À l’occasion de la signature de “Mue” — son recueil de nouvelles — l’écrivaine et ancienne mannequin Loulou Robert nous recevait dans la boutique Holiday.

Après Bianca, premier roman récompensé par les prix Goncourt et Hope — sorti chez Julliard — l’écrivaine nous raconte la genèse de sa dernière oeuvre, “Mue”. Préfacée par Leïla Slimani, ce recueil de nouvelles se présente comme un hommage aux femmes libres.

Vous avez commencé à vous faire connaître en tant que mannequin. Mais avez-vous toujours écrit ?

Loulou Robert : Non, jamais. C’est venu très naturellement en réalité, notamment pour Bianca, mon premier roman. Je ne l’explique pas, c’était un besoin vital.

Comment a-t-il été reçu dans l’univers de la mode ? De la littérature ?

L.R : J’ai été très bien reçu dans le monde de la mode. Ça m’apportait quelque chose, j’étais regardée différemment. Par contre, dans l’univers littéraire, c’était différent : il y avait un certain snobisme à mon égard.

Où en êtes-vous dans votre parcours actuellement ?

L.R : Je ne suis plus mannequin aujourd’hui. Être modèle, ce n’est pas essentiel pour moi. Pour autant, je ne regrette pas ce que cela m’a apporté. Mais l’écriture est une passion et c’est ce que je compte faire de ma vie.

On trouve de nombreux portraits de femmes libres et fortes dans votre livre. Pourquoi ?

L.R : J’ai toujours grandi entourée de femmes fortes (ma mère, ma grand-mère) qui m’ont inspirée, c’était une évidence.

Est-ce un geste féministe ?

L.R : Je ne dirais pas cela, non. Je n’aime pas les étiquettes. C’est très spontané.

On voit aussi qu’elles viennent de tous horizons…

L.R : La diversité est là, sous nos yeux. On ne peut pas l’ignorer. Mais plus exactement, je voulais parler de vérité. Je voulais parler de femmes réelles, différentes, qu’elles habitent en Chine ou en Charente.

Pourquoi le titre de “Mue” ?

L.R : Comme un serpent, ce sont des femmes qui se libèrent de leur peau, qui muent.

Vous parlez à la première personne, vous vous identifiez à tous vos personnages ?

L.R : Oui, totalement. J’ai toujours puisé en moi pour mes personnages. Ils sont fictifs, donc ce qui était intéressant ici, c’était l’exercice d’interprétation : j’ai ressenti ce qu’elles ressentaient, je me suis réellement mise à leur place.

Vous dessinez des univers très durs, même le monde du mannequinat n’y échappe pas. Pourquoi dépeindre ces réalités implacables ?

L.R : Oui, je dépeins des parcours très durs. Le mannequinat en est un comme les autres. C’est un métier difficile, dans lequel on est souvent très seule. Dans la nouvelle dont il est question (“Rosie”), la protagoniste n’a pas envie d’être là, mais elle n’a pas le choix.

Votre écriture est très brute, très percutante. À quoi renvoie-t-elle ?

L.R : C’est une musique dans ma tête qui entraîne mon écriture, c’est comme une bataille que je ressens.