Mouvement de panique. Il y a quelque mois le trio irlandais Two Door Cinema Club  avait laissé filer la nouvelle d’un album. Véritable phénomène Outre-Manche, les interprètes du très pop ” What You Know” affolent avec un quatrième opus intitulé False Alarm dont ils se sont tout simplement amusé à envoyer un exemplaire dans l’espace quelques minutes avant l’annonce de sa sortie! Un drôle de geste qui résume bien le ton de cet album aux airs à la fois rétro et futuriste. Kevin Baird, Sam Halliday et le rouquin Alex Trimble y slaloment entre voix robotique en mode messagers du futur et une pop bien à eux dont ils ont le secret. Entourés de drôles d’objets dans leur clip, fils entremêlés, portables et autres téléphones à cadrans, le groupe essaye de comprendre le monde digital dans lequel nous évoluons tout en affirmant l’importance de la survie des groupes aux paroles qui tranchent. Monsieur Spock n’est pas loin!

Pourquoi False Alarm?  

Alex : Dans l’album il y a thème assez récurrent à savoir à quel point le monde à changé depuis ces 10 dernières années . J’ai beaucoup pensé au monde moderne et  ça nous a beaucoup affectés en tant que groupe mais ça a affecté tout le monde en général aussi avec internet, le streaming, les réseaux sociaux, la société de consommation et la publicité. Aujourd’hui nous sommes toujours connectés. Connectés aux autres, aux choses avec nos portables . On a toutes ces alertes et ces messages. Mais la plupart de ces échanges sont sans substance. Au final on vit toujours avec cette idée que ” quelque chose va arriver”. Mais la plupart du temps ce sont des fausses alarmes. C’est comme si on vivait en équilibre en s’incitant tout le temps des mauvaises choses à venir. En s’incitant que quelque chose de mauvais va arriver.

Le premier titre de ce nouvel album “Once” est une sorte de clin d’oeil à vos premiers pas en tant que groupe. 

Alex : “Once” explore l’idée de phrase ” Once in a lifetime moment”. Effectivement cela fait beaucoup référence à nos débuts, nous avions tellement de ” once in a lifetime moments”, on voyageait dans de nouveaux pays et on voyait des choses que l’on n’avait jamais vu auparavant, on rencontrait des gens célèbres… C’était juste une super expérience. Mais j’ai l’impression que ce sentiment n’existe plus. J’ai constaté que durant nos concerts les gens étaient plus avec leurs téléphones entrain de filmer  qu’avec nous. En plus si tu mets ce moment sur Youtube ou Instagram, tu peux le regarder un million de fois et il perd toute son unicité. C’est une musique un peu nostalgique de cette époque en somme. 

Est-ce que vous trouvez que le concept de groupe à un sens bien particulier Outre-Manche ? 

Kevin: Oui, en Angleterre on a tous ces groupes indie, à notre époque c’était peu commun d’aller en boîte et d’écouter des dj set, nous c’était les groupes. C’est un peu une contre culture.

Alex: Ca a quelque chose de plus authentique car les groupes sont réputés généralement pour écrire leurs propres chansons, faire leurs propres enregistrements, d’avoir plus de contrôle sur la situation qu’une pop star en bref . Et je pense que cette idée de “grand groupe” subit un revival en ce moment et 2019 va être une super année pour les groupes avec des super nouveaux album comme ceux de Vampire Weekend, Tame Impala ou encore Bombay  Bicycle Club.  On se sent chanceux d’être un des quelques groupes à avoir survécu mais aussi responsables envers les gens de montrer pourquoi les groupes et leurs messages font toujours sens dans notre société.

Vous êtes entré à l’âge adulte avec ce groupe. A quel point en êtes -vous avec False Alarm

Kevin: Je pense que chaque album est une capture d’un point précis de ta vie. Mais ce nouvel album est très différent car nous avons tous les trois grandis individuellement, une chose qui a pas mal changé notre créativité collective.

Sam: En grandissant à Belfast on a toujours eu cette guitare en fond sonore dans notre paysage. Mais notre vision des choses n’a cessez de grandir en voyageant et en découvrant d’autres genres musicaux que ceux de notre jeunesse justement et cet album en témoigne beaucoup je pense.

L’âme révolté du rock persiste tout de même dans cet album . Par exemple, Stasifaction guarented est une chanson très pop sur la société de consommation que vous vouliez présenter de plus près un peu comme Andy Wharol l’avait fait ? 

Alex: Il ne s’agit plus de vouloir nous vendre de nouveaux produits, de nouveaux bien matériels mais aujourd’hui on essaye carrément de nous vendre une meilleure qualité de vie, le bonheur. Mais le bonheur constant n’existe pas. Les gens qui pensent que l’on doit être heureux constamment se trompent et cela conduit plutôt à la déprime. Le fait que le bonheur soit si rare et bref, c’est ça qui le rend magique.

Sam: Mais tu seras plus heureux si tu écoutes notre album ! ( rires)

Kevin : Il y a pas mal de sarcasme dans cet album. On se moque de nous, des autres car on est tous dans le même sac à moins d’être totalement déconnecté du monde moderne mais s’y échapper parait compliqué à moins de vivre dans les bois et d’élever des poules.

C’est la raison pour laquelle beaucoup de titres de votre album nous envoient directement dans un univers intergalactique ? 

Alex: Oui l’espace c’est cet endroit encore inatégnable pour beaucoup, à la fois si proche de nous et si loin. Cette idée d’un nouveau monde, d’un nouvelle planète ou même d’un nouveau paradis.

Kevin : C’est aussi parce qu’on est totalement barrés !

Est-ce que parfois vous avez envie de raccrocher le combiné ? 

Alex : Si notre guitare semble plus électrique et notre verbe plus appuyé sur cet album ce n’est pas vraiment de la colère au contraire c’est un appel au laisser aller positif. Encore une fois on se raccroche à ce qui est sous nos yeux. Puisque nous vivons désormais notre vie en ligne on a du mal à croire que cette personne derrière l’écran a changé et changera. Par exemple j’ai vu que quelqu’un s’était fait interpellé pour quelque chose qu’il avait dit sur Twitter il y’a 10 ans, c’est ridicule. Nos idées passées ne doivent pas définir notre futur, nous devons avoir le droit de changer. Donc il est difficile de raccrocher le combiné même si ça nous démange.

1 Once 3:19
2 Talk 4:24
3 Satisfaction Guaranteed 3:48
4 So Many People 4:42
5 Think 3:52
6 Nice to See You 6:13
7 Break 2:08
8 Dirty Air 4:04
9 Satellite 4:20
10 Already Gone 3:42
11 Talk (Single Edit) 3:37
12 Satellite (Single Edit) 3:21