Derrière un objectif, sur le trottoir d’en face ou dans les galeries d’un musée, ces trois créateurs ont eu l’inspiration juste faisant d’eux de véritables révolutionnaires de la mode. D’un motif copié mais jamais égalé pour le génie Yves Saint Laurent en passant par la magie du quotidien opérée sur les collections d’un certain Azzedine Alaïa, petit tour des expositions modes du moment pour découvrir ou redécouvrir ceux qui ont fait l’Histoire.

La surréaliste: “Man Ray et la mode”

Man Ray c’est un peu le Peter Knapp  des années 30. Un pinceau dans une main, un objectif dans l’autre, l’artiste à la créativité fertile n’a fait que semer son art aux quatre coins de sa vie. A la fois peintre, cinéaste et photographe, sir  Man Ray a cultivé le paradoxe et les images étonnantes maitrisant à merveille un noir et blanc à la Hitchcock.  C’est d’ailleurs avec des muses aussi magnétiques que le cinéaste allemand que Man Ray a bâti sa carrière. Que se soit avec l’incroyable Lee Miller ou les infinies courbes féminines qui ont pris marque dans son épopée surréaliste avec son ami Paul Eluard et leur ouvrage commun Les Mains Libres, Man Ray sait sublimer la femme. Un talent qui lui a valu la casquette de révolutionnaire de la photographie de mode dans les années 20 et 30, chose que l’on sait peu de lui.

Un aspect pourtant majeur de sa carrière que la Vallée Village a voulu mettre en exergue. En présentant en avant-première une quinzaine de photographies inédites, cette exposition sera un apéritif à celle qui se tiendra à Marseille, au musée Cantini et au château Borély, à partir du 8 novembre 2019 et qui mettra en lumière le travail de Man Ray, avec la présentation de quelque 200 tirages originaux de Man Ray, ainsi que des pièces emblématiques issues de grandes maisons de couture.

Exposition “Hommage à Man Ray et la mode par La Vallée Village          

 Galerie de La Vallée Village, 3 cours de la Garonne 77700 Serris Marne-la-Vallée Du 5 octobre au 1er décembre 2019 / Entrée libre 7 jours sur 7, de 10h à 20h.

Man Ray. La Marquise Casati, 1935. Épreuve gélatino-argentique. Original conservé à Marseille, musée Cantini. Tirage moderne réalisé par l’Agence Photo de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2019.

 

L’inspirante: Azzedine Alaïa, “Une autre pensée sur la mode”

C’est en bas de la rue, sur les quais des métros ou encore chez l’épicier que la mode peut se nicher. Quand l’imagination et le regard se font toujours plus grands et inquisiteurs du monde, créer n’est pas un obstacle. C’est ainsi que dans les années 80/90 un drôle de poète aux mains d’argent a révolutionné à son échelle la mode: Azzedine Alaïa. Puisqu’il n’y a pas de matériaux méprisables pour celui qui sait le tailler en main de maître, le carreau rose et blanc de l’enseigne bon marché Tati lui vaudra sa collection la plus remarquée et une exposition à son honneur.

« C’est arrivé grâce à mon ami Julian Schnabel. Il voulait de la toile de bâche avec le fameux gros motif pied-de-coq. Ce motif, en réalité, était celui du store des magasins Tati”. En blouson court et ajusté, en casquette de titi, en dessous chic ou encore en short culotte, l’écossais traditionnel vert ou rouge prend une claque sous le rose presque insolent d’Azzedine Alaïa. En faisant l’étreinte du quotidien et de la haute couture, le créateur déclenche une onde de choc à la croisée entre Barbès et le Faubourg Saint-Honoré. Pour sa quatrième exposition, l’Association Azzedine Alaïa a choisi de réunir l’ensemble des modèles de la collection. On se régale d’avance de ce bonbon acidulé!

Azzedine Alaïa, “Une autre pensée sur la mode”, la collection Tati Jusqu’au 5 janvier 2020.                                            Association Azzedine Alaïa 18, rue de la Verrerie, 75004 Paris

 

L’iconique: La « révolution Mondrian » de YSL

Puisque le froid est de retour et que les feuilles des arbres deviennent couleur rouille, pourquoi ne pas ressortir une collection mythique de la saison automne-hiver ? C’est dans le gel de 1965 qu’un certain Yves Saint Laurent a eu l’idée d’une robe qui a durablement marqué l’histoire de la mode. Fasciné autant par l’art que par le tissu, le créateur tombe éperdument amoureux des formes géométriques ultra-vitaminées des toiles du peintre hollandais Piet Mondrian. Ni une ni deux, le motif prend vie sur une robe en jersey de laine sans manche, devenue un emblème de modernité dans les Swinging Sixties. Le musée Yves Saint Laurent de Paris a donc décidé de rendre hommage à cette super-star en exposant sa géométrie entre ses murs. L’occasion également de découvrir les escarpins qui ont chaussé la collection. Talons carrés et larges boucles tout aussi cubiques sur le devant, ces chaussures signées Roger Vivier ont notamment fait figure auprès d’une Cendrillon du cinéma, une certaine Catherine Deneuve alors héroïne de Belle de jour (1967).

La “révolution Mondrian”                                                                                                                        

Musée Yves Saint Laurent Paris, 5 avenue Marceau, 75116 Paris, France

Jusqu’au 19 janvier 2020

Le “déclic” Mondrian d’Yves Saint Laurent interprété par Pierre Niney :