Le chanteur canadien Peter Peter a publié son troisième album intitulé Noir Eden, un opus empreint d’une sensibilité sans pareil. Écrit à l’aide de la technique dite de l’écriture automatique, le disque couvre divers sujets personnels qui, étrangement, résonnent chez l’auditeur et l’enchantent dès la première écoute. Voici notre interview avec le chanteur, disponible dans le MODZIK #51

Un an seulement s’était écoulé entre tes deux premiers albums, mais cinq années entre le deuxième et le troisième. Comment expliques-tu ça ?

Il s’est passé beaucoup de choses. La durée de vie du deuxième notamment, qui était sorti en 2012 au Canada mais seulement en 2014 en France. Et puis j’ai emménagé en France, ce qui m’a pris plus de temps que je ne le prévoyais.

Inventée en France, l’écriture automatique semble très utilisée au Québec. Pourquoi selon toi ?

Je ne sais pas. En ce qui me concerne, mes premiers jets sont toujours automatiques ; des mots s’échappent quand je fredonne sur mes airs. Puis des phrases et enfin les textes. Je parlerais donc plutôt d’une écriture naturelle. Une écriture d’instinct.

Qu’apporte selon toi cette spontanéité à ton œuvre ?

Je suis curieux de ce qui se cache derrière. Je pense que l’auditeur aussi. J’aime les paroles cryptées, qui formulent dans l’esprit de belles images, qui peuvent conduire à une lecture sur plusieurs strates, induisant une connexion des inconscients. Je défends par là une liberté d’interprétation également.

Qu’est-ce qui t’a poussé à utiliser des sonorités électroniques ?

C’est tout bêtement la force des choses. Je ne pouvais balader mon studio dans ma valise durant mon long transfert entre Montréal et Paris. J’ai dû faire au plus simple, et j’ai donc découvert la production par ordinateur. Je trouve poétique que l’électronique soit comme la musique de la solitude.

Tu as donc pris plaisir à une autre manière de composer ?

Complètement. Je suis heureux de me rendre compte que je peux mener un projet jusqu’à son terme. J’ai bien évidemment mis un point final à l’album avec une équipe, mais il était déjà presque terminé. C’est gratifiant.

Les textes sont très référencés culturellement. Tu écris seul ?

Oui, j’écris toujours seul. Ça me permet d’exposer ma personnalité. En termes de références, elles sont surtout littéraires.

Tu vas jusqu’à créditer ton chat sur ton album. Qui est-il pour toi, hormis un animal de compagnie ?

C’est le chat de ma copine, en fait. Il m’a apporté la sérénité qui me manquait. J’ai composé Noir Eden à Montrouge, dans une période d’anxiété nationale, sous état d’urgence. J’ai été bluffé par son calme perpétuel. Les chats sont fascinants par leur maîtrise d’eux-mêmes. C’est une personne plus qu’un animal pour moi.

C’est quoi la mode pour toi ?

Je ne peux pas nier que je choisis soigneusement mes vêtements. C’est quelque chose qui fait partie de la vie de tout le monde. Mais je t’avoue être parfois angoissé sur les questions d’esthétique. Je n’irais jamais de moi-même à la Fashion Week.

(Veste en cuir ACNE STUDIOS Pull J.W. ANDERSON Pantalon GUCCI)

Scène ou studio ? Scène. Mais j’ai bien évolué sur la partie studio grâce à l’album.

Sucré ou salé ? Salé ! Le seul sucre que je mange est dans les fruits.

Hiver ou été ? L’été sans hésiter. Je ne me suis jamais habitué à l’hiver, bien que je sois Canadien.

Paris ou Montréal ? Paris, car j’y habite désormais.

Mer ou Montagne ? Pour sûr, la mer.

Ta tenue vestimentaire ultime ? Un jean noir, sûr… (après hésitation) Du noir.

Tu as vécu dans le 18e. Que peux-tu nous en dire ?

J’aime sa dualité. C’est le premier arrondissement que j’ai connu. J’ai produit l’album à Montrouge, mais je suis retourné y vivre, près de Jules Joffrin.

Et pour finir, tu t’en es finalement sorti avec l’administration française ?

Oui ! J’ai galéré mais tout va bien. Je suis en règle maintenant.

(Pull en maille et bombers AMERICAN VINTAGE Pantalon et sneakers AMI)
(En une, Peter Peter porte une chemise et un jogging AMI)

Photos Victor Pattyn
Style Nicolas Dureau
Interview Jakob Rajky
Maquillage Yann Boussand Larcher
Coiffure Mathieu Laudrel
Assistant Style Kevin Montigny