Le 17 janvier dernier, on a eu l’honneur d’assister au défilé de la créatrice du moment et nouvelle emblème de la mode non genrée : Jeanne Friot.

 

On s’attendait à redécouvrir l’amour au dernier défilé de Jeanne Friot. Et le pari est réussi. La créatrice a fait le choix de dévoiler sa collection lors de la Fashion Week Homme de cette année, pour autant rien n’a changé, la maison cherche encore et toujours à s’adresser à tous les genres et identités.

Un thème y était alors représenté : le Coming Out. C’est d’ailleurs le nom qu’elle aura choisi de donner à cette nouvelle collection.

 

 

«  J’ai repris nos deux vestiaires, réels et imaginaires. On retravaille les stéréotypes sur la butch et la fem. »

 

Comme beaucoup de créatifs et artistes, la créatrice prend pour inspiration sa vie et ses expériences personnelles pour nourrir son travail. « En fait, le déclencheur de cette collection, c’est une chanson de Romy qui s’appelle Loveher, où elle raconte son histoire d’amour avec sa femme. Et ça m’a donné l’idée de raconter mon histoire d’amour avec ma compagne », nous a-t-elle confié.

Rythmée par une set list signée Sara Zinger et Jeanne Friot elle-même, la présentation de cette collection retraçait l’histoire d’amour entre deux personnes, inspirée notamment par la sienne. Elle explique alors la création d’un nouveau vestiaire, né du croisement de ceux de deux amoureuses. Mais comme Jeanne ne fait rien sans fondement, elle a aussi cherché à voir plus loin : « J’ai repris nos deux vestiaires, réels et imaginaires. On retravaille les stéréotypes sur la butch et la fem en se posant la question en 2024 : “Que sont ces stéréotypes, comment est-ce qu’on peut les confronter et comment est-ce qu’on peut les transformer ? Comment est-ce qu’on peut rendre visibles les lesbiennes aujourd’hui à travers une collection comme support ?” ».

 

Jeanne Friot © Ecoute Chérie

« L’amour c’est pas juste quelque chose de futile, c’est un étendard politique. »

 

L’objectif de Jeanne Friot semble clair et elle prend à cœur de mettre en lumière une image de l’amour gay plus intentionnelle, authentique et fraîche. Une vision et un discours qui fait écho à beaucoup de problématiques actuelles et qui résonnent avec un public encore en quête de représentation.

En plus d’une créativité remarquable, c’est aussi ce qui explique l’effervescence encore grandissante de ces dernières années autour de la créatrice. On constate d’autant plus cette engouement dans un cadre comme celui-ci, à la fin du show, quand tout le monde se ruent en coulisses. Du monde à foison et milles raisons d’être submergée, mais pourtant Jeanne n’a exprimé que de la reconnaissance : « C’est un peu le meilleur moment quand même ; juste après le défilé, où tous les gens ont aimé et sont très contents. Je pense qu’on s’en est bien sorti ».

L’usage du podium des défilés pour transmettre des images et valeurs chères au créateur est une pratique qui s’immisce de plus en plus dans la culture mode d’aujourd’hui. En l’occurrence, symptomatique d’une nouvelle ère de la mode, cette ferveur autour de la jeune maison française témoigne de la réponse d’un public qui se sent vu et compris. « C’est le but de cette démarche, ramener un truc qu’il manquait à la mode et qu’il me manquait à moi, je pense. Et de dire que l’amour c’est pas juste quelque chose de futile, mais c’est un étendard politique. On a la chance d’avoir ce moment là qui est le défilé, un moment clé où on a de la visibilité. Je pense qu’avec ce qu’il se passe en ce moment, on sait que nos identités, nos sexualités sont de plus en plus précaires. Et c’est aussi le moment de ramener un message positif et politique à l’intérieur de ce médium-là. »

 

Photos Défilé © Gabrielle Langevin

Texte Sarah Agricole