Happy Birthday Colette… Le concept store typiquement parisien à 15 ans. 15 ans déjà que Colette, la mère et Sarah, sa fille, défrichent les créations qui feront la tendance de demain. L’occasion pour Sarah de revenir sur une petite entreprise qui dure… 

Colette a 15 ans. Comment est né le projet ? Comment définiriez-vous l’univers Colette ?

Colette est né avec la visite du 213, rue Saint- Honoré. Nous étions avec ma mère habitante du quartier. L’immeuble était à vendre depuis longtemps mais il ne trouvait pas d’acheteur. C’était un grand espace à l’abandon. Et dès qu’on l’a visité, on a imaginé la galerie, le restaurant, la sélection design, mode, beauté… On aimait des produits qu’on ne pouvait pas trouver à Paris à l’époque et donc l’idée est née de la volonté de les faire découvrir au public parisien… Pour l’architecture et le design, il fallait que ce soit le plus neutre possible, pour mettre en avant les créateurs et les artistes qu’on allait accueillir. 

Selon vous, en quoi Colette se démarque-t-il des autres concept stores ?

Colette se renouvelle toutes les semaines, et ça c’est assez unique. Je pense que c’est ce qui fait son originalité.

Quels sont les secrets de votre réussite ?

Je dirai le plaisir de faire plaisir, la curiosité inlassable. 

Chez Colette, on a le don pour saisir la tendance. C’est un flambeau qu’on se passe de mère en fille ?

Vous savez, on ne cherche surtout pas à saisir la tendance…

Quels sont vos critères de choix pour les produits ? Qu’est-ce qui fait la tendance selon vous ?

C’est très instinctif, nous fonctionnons au coup de coeur, sans se poser de question. Et bien sûr, il faut que cela soit de bonne qualité ! Je dirai que c’est un des critères premiers.

Pourquoi exposer de l’art dans une boutique ? Cette idée était-elle à la base du projet ? Quelles sont les limites que la boutique impose à la galerie ?

Oui, dès le départ, c’était naturel d’avoir un espace galerie au même titre que la mode, la musique, etc. Il n’y a pas vraiment de limite. Chaque artiste a carte blanche pour présenter son travail, et on essaie d’alterner photographie, art contemporain, street art, illustration, vidéo… Il n’existe pas de stratégie de notre part, juste des envies et du feeling. Les artistes et les oeuvres exposés obéissent à la même logique. Pour nos 15 ans, Darcel revient avec 150 portraits de personnalités de la mode, du design, de l’art, de la musique, exposés partout dans le magasin.

Le fait d’être à la fois une boutique et un espace artistique ne vous a-t-il pas parfois desservi auprès notamment des acteurs de l’art contemporain ?

Oui, peut-être que nous n’avons pas été pris très au sérieux au départ, mais très vite, notre programmation est devenue légitime et respectée par le monde de l’art. Il fallait juste faire tomber quelques cloisons.

C’était important pour vous de promouvoir des artistes du street art. Pourquoi ?

Cela s’est aussi fait naturellement. Nous avons envie de laisser s’exprimer la créativité chez nous, d’où qu’elle vienne. Mais c’est vrai que nous nous avons très tôt collaboré avec des artistes comme André, Space Invaders, et exposé Kaws, Espo, Reas, Futura, etc. Nous aimons leur énergie.

Comment dénichez-vous les créateurs que vous présentez dans la boutique ?

Nous essayons de regarder à 360 degrés autour de nous et d’être attentifs. Puis c’est au coup de coeur. Chaque créateur doit apporter quelque chose d’exceptionnel dans notre « puzzle ».

Et les artistes qui exposent dans la galerie ? Et ceux présents sur les compilations Colette ?

Exactement de la même façon. Pour les compilations, elles ont longtemps été conçues par Michel Gaubert et Marie Brannelec. Les dernières sont réalisées par des invités comme Jefferson Hack ou Clément Vaché qui s’occupe de la sélection au magasin.

Y a-t-il un lifestyle Colette ? Si oui, par quoi se caractérise-t-il ?

Difficile de se rendre compte. On n’essaie pas vraiment d’en créer un. Nous sommes juste très ouverts et sensibles à des choses qu’on a envie de faire partager. Chacun le prend à sa façon.

Vous proposez souvent des produits en édition limitée, qui attisent la curiosité, l’envie. C’est voulu, j’imagine…

Oui, c’est important de satisfaire nos clients avec des produits vraiment uniques, qu’ils ne pourront pas trouver ailleurs.

Et votre clientèle, comment la définiriez-vous ?

On dit souvent de 7 à 77 ans mais je crois que c’est même plus extrême. Notre clientèle est parisienne ou internationale, fashion ou pas du tout ! On aime cette grande diversité !

Quelles sont les pièces maîtresses qui ont fait la notoriété de la boutique ?

Mais il y en a tellement depuis 1997 ! Impossible de choisir ! Désolée !

Vous avez présenté des collections spéciales signées Scarlett Johansson, Kate Moss, Lagerfeld ou encore Marc Jacobs. Comment obtenez-vous de telles exclusivités ?

Encore une fois, cela se fait naturellement. Les marques nous font confiance car elles savent que nous exposerons leur collection avec amour et que nous pourrons toucher une clientèle assez large.

Vous exportez des événements à Tokyo ou à New York. Est-ce important pour vous de promouvoir l’esprit Colette à l’international ?

Exporter est un grand mot trop sérieux, mais effectivement, cela nous amuse de pouvoir faire quelques événements ponctuels à l’étranger : NY, Tokyo, Londres, L.A., … Cela permet de faire découvrir un peu de Colette auprès de notre clientèle internationale.

Que peut-on souhaiter à Colette pour la suite ? L’ouverture d’une boutique aux États-Unis ou au Japon par exemple ?

Oh non, pas du tout ! De continuer à grandir mais tout en restant au 213, rue Saint-Honoré seulement. On aimerait en revanche développer davantage le online, et continuer à rencontrer des créateurs fantastiques pour de nouvelles surprises au quotidien !

 

Colette 213, rue Saint-Honoré, Paris 1er

01 55 35 33 90

du lundi au samedi de 11 heures à 19 heures

http://www.colette.fr/

Propos recueillis par Charlène Salomé