Le kimono suscite un intérêt plus grand que jamais dans la mode ces dernières années. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, il semblait menacé de disparition. Cette pièce revient peu à peu sur le devant de la scène, non seulement au Japon, mais aussi dans le reste du monde en tant que vêtement élégant que l’on peut porter dans la vie de tous les jours. Entre costume traditionnel, devenu vêtement de mode convoité par les plus grands créateurs, le kimono gagne la place du vêtement chic et désirable. Focus sur cette tendance qui perdure depuis plusieurs époques.

© Victoria & Albert Museum

Le kimono, une pièce portée à la fois par les hommes et les femmes depuis le Moyen-Âge japonais, a fait son apparition en Europe au cours de l’ère Edo (1615-1868). Le Japon s’est mis à fabriquer des kimonos avec de la soie française, et l’Europe à imiter l’habit traditionnel. Depuis, cette pièce iconique n’a cessé d’influencer la mode internationale. En Occident, le kimono devient à la mode avec l’essor du japonisme à la fin du 19e siècle: les élégantes le portent comme vêtement d’intérieur. Révolutionnaire dans les années 1920, les créateurs du siècle dont Paul Poiret, Madeleine Vionnet, ainsi que Jeanne Lanvin ont tous été inspirés par le drapé et la forme du kimono.

Le kimono atteint même les frontières de la pop culture avec des sagas populaires comme Star Wars, où les tenues crées par John Mollo et Trisha Biggar, habillent le Jedi d’un kimono blanc. Parce qu’ils sont intemporels dans un sens, ils peuvent aussi être futuristes, c’est pourquoi le style a été choisi pour Obi-Wan Kenobi de Star Wars. D’autres films sci-fi adaptent ce modèle, puisque ce vêtement semble correspondre aux codes futuristes.

© Victoria and Albert Museum

En 1997, Alexander McQueen crée pour la chanteuse Björk une version élargie au cou et aux manches raccourcies, lui offrant ainsi un look expérimental et avant-gardiste à sa hauteur pour sa pochette d’album Homogenic. Son apogée en France vient avec Jean-Paul Gaultier qui raccourcit le kimono à mi-jambe dans une création rouge feu, en 1998, destinée à la pop star Madonna.

Le kimono s’inscrit, par des modèles expérimentales, au début de la décennie 2000. L’hybridation des robes extravagantes de John Galliano chez Dior ou le costume masculin réinterprété par le créateur américain Thom Browne prouve l’ambivalence du kimono. En 2005, Yohji Yamamoto et Issey Miyake réinterprètent le kimono dans une version en crêpe de soie qui capture toute son ambiguïté vis-à-vis du genre. D’ailleurs, le créateur Kenzo Takada a su affiner l’identité de sa marque au travers du fameux kimono.

Plus récemment, Alessandro Michele donne son heure de gloire au kimono, offrant des défilés aux univers japonisant. Dries Van Noten, grand fan de motifs asiatiques n’a pas pu passer à côté de cette coupe, qu’il reprend dans bon nombres de ses collections. Comme quoi, cette mode au départ faites pour contrecarrer le corset, reste toujours bien ancrée dans l’esprit des créateurs.

Et puisque des podiums aux people, il n’y a souvent qu’un pas, c’est dans un kimono siglé Gucci que Beyoncé s’est rendue, en famille, à un match de NBA à la Nouvelle-Orléans en 2018. Si Queen B n’a pas été accusé de chercher à s’approprier culturellement ce symbole du vestiaire japonais, Kim Kardashian, elle, a bien été cloué au pilori en juillet dernier pour avoir voulu baptiser sa marque de lingerie “Kimono”. Quant à la chanteuse anglaise Florence & The Machine, elle est connue pour vouer une passion pour ce vêtement à l’inspiration bohème, depuis bien longtemps.

D’ailleurs, le kimono a connu un renouveau entre les mains de la foule cool des générations X et Z, en réaction à la mode rapide à l’occidentale et l’avénement des friperies. Une recherche d’identité personnelle qui inspire une nouvelle génération de fabricants de kimono.

En bref, le kimono occupe une position très favorable parce qu’il s’est développé dans le contexte tout à fait original. Source d’inspiration potentielle pour les stylistes au moment même où la demande pour une plus grande diversité du vêtement ne cesse d’augmenter. Le kimono est loin de se limiter à un objet du passé. Et il va à n’en pas douter continuer à fasciner le monde et à servir d’inspiration aux créateurs. C’est précisément cette capacité du kimono à traverser les époques ainsi que sa riche histoire qui ont inspiré le Victoria & Albert Museum, musée de référence de la mode à Londres, pour sa prochaine exposition Kimono : from Kyoto to Catwalk. Exposition à découvrir à travers cette vidéo.