Ils sont beaux, talentueux et amoureux. Pour un peu, SupaKitch et Koralie pourraient poser pour une célèbre marque de fringues branchée. Mais si l’image est leur métier, c’est du côté du street art qu’il faut aller chercher leur inspiration. Les deux trentenaires se sont rencontrés à Montpellier. Elle était étudiante en architecture et peintre, lui directeur artistique dans la publicité et graffeur. « Un ami nous avait demandé à chacun de peindre son bar. Nous nous sommes retrouvés nez à nez un dimanche matin. Nous ne nous connaissions pas, mais nous avons décidé de travailler ensemble. Depuis, nous ne nous sommes plus quittés », raconte Koralie.
Une dizaine d’années et deux enfants plus tard, le couple s’est taillé une renommée mondiale dans le monde de l’art. Ensemble ou séparément, ils ont exposé à Miami, Los Angeles, Portland, São Paulo et Göteborg. Illustratrice et plasticienne, Koralie utilise la peinture, la sérigraphie et le collage pour ses geishas modernes, inspirées des folklores russes, indiens et japonais. L’artiste a semé ses demoiselles colorées dans les rues de Paris et de Brooklyn, où le couple a vécu quatre années. « C’est peut-être un peu cliché, mais New York m’a révélé, relate Supa. Elle est parfaite pour moi : les bâtiments, l’ambiance, les gens. »
Venu du graff et de la culture hip-hop, SupaKitch marie bombe, pinceaux, acrylique, collages et sérigraphie pour composer ses toiles et ses fresques murales. Il est aussi devenu tatoueur depuis quelques années. « Je suis un instinctif, explique-t-il, mais aujourd’hui, il me faut plus de temps pour être content de ce que je fais. » Il y a 7 ans, il a créé le concept « Listen to my picture ». « La musique m’a toujours accompagné depuis que j’ai 10 ans. Quand j’ai compris qu’elle était ma première source d’inspiration, j’ai commencé à vouloir la mettre en images. C’était un vrai challenge. J’ai débuté en faisant des playlists, comme si je faisais des mix en piochant dans ma collection de vinyles. Je les peignais sur des toiles, avec plein de vinyles mis les uns à côté des autres. J’ai fait beaucoup de tributes à des artistes que j’aimais. Et puis, il est arrivé un moment où il a fallu que je produise ma propre musique, précise Supa. Je la représente picturalement avec tout le vocabulaire graphique que j’ai développé depuis des années. Toutes ces formes de fourrures qui s’entrelacent, comme c’est rond et chaleureux, on peut imaginer que ce sont des lignes de basse, des arcs-en-ciel qui courent, un solo de guitare, de petites étoiles, des triangles… Chaque élément graphique peut être apparenté à un son, et ils sont composés visuellement comme on composerait un morceau. Le truc au monde qui me ferait le plus plaisir, c’est qu’un musicien s’inspire aujourd’hui de mes peintures et qu’il mette des notes sur ce qu’il voit… »
En attendant l’union parfaite des partitions graphiques et musicales, le couple a déjà réalisé la pochette de l’album The Big Machine d’Emilie Simon. Et si Koralie se dit plus suiveuse que précurseur dans ses inspirations musicales, leurs immenses fresques murales, réalisées à deux en Suède et à Paris, ont également des allures de symphonies oniriques. « Nous avons toujours eu chacun des univers très différents, explique Supa. Mais les deux se marient très bien. » On confirme. Ensemble, aussi, le duo a créé une ligne de vêtements, Métroplastique. Elle leur ressemble : cool, smart et inspirée.
Par Marie-Pierre Galinon
Exposition à la Galerie LJ, 12, rue Commines, Paris 3e
Vernissage le 1er décembre, jusqu’au 15 janvier
www.metroplastique.com