Il existe une énergie particulière chez les femmes des peintures de l’artiste parisienne Diane Dal-Pra. Dans un style distinctif, elle juxtapose de l’ancien et du nouveau, par des couleurs et compositions inspirées de la Renaissance. Ses références sont un mélange esthétique de techniques contemporaines et traditionnelles. Tout en affirmant qu’elle aime Picasso, Matisse et Hockney, elle crée des formes modernes, parfois exagérées. Des marques telles que Gucci, Tara Jarmon et Rus lui ont commandé des oeuvres pour de récentes campagnes, indiquant à quel point art et mode font la paire. À l’occasion de son exposition “Acqua in Bocca” à la Galerie Derouillon à Paris, zoom sur les peintures douces et atmosphériques de cette artiste qui occulte les visages en faveur du vêtement. Explication !

Diane Dal-Pra

Pendant cette période où mettre un masque est, ou devrait être, aussi naturel que mettre une paire de chaussettes, Diane Dal-Pra explore notre relation avec les objets, ainsi qu’avec les réseaux sociaux. Une époque où le flot de portraits qui déferle sur nos applications présente les mêmes visages lissés par des filtres. Diktat d’une apparence uniformisée, ce “visage instagram” est comme un masque dont les traits modifiés permettent  un nombre de likes, preuve d’un idéal qui n’existe pas. Diane Dal-Pra peint des portraits à contre-courant de ces codes, disposant un masque littéral sur le visage de ses personnages.

Diane Dal-Pra

 

Cet accessoire qui occulte totalement le visage de ses personnages, souvent voilé, entame la dissimulation de leur corps sous des couches de vêtements et d’objets. Diane Dal-Pra joue sur l’ambivalence du vêtement, entre dissimulation et révélation de l’identité de celui qui le porte, et en fait l’élément principal de ses toiles. Affalées sur leur chaise ou sur une table vide, les figures massives nous interpellent par leur mystère.

Diane Dal-Pra, exposition “A private matter”

Que cherchent à cacher les personnages de Diane Dal-Pra ? Ce vêtement carapace agit alors comme filtre entre une intimité à protéger et le monde extérieur, une seconde peau que Dal-Pra peint avec le plus grand soin. Un masque qui cache nos traits anatomiques pour révéler notre visage social, c’est-à-dire la façon dont on se présente au monde. Ce sont des vagabondes perdues dans leur pensées. Son trait semble être un mix entre une Inès Longevial et un Magritte sauce 2020, et certaines marques ont su capter cette identité hybride en lui demandant de réaliser leur campagne.

De gauche à droite, Diane Dal-Pra x Tara Jarmon, campagne Gucci Bloom (2019)

Découvrez son exposition solo “Acqua in Bocca” à la Galerie Derouillon, jusqu’au 26 septembre 2020 (gratuite).