Trois ans après l’émule Nu Rave bombée de fluo, les Klaxons reviennent avec Surfing the Void. Produit par Ross Robinson, manitou du Nu Metal, le trio londonien flanqué d’un nouveau membre (qui ne s’exprimera pas) signe un retour plus sobre, plus sombre aussi, une pro- cession urgente qui flirte avec l’occulte…

Surfing the Void sonne bien plus sombre et lourd que votre premier opus aux sons très rave. Le fait de faire danser les gens ne vous intéresse plus ?

Jaimie : Bien au contraire. Cet album demeure très dansant dans la rythmique, tu dois juste trouver une autre manière de t’exprimer sur ce disque.

Simon : C’est aux gens d’adapter leurs mouvements, il faut juste changer de danse !

Comment était-ce de travailler avec Ross Robinson, votre producteur ? Il est bien connu pour son travail auprès de groupes nu metal…

James : Travailler avec lui a été presque thérapeutique. Il a été un père, un mentor… Il est quelqu’un d’incroyable pour moi. Nous avons très peu parlé de musique, mais beaucoup de notre état mental. Il nous a beaucoup aidé dans le processus chaotique de l’enregistrement…

Jaimie : Il parle de fin du monde, des choses comme cela… Il tient un discours du style « les pires choses qui vous arrivent peuvent être les meilleures pour vous ». Simon : Sa mère, Byron Katie, est très connue aux USA pour sa méthode du questionnement personnel. Ross adopte cette attitude pour quasiment toutes les choses qu’il réalise.

Il y a trois ans, vous évoquiez le désir d’enregistrer un second album qui serait une sorte de disque de rock progressif étrange… Pensez-vous que vous avez réussi ?

Jaimie : Certes, notre album est étrange ! Nous savions déjà il y a trois ans com- ment sonnerait le prochain album, et on peut même vous dire comment sera le prochain ! Super-créatif, extra-mélodique…

James : encore plus créatif que celui-ci, soyez-en sûrs, toujours pop, mais plus célébratif.

Comme dans votre premier album, il y a un aspect très ésotérique dans les paroles, mélangé à des sons qui peuvent être stridents…

Jamie : Nous faisons évoluer le monde de la pop : je trouve intéressant d’incorporer des choses un peu obscures, un peu secrètes à cette culture. Travailler avec des conceptions anciennes et méconnues et les transcrire dans le champ de la culture populaire, c’est ce qui m’intéresse dans le songwritting.

L’Angleterre aujourd’hui est-elle toujours un pays qui peut apporter de nouvelles impulsions, de nouveaux courants artistiques, en particulier dans la musique ?

James : depuis les années 1990 et le mouvement Young British Artists, c’est vrai que l’Angleterre n’a pas produit grand-chose de neuf. damien hirst, Tracey emin, ce sont des gens qui sont proches de la culture pop, de la musique… Je pense qu’en brouillant les frontières du monde de l’art, ils ont provoqué une certaine confusion chez les jeunes artistes, qui ne savent pas comment rebondir. Je ne sais pas, peut-être que le lien entre art et musique ne se tissera jamais plus, cependant le lien entre musique et mode que tu abordes peut prendre le relais.

Dans quel pays avez-vous préféré jouer ?

Simon : hormis Paris ? Au Mexique, en Australie, en Amérique du Sud, en Grèce…

Jaimie : Quand tu tournes dans des pays où les autres groupes n’ont pas l’habitude de jouer, la connexion avec les fans est beaucoup plus forte.

Simon : Au Japon, l’organisation te prend en charge de l’aéroport à l’hôtel, de l’hôtel au concert et idem sur le chemin du retour : c’est assez amusant !

En parlant de différences culturelles, le NME vous a soutenu dès la sortie du premier album alors que le Rolling Stone américain vous a descendu.C’est intéressant, je trouve.

James : le Rolling Stone américain a changé d’avis depuis ! en Angleterre, quand un truc est lancé, les jeunes l’adoptent immédiatement. le territoire américain est plus vaste, il faut aller sur le terrain, à la rencontre du public, pour le travailler au corps et le conquérir : forcément, ça prend plus de temps. Sans compter que l’incorporation de la dance music dans le rock n’est pas quelque chose de culturellement évident dans leur tradition musicale.

Simon : Tout prend toujours plus de temps aux Etats- Unis. en Angleterre, si le NME t’apprécie, tu passes sur Radio One et tu es lancé. Aux Etats-Unis, il n’y a pas un unique journal de référence ni une radio aussi influente.

Vous sentez-vous responsables, de la vague massive d’adolescents vêtus de tenues fluos en 2007 ?

Tous : oui, totalement ! et nous en sommes très fiers !

Propos recueillis par Mathilde Janin et Ottavia Pellemoine
Photo : Antonin Giudicci
The Klaxons,
Surfing the Void (Polydor)
www.myspace.com/klaxons