Depuis le G-Star Elwood, premier denim 3D conçu par Pierre Morisset en 1996, le denim G-Star a été remanié et repensé. La marque néerlandaise, codétenue par Pharrell Williams depuis cette année, a su étendre son projet grâce à des crossovers. Elle s’associe aujourd’hui au créateur du A.T Studio : Aitor Throup.

Aitor Throup fait partie des perles qu’on aime collectionner, qui brillent par leur mélange intelligent de mode et de musique. Né en Argentine, il emménage dans le Lancashire à 12 ans. De la Manchester Metropolitan University au Royal College of Art de Londres, il construit son parcours de futur designer. Dès 2008, ses débuts sont consacrés à la marque Umbro pour l’équipe nationale de football. Consultant créatif pour G-Star Raw depuis deux ans, Aitor dirige le laboratoire G-Star Raw Research. L’artiste et l’enseigne partagent les mêmes valeurs du risque : expérimenter, dépasser les limites établies au moyen de la création. Car le natif de Buenos Aires n’en n’a que faire des règles. Chaque projet qui passe entre ses mains expertes de dessinateur-visionnaire reflète le processus de ses réflexions. En témoigne sa ligne avant-gardiste, « The New Object Research », rapidement sold out en 2013.

Le Staq Pant comme pièce maîtresse.
Vingt ans après le Elwood, Aitor lance le Staq Pant. Staq, pour le stacking effect, qui donne l’impression au vêtement d’être déjà usé. Aitor Throup a souhaité explorer le rapport physique que l’on a avec cette pièce. À savoir comment s’exerce notre fascination interactive avec le denim brut. Car une fois porté, celui-ci évolue. « Il commence à se détériorer autour du corps et à en prendre la forme », décrit-il. Voici ce que le directeur artistique entend lorsqu’il parle du pouvoir interactif du denim. D’un point de vue plus technique, le Staq innove en contournant les techniques développées pour les produits qui l’on précédé. Il se démarque par la vitalité intrinsèque que Aitor et ses techniciens lui ont insufflée. De ce fait, le jean ne reste pas banalement posé à plat : « On a voulu lui donner vie, comme si une personne invisible le portait. »

Une philosophie brute.
Aitor est très inspiré par les significations multiples de « raw » (brut), le mot inscrit dans l’ADN de G-Star. En poussant la réflexion, plutôt que les conventions, le designer défend l’aspect philosophique du terme « raw » : « C’est le soi-brut, avant que tu ne mettes un quelconque masque. C’est une affirmation de soi. » Cette idée est retranscrite dans la collection qu’il vient d’imaginer aux côtés d’une équipe de spécialistes. Celle-ci est en effet divisée en deux teintes antagonistes ; on retrouve ainsi un spectre allant du plus sombre au plus lumineux, « comme une métaphore de l’inclusif » d’après Throup. En réfléchissant ainsi, il réussit à rendre notre rapport au jean bien plus personnel qu’on ne pense.

Des collaborations musicales stimulantes.
La musique tient une part primordiale dans la vie d’Aitor Throup. Il entretient un rapport très personnel avec cette discipline. Il ne travaille d’ailleurs qu’avec des artistes qu’il admire, et inversement. Parmi eux, Steven Ellison alias Flying Lotus. Depuis 2011, il est également directeur artistique du groupe Kasabian. En 2014, il ajoutait à son tableau de chasse Damon Albarn pour Everyday Robots, le premier album solo du musicien de Blur et de Gorillaz. Ses collaborations révèlent au final « une visualisation physique de la musique, l’expression visuelle la plus adéquate ». Son dernier projet solo en date, New Object Research, illustre le prisme des possibilités qu’il parcourt. À l’occasion du show à Londres, il construis aux côtés de Sergio Pizzorno (l’un de ses meilleurs amis et membre de Kasabian) une musique immersive qui correspond à ce que le public voyait. Il s’est aussi lié au producteur Rodaidh McDonald (The xx, King Krule) pour parfaire cette performance sonore. Avec Aitor, c’est un peu rêver pour mieux créer. Ou créer, pour mieux rêver.

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Texte : Anaïs Gningue

g-star.com

Article originellement publié dans le numéro 49 de Modzik, disponible sur notre e-shop.