Une autre voix, tout droit venue de Londres, en la personne de la jeune Adele Laurie Blue Adkins. Après le raz de marée de son premier album 19 – émaillé de perles comme « Chasing Pavements » ou « Hometown Glory » –, son deuxième opus s’intitule, aussi sobrement, 21. On la retrouve donc presque 3 ans plus tard, avec un disque aux accents pop, rockabilly, blues et bien sûr soul, après avoir écumé toutes les scènes européennes et ému les foules avec son timbre si particulier et sa désarmante sincérité…

Ton premier album a été un gros succès. Que s’est-il passé depuis pour toi ?

Tout d’abord, je suis tombée amoureuse pour la première fois. Il ne s’agissait alors plus de moi ou de l’autre, mais de nous. Cela ne m’était jamais arrivé auparavant. Je ne m’étais jamais sentie aussi passionnée. Pour lui, pour la musique, pour être vivante… Pour le meilleur et pour le pire (des choses qui vont certainement me hanter dans les années futures)… Et lorsque cela s’est terminé, j’étais totalement dévastée.

Ce nouvel album a-t-il été un exutoire pour toi ?

Complètement ! Je devais me lancer dans quelque chose à corps perdu, après cette histoire. C’était vital. Cet album aurait pu s’intituler The Rise and Fall au lieu de 21. Je me suis aussi acheté un chien (rires) !

Tu écris et composes seule tes chansons ?

Tout à fait. En réalité, cela a mis un certain temps à venir. Je me rends compte que les meilleures périodes d’écriture sont celles où je me sens triste et misérable. Pour le premier album, je portais ces chansons depuis mes 16 ans, donc me mettre à l’écriture d’un nouvel album m’a fait beaucoup de bien. Ça m’a permis d’aller de l’avant, d’aller au fond de moi-même. Je n’ai pas ressenti de pression pour ce nouveau disque, mais plutôt de la joie, car il m’a donné l’occasion de tourner la page. Je n’ai pas pensé une seconde au fait que je devais livrer quelque chose de plus fort que mon premier album. Je voulais juste faire de la musique et faire de mon mieux.

Ce disque te ressemble donc ?

Oui, carrément. Ce disque c’est bien moi. Pas ce que les gens veulent penser de moi, mais vraiment moi et je pense que cela s’entend. Je déteste les artistes qui font avaler n’importe quoi à leurs fans, parce qu’ils achètent tout ce qu’ils font. J’essaie d’être vraie et je crois que cela peut vraiment toucher les gens, plutôt que d’essayer de donner quelque chose qu’on me demande. J’ai déjà chanté deux de ces chansons sur scène, car j’avais besoin de sentir la réaction du public. Mais j’étais mortifiée.

As-tu des moments de prédilection pour écrire ?

Je suis incapable d’écrire lorsque je suis en tournée ou occupée par de la promotion ou autre. Je dois avoir l’esprit clair et ouvert. J’ai besoin de me concentrer sur l’écriture. Je n’utilise pas de laptop, je n’écris même pas les paroles. Si je n’arrive pas à m’en souvenir, c’est qu’elles ne sont pas assez bonnes ! J’ai écrit quinze chansons en tout, on les a produites et on a conservé les meilleures. Je n’aime pas les albums trop longs. J’aime le format pop avec une bonne densité. Bien sûr, ces chansons sortiront en bonus ou en édition spéciale pour les Japonais (rires) !

Avec qui as-tu travaillé, en production et réalisation, sur cet album ?

Tout d’abord avec rick rubin, sur la plus majeure partie du disque, mais aussi avec Ryan Tedder (producteur d’halo pour Beyoncé, ndlr) ou encore Paul Epworth (Florence an the Machine, Friendly Fires, Plan B, Kate Nash, ndlr). Je ne sais pas encore quel est le son sur lequel je veux me concentrer, il est donc important pour moi de travailler avec des producteurs différents. Dans le futur j’aimerais pouvoir produire ma musique seule, disons que je suis en phase d’apprentissage !

Comment entrevois-tu le futur ?

J’aimerais beaucoup écrire pour d’autres artistes. Et quant aux collaborations en terme de duo ou autre, j’aimerais travailler avec Bon hiver : sa voix me fait littéralement frissonner !

Envie de remonter sur scène ?

En fait, me produire sur scène est atroce pour moi. Je suis mortifiée juste avant de chanter et cela ne se calme pas toujours sur scène : j’en oublie même les paroles (rires) ! Bien sûr, il arrive que j’arrive à me détendre et là, j’apprécie chaque minute. Par exemple je me souviens de mon concert à la Cigale à Paris, en juin 2008, et là, c’était du pur délire. Les gens ne voulaient pas que le concert s’arrête et on a fait je ne sais combien de rappels. C’était vraiment fou !

Propos recueillis par Joss Danjean
Photo François Coquerel

Adele, 21 (XL recordings/Beggars)