Corde au doigt, bague au cou. A la veille de l’union conjugale, l’enterrement de vie de célibataire est une tradition inévitable consistant « à faire profiter le célibataire de tous les plaisirs que son prochain engagement de fidélité rendra difficiles voire interdits. » Cette première contradiction mise en avant révèle un certain cynisme : profiter une dernière fois de tout ce qu’on aime faire célibataire avant de ne plus avoir le droit de les faire marié. Toute proportion gardée, comme le condamné à mort qui demande une dernière fois l’epic-meal. Pourtant il n’est pas question de mariage ici mais de la mise en pratique de cette tradition populaire.

Seriously, Modzik se demande plutôt pourquoi en plus de cette fuite en avant qu’est le mariage, certain(e)s futur(e)s marié(e)s s’imposent l’ultime humiliation, la cerise sur la pièce montée : se déguiser en Peggy la cochonne ou en paire de testicules, pour ensuite déambuler dans les rues d’une ville avec ses ami(e)s (et encore au vue de cette tradition/torture, on peut se demander si ce sont vraiment des amis) et vendre des feuilles de papier hygiénique ou des capotes aux passants innocents.

Comble de l’indignation ou preuve d’un second degré (trop) profond ? C’est sur la place publique que se déroule la scène. De préférence le vendredi ou le samedi soir, histoire de ne pas être raté par la foule et exhiber au monde entier un peu choqué que « même si je me marie, je vais grave faire la teuf une dernière fois ».

TRISTESSE. le fun ressemble d’avantage à une tentative désespérée de s’amuser dans un milieu où depuis longtemps rire rime avec samedi soir devant la télé. On les reconnait facilement : un groupe masculin ou féminin surexcité et bruyant, déguisé avec finesse, caméra au poing pour immortaliser ce fun certain et se rappeler que célibataire on se fendait quand même bien la poire. Le ou la futur(e) marié(e) est facilement identifiable par l’absence complète de dignité et de respect de soi-même à ce moment précis. Il ou elle est accompagné(e) par l’amie d’enfance, les potes de fac, les collègues de bureau et l’amie gênée (cette dernière est toujours là, vous la verrez un peu à l’écart quand la mariée prend des photos à côté d’abdominaux rencontrés au hasard dans la rue). Car ce genre d’enterrement de vie de célibataire est assez standardisé. Comme si les derniers plaisirs du célibataire étaient le sexe et l’alcool (ce n’est peut-être pas faux mais en tout cas très primaire et réducteur), la strip-teaseuse ou le strip-teaseur doit être un personnage obligatoirement présent dans ce conte de fée bourré.

Pèlerinage conjugal où l’objectif suprême est de pouvoir dire « oui » le jour J sur l’autel sans avoir de regret, sans se dire « est ce que j’y ai été suffisamment à fond ? », « j’aurai pas plutôt du me déguiser en bébé plutôt qu’en Borat ? », « Si j’avais roulé plus de pelles aux mecs, j’aurais pu me payer le pompier plutôt que le plombier ! Mince ! Non ce sera non, je ne suis pas prête ! »