histoire de ce courant et son impact sur la mode & la musique de nos jours.

Grace Jones, photographie de Jean-Paul Goude

Avant que l’afrofuturisme ait un nom, les musicien de Sun Ra et Earth Wind & Fire, ont commencé une révolution musicale avant-gardiste dans les années 70, qui a éclairé l’influence et les styles des artistes d’aujourd’hui. De leur son unique à leur apparence et à toute la production scénique, leur vision est venue d’un besoin de faire appel à l’imagination des gens. Betty Davis, la chanteuse funk, R&B et soul, a posé pour son album autoproduit de 1974 dans un costume afro-mystique en partie glam rock, devenant un modèle pour une certaine Beyoncé. Quant à l’inimitable Grace Jones, qui arbore une coupe de cheveux angulaire et un maquillage étincelant, elle est dotée d’un look avant-gardiste. Elle incarnait non seulement le pouvoir transformateur de la musique pop, mais surtout la perspective féminine dans la culture noire que permet l’afrofuturisme.

Betty Davis, 1974

L’afrofuturisme a pris un tournant à travers une nouvelle génération d’artistes dont Erykah Badu, Missy Elliott, Janelle Monáe, FKA Twigs et Solange, qui lui ont donné non seulement une voix, mais aussi un regard. Un mélange de styles cyborgs, de motifs tribaux, d’images androïdes et de tenues métalliques brillantes qui pourraient être appropriés pour un voyage dans l’espace. Plus récemment c’est Beyoncé dans son film “Black Is King” qui joue d’une panoplie de codes afro-futuristes, que ce soit dans ses tenues ou dans la mise en scène de son “film-clip”. Les deux jeunes soeurs Chloe x Halle tiennent également de leurs aînées, puisqu’elles sont apparues au dernier VMAs, pour interpréter leur titre “Ungodly Hour”, en tenues métallisées et futuristes rappelant complètement les codes de cette tendance. 

Beyoncé dans “Black Is King” et Chloe x Halle aux VMAs 2020

Désormais connu de tous, le festival Afropunk se réfère à la participation des Afro-Américains et d’autres personnes noires dans le punk et les sous-cultures alternatives, en particulier aux États-Unis où cette scène avait été massivement blanche. Dépassant les frontières américaines pour s’exporter en France et en Afrique du Sud, le festival a su étoffer sa programmation musicale, mêlant hip-hop, punk, sonorités caribéennes ou afrobeat. Ayant lieu tous les ans à la Seine Musicale, l’évènement rassemble autant les passionnés de musique que les amateurs de mode afrofuturiste qui rivalisent d’audace.

Dans la mode, certaines marques tentent de se reconnecter à leur passé et de raconter une nouvelle histoire en y intégrant cette mouvance afrofuturiste. La nouvelle campagne de la marque Daily Paper est celle d’une société du futur, qui a colonisé de nouvelles planètes et se tourne maintenant vers la Terre. C’est une façon de réinterpréter l’avenir en y mêlant de nouvelles silhouettes, qui font écho à l’iconographie du continent africain. Mowalola Ogunlesi a su récemment développer une vision panafricaine plus rétro-futuriste, et accorde une place importante à la tendance “web 2.0”. S’inspirant d’un large éventail d’influences. Wales Bonner fabrique ses propres récits par la tradition afrofuturiste, entremêlant réalité et fantaisie. De quoi nous faire voyager sur d’autres planètes, où les mentalités ne sont pas les mêmes et où “black is king” !

De gauche à droite, Mowalola, Daily Paper et Grace Wales Bonner