Directeur artistique de la maison Christian Dior pendant une durée record de 1961 à 1989, Marc Bohan vient de s’éteindre à l’âge de 97 ans, ce mercredi 6 septembre 2023 dans sa résidence en Bourgogne.

Né le 26 août 1926 à Verrières-le-Buisson dans l’Essonne, sa mère est modiste et son père est dans l’édition. Étudiant en finance, Marc Bohan a rapidement abandonné ses études pour suivre sa passion pour la mode. Il fait ses armes comme apprenti chez Patou avant de travailler en tant qu’apprenti-modéliste chez Robert Piguet, au côté d’Hubert de Givenchy. En 1953, il réalise son rêve et ouvre sa propre maison de couture avenue George V. Malgré une première collection applaudie par la critique, Marc Bohan doit fermer boutique pour mauvaise gestion financière. Il retourne alors chez Patou, en tant que directeur artistique de 1954 à 1957. Quelques années plus tard, il fait la rencontre de Christian Dior qui l’intègre dans ses studios auprès du jeune Yves Saint Laurent.

En 1961, Marc Bohan reçoit un coup de téléphone qui va changer sa vie. Marcel Boussac, propriétaire de la Maison Dior, souhaite qu’il succède à Saint Laurent pour reprendre la direction artistique de l’enseigne. C’est le début d’une grande aventure qui va durer plus de 30 ans. Il dévoile sa première collection automne/hiver qu’il nomme comme un clin d’oeil à M. Dior Slim Look, dont les silhouettes sont ajustées, les jupes raccourcies et les tailleurs dominants. Le succès est au rendez-vous et la presse est élogieuse: «Certes, les collections de Dior, même après sa disparition, ont toujours été somptueuses. Mais elles n’avaient jamais retrouvé cette jeunesse d’inspiration, cette perfection des lignes (…)», écrit la journaliste Françoise Bougon-Colin dans L’Aurore en 1961. Maîtrise parfaite des proportions et de la coupe, il a fait évoluer l’esprit Dior tout en respectant les fondements de la maison. Ce qu’il voulait par dessus tout : créer une mode intemporelle et authentique pour toutes les femmes. On se souvient des coupes sobres, des blouses et des robes à noeuds et/ou volants. Innovant, il permet l’ouverture de l’enseigne à une nouvelle clientèle grâce aux lancements d’une ligne pour enfant Baby Dior, dont Grace de Monaco sera la marraine, une ligne exclusivement réservée aux hommes Dior Monsieur et du prêt-à-porter féminin Miss Dior. Son passage est aussi important puisque c’est à lui que la maison doit son célèbre monogramme « toile oblique », devenue une signature incontournable depuis son apparition pour la première fois, lors du défilé haute couture printemps/été 1969.

Son travail séduira les grandes personnalités de l’époque comme Grace de Monaco, Sylvie Vartan, Elizabeth Taylor ou encore Maria Callas. En 1967, c’est à lui que l’on doit la somptueuse tenue de Farah Diba lors du couronnement de son époux, le chah d’Iran. En 1989, il sera remplacé par Gianfranco Ferré et il reprendra la direction créative de Norman Hartnell à Londres, l’habilleur officiel de la famille royale. Il y restera trois ans avant de se retirer en Bourgogne où il finira ses jours.

Esprit libre et créatif, Marc Bohan laisse un héritage inestimable, continuant d’inspirer des générations entières.