Parker Day est une photographe basée à Los Angeles qui s’amuse à déconstruire les standards de beauté à l’aide de personnages surréalistes qu’elle fantasme dans son imaginaire à la fois pop et angoissant. Pour sa dernière série photo sobrement intitulée POSSESSION, l’artiste interroge le corps humain et sa façon de se transformer à l’aide d’artifices. Rencontre.

POSSESSION / Parker Day

Peux-tu me parler de toi et de ton parcours dans la photographie ? Qu’est-ce que tu aimes dans la vie ?

Parker Day : J’ai étudié la photo à l’université de San Francisco. Dès le départ, je me suis sentie découragée en tant qu’artiste parce que j’étais une excentrique et je voyais bien que ce qui marchait était les travaux très “commerciaux”. Aux alentours de 30 ans (il y a trois ans, maintenant), j’ai décidé de me consacrer corps et âme à la photographie. Sincèrement, c’est toujours ce que j’ai voulu faire.

Sinon, quelle est la chose que je préfère dans la vie ? Je ne pense pas qu’il soit possible de te donner une réponse puisque la beauté de la vie est la corrélation entre des choses et des gens avec toutes leurs complexités et leurs contrastes.

Comment peut-on décrire ton style ?

PD : Mon style photographique est un mélange entre David Lachapelle et Cindy Sherman, un peu comme si j’avais donné naissance à leur enfant mais, en version technicolor et psychédélique.

POSSESSION / Parker Day

Ta série ICONS représentait des portraits. À présent ta série POSSESSION représente des corps entiers. Quel rapport entretiens-tu avec la nudité ?

PD : ICONS avait un lien fort avec le costume et la façon dont nous forgeons nos identités extérieures à travers l’esthétique. POSSESSION a une approche plus dépouillée où chaque visuel incarne l’aspect d’avoir (ou d’être) un corps. Nous attachons tellement d’importance et projetons tant de jugements sur le corps, cependant, il n’est que la projection matérielle de qui nous sommes. J’utilise le corps dans mon travail comme un véhicule pour transmettre des idées, des croyances et des sentiments.

Ou as-tu trouvé l’inspiration pour les images de ta série POSSESSION ?

PD : Il y a 46 photos dans la série car c’est le nombre de chromosomes qu’on trouve dans l’ADN d’une personne. Chaque photo traite de la signification d’avoir un corps ou d’être vu comme un corps. Mais en même temps je crois en la non-dualité, le fait que tout les aspects de notre être soit en osmose, plutôt que dans la séparation du corps et de l’esprit.

POSSESSION / Parker Day

Est-ce que tu crois au concept de possession, qu’un être humain puisse être habité par quelque chose de surnaturel ?  As-tu une anecdote à me raconter par rapport à cela ?

PD : Non, je n’y crois pas. Je pense qu’en chacun de nous vit une multitude de personnalités et que la possession démoniaque est une idée inventée par peur de l’expression de nos aspects les plus sombres. Cependant, ce genre de possession est divertissante ! Qui n’aime pas l’Exorciste ?

En t’amusant avec des références de la pop culture sur tes modèles, quels sentiments veux-tu créer chez les gens ?

PD : Je veux titiller et exciter les sens des gens. Les couleurs et le contraste sautent aux yeux. Mais une fois qu’ils sont dedans, je veux qu’ils restent un certain temps et qu’ils s’interrogent.

POSSESSION / Parker Day

Est-ce une façon de critiquer ou de faire passer des messages ? Si oui, lesquels ?

PD : Pas vraiment… Je serais heureuse de savoir que j’inspire des personnes à penser, à créer ou à être plus libres dans ce qu’ils sont. Tout vient de moi, motivée par mes idées et mes sentiments d’être vivante, fonctionnant dans ce monde.

Comme pour ta série ICONS, tu travailles avec ce contraste, celui des couleurs vibrantes et du sens dramatique, pourquoi ?

PD : Parce que la vie est ainsi ! Se concentrer sur son obscurité, c’est nier sa beauté. Ce contraste vous fait apprécier les deux aspects.

POSSESSION / Parker Day
POSSESSION / Parker Day