Nous l’avons rencontré lors de la Fashion Week d’Amsterdam et depuis on ne s’en passe plus ! Véritable coup de cœur, Camiel Fortgens a présenté ses collections et sa vision très personnelle de la Mode. Toujours à l’affût des tendances et en constante remise en cause du style, il veut bousculer les normes qui fixent notre identité et notre manière de nous habiller. Son caractère attachant et son humour ont tout de suite séduit le public. Nous sommes allés le retrouver pour un face-à-face très philosophique et passionné !
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Camiel Fortgens. J’ai étudié à la Design academy Eindhoven aux Pays-Bas, pays où je suis né. Depuis 14 ans, je dessine des vêtements et surtout je conceptualise l’idée du style. Je ne savais pas – et je ne sais toujours pas ! – où cela me mènera car j’ai bien conscience que mon travail est totalement à part ! De plus, ni mes parents ni mes grand-parents ne s’y connaissent en mode. Je me sens un peu seul au monde et pourtant j’adore ce que je fais !
En quoi votre parcours universitaire a forgé votre maturité stylistique ?
Le monde de la mode avec ses règles absurdes m’exaspèrent. Je ne voudrais pour rien au monde faire partie de cette industrie. C’est l’une des raisons pour laquelle j’ai étudié à la Design Academy. J’avais besoin d’apprendre ce qu’est la mode à grande échelle ! L’éducation que j’ai reçu là-bas m’a permis de repenser constamment les règles établies et les habitudes.
Comme je ne sors pas d’une école de mode au sens propre du terme, je ne me sens nullement attaché à un style de mode en particulier. Je suis libre dans mes créations et dans mes défilés. Je cultive cette liberté chaque jour car c’est mon plus beau trésor ! J’aime mon métier, même si ce n’est pas vraiment un métier… C’est une passion !
Comment définissez-vous votre philosophie de la mode ?
Dans mes créations, je cherche à mettre en relation l’homme avec le vêtement et à créer une identité propre : urbaine, contemporaine, et miroir de la société. Je considère mon travail comme un manifeste philosophique qui reflète la culture et les tendances sociétales. Je pense que la mode peut être un outil très fort pour changer les règles et faire évoluer les opinions.
Comment cette pensée se révèle dans votre dernière collection ?
Ma première collection est basée sur la silhouette architecturale et la fabrique des formes masculines. J’ai voulu relever le défi de briser les tabous de ce que j’appelle la culture du « copier-coller ». La Mode ne doit plus uniquement servir à combler les désirs consuméristes des fashionistas… Je rêve d’une mode qui renoue avec sa propre histoire. Peu importe d’incarner le passé, le futur… J’aimerai que la mode reprenne des couleurs en mélangeant les matériaux, les motifs, les formes. La mode s’appuie aujourd’hui beaucoup trop sur les images de Tumbler, des blogs, des profils instagram. On perd l’origine des choses et donc l’essence même de la beauté. Ma collection est comme un cri d’alarme contre l’industrie de la mode en panne !
Comment se traduit votre philosophie dans votre vie de tous les jours ?
Ma vie c’est mon œuvre. Quotidiennement, autant dans mon travail que dans ma vie personnelle, j’observe, j’analyse, je réagis. Mes créations viennent des choses que j’ai expérimentées, donc mes créations sont ma vie.
Vous considérez-vous comme le Socrate des temps modernes ?
Pas du tout ! Mon but est faire de la mode un outil cultural, au même titre que l’Art. La mode est pour moi comme un porte-parole de la société.