La sortie ce jour (17 mars) du nouvel EP du groupe parisien Météo Mirage sobrement intitulé Libre est l’occasion d’interroger les formations actuelles de la scène francophone et notamment la place de la féminité dans la musique des boys band à la française.

 

Gaétan Nonchalant (live), Météo Mirage, Unisun, Supernova, Please, Kids Return ou Papooz, le boys band “à la française” (on entendra ici ce terme comme désignant un groupe musical exclusivement masculin)  s’impose sur scène malgré son esthétique souvent mélancolique et parfois surannée. Sa musique évoque une agréable odeur de vieux cuir des années 70, le parfum d’un parquet poussiéreux de bois vieilli chauffé à l’amplificateur à lampe. Le son est bien mixé, souvent avec du matériel analogique fort coûteux : on marche ici dans le sillon du sentier french-touch qui s’articule notamment autour de la figure du regretté Philippe Zdar. Il faudrait en définitive, écouter cette musique avec son nez, la sentir avec ses yeux et la goûter avec ses oreilles. Une musique qu’on revendiquera d’écouter sur vinyle ” puisque tout de même, il faut la respecter” ou par chance, en concert. Le plus souvent, elle sera “streamée”, ce qui est d’autant plus commode que moins élégant. Cette musique française parisienne sait, par un curieux mélange entre prestidigitation, et référence musicale préserver son élégance et son unicité. Ceci étant, osons le dire, la musique des boys band français souffre parfois de l’absence de féminité alors qu’il y est souvent question d’amour et notamment de femmes.

illustration de l’artiste SamCat.

Dans l’histoire de la musique ce manque d’équilibre amènera certains musiciens à repousser leurs possibilités vocales par une recherche de voix sur-aïgues comme chez les Bee-Gees ou plus drastiquement, à dissoudre leur groupe : on pensera ici à la trajectoire de McCartney et ses années “Wings”. Non pas qu’il faille nécessairement une femme dans un groupe de rock, l’histoire en témoigne: pensons ici aux Doors, à Limp Bizkit ou aux Red Hot Chilli Peppers. On remarque néanmoins que dans l’actualité, des groupes comme Oracle Sisters, Catastrophe ou l’Impératrice  se démarquent en cela qu’ils intègrent dans un squelette boys band une part de féminité qui dénote et détone : “We want more women on stage, plus, they’re more pleasant to watch !” Il suffit pour se convaincre de cette dernière phrase d’écouter le Bach Album des Swingle Singers ou encore de regarder jouer Laura Lee, bassiste du groupe Khruangbin.

Toute l’humanité est ici, toute la beauté de la musique est ici : des voix d’hommes et de femmes qui, dans une communion réciproque déroulent un fil infini de musique par l’unique usage de leurs voix. Finalement, c’est sans doute dans la compréhension et l’appropriation d’œuvres universelles de cette nature que l’on pourrait aussi bien dénouer nos problématiques contemporaines que faire advenir de grandes œuvres musicales.

 

Pour poursuivre votre réflexion, nous vous recommandons le podcast Cherchez la femme orchestrée par l’admirable Flore Benguigui et qui renouvelle l’actualité musicale de la scène francophone.

 

 

 

Texte / Samuel Matous