Une carrière démarrée en 1989 avec son premier album Let Love Rule, inspiré en partie par sa relation avec l’actrice Lisa Bonet et l’arrivée de leur fille, Zoë. 35 ans plus tard, Kravitz sort Blue Electric Light, son douzième album après cinq années d’absence.

 

 

©Mark-Seliger

 

Tout débute au début de sa tournée en mars 2020, où il décide de s’octroyer un moment de repos dans sa maison des Bahamas avec une petite valise dans l’île d’Eleuthera. C’est là que Lenny se ressource, cultivant ses propres fruits et légumes. L’arrêt soudain des concerts l’a obligé à rester sur l’île, où il a retrouvé un rythme de vie naturel. Cet isolement forcé a déclenché une période de grande créativité. « J’ai composé trois albums distincts pendant cette période. Blue Electric Light est le premier à sortir, mais je travaille sur les autres. » A-t-il déclaré.

L’auteur, compositeur, interprète a mis du temps à se faire accepter. Son label Virgin avait demandé à remixer Let Love Rule pour le rendre proche de Van Halen ou de Bon Jovi, qui cartonnaient à l’époque. En effet, les charts rock étaient composés entièrement d’artistes blancs. Comment un métis osait-il faire du rock, un rock situait à la croisée des chemins ? Mais il tient bon, c’est bien le mix réalisé en collaboration avec Henry Hirsch qui sera gravé. S’engage la tournée promo partout sur le territoire américain en set acoustique. L’album stagne, même si le single est programmé sur des radios alternatives.

 

 

C’est alors que Virgin l’inscrit aux Transmusicales de Rennes. Il monte un groupe rock avec notamment Angie Stone au sax et aux chœurs. On lui explique que seulement 1 % des groupes programmés faisait le buzz. « La scène était toute petite. (…)le public était là, en face, à quelques centimètres de moi. Devant l’urgence de la situation, j’ai réagi comme une bête sauvage. Nous nous sommes déchaînés. » Triomphe critique et public. Il se retrouve en une de Ouest France. C’est le succès français, puis européen qui a déclenché le succès US. Le deuxième album, Mama Said (1991), poursuit de tracer le sillon avec un disque de platine à la clé. Enfin, le monde du rock’n’roll se montre soudain curieux. « À cette époque, je suis devenu proche de Bruce Springsteen, de Prince et de Mick Jagger. » Pourtant, les critiques continuent. Un journaliste de la presse musicale américaine avait même écrit : « Si Lenny Kravitz était blanc, il serait le prochain sauveur du rock’n’roll »… La presse noire n’a pas été toujours cool non plus et a tardé à lui faire de la place. 35 ans plus tard, avec quarante millions de disques vendus et quatre Grammys consécutifs pour la meilleure performance vocale rock masculine, la discussion est close.

 

Blue Electric Light, qu’il décrit comme une « vibration de l’amour, de Dieu, de l’esprit », est sorti aujourd’hui. Composé de douze titres, cet album fait suite à son autobiographie Let Love Rule, parue en 2020. Blue Electric Light démarre avec la mélodie optimiste de Just Another Fine Day, une composition initialement conçue comme une ambiance, où Lenny joue de la basse, des claviers, de la batterie et des cordes, accompagné par son fidèle compagnon Craig Ross à la guitare. Les guitares se retrouvent également sur Love Is My Religion. Lenny visait un titre capable de remplir des stades et d’être repris par le public, et Blue Electric Light, avec son son de guitare très saturé, répond à ce besoin. « J’adore ce morceau. Je voulais que ce soit simple, efficace » dit-il. Paralyzed, avec son ton vraiment méchant grâce à l’utilisation de la Talk Box, constitue un moment à part dans l’album.

 

 

Dans l’ensemble, les guitares sont un peu moins présentes, au profit de titres soul funk plus mid-tempo où l’influence Princière se fait clairement entendre (TK421, Stuck In the Middle, Heaven), et même une ballade très West Coast (Honey).

« Cela ressemble à une nouvelle vague d’énergie et à un nouveau départ, et c’est toujours une merveilleuse façon de se sentir après avoir terminé un nouvel album. Cela vous inspire et vous donne l’énergie pour avancer. »

Blue Electric Light a été écrit et interprété pour la plupart des instruments par Lenny lui-même, avec son guitariste de longue date Craig Ross, en totale indépendance. En effet, il enregistre pour son propre label Roxie, en hommage à sa défunte mère, l’actrice Roxie Roker. Alors que la tournée se profile, le prochain opus est déjà prêt, un disque très épuré (guitare, basse et batterie) à la différence de celui-ci, bourré de synthés et de boîtes à rythmes.

 

 

Avec cet album, Lenny poursuit son exploration sonore tout en restant fidèle à sa vision, qui témoigne de la force intemporelle de sa créativité et de son métissage.

 

Blue Electric Light disponible via Roxie Records/BMG.

En tournée en France, Les Eurokéennes le 5 juillet, Main Square Festival le 7 juillet et Musilac le 10 juillet.

Let Love Rule (avec David Ritz), autobiographie aux Editions Rock&Folk.

 

Texte Lionel-Fabrice Chassaing