LE DIGITAL COVER

 

CRÉDITS MODE DIGITAL COVER

Lescop porte un blouson aviateur Dash Snow en agneau CELINE, débardeur SANDRO et pantalon HUSBANDS. Chelsea boots en cuir de veau avec harnais et bout en métal CELINE et des lunettes de soleil en acétate RAY-BAN.

 

 

LA SÉRIE MODE

 

 

 

CRÉDITS PHOTOS, COVER DIGITAL ET SHOOTING

Photographe Justino Esteves – Styliste Barbara Boucard – Make Up Artist Morgane Guenot

 

 

 

RHYTHM. BY MODZIK LIVE SESSION

CRÉDITS MODE LIVE SESSION

Lescop porte une veste, une chemise, ceinture et Chelsea boots en cuir de veau avec harnais et bout en métal CELINE et un pantalon HUSBAND.

 

 

L’INTERVIEW

 

 

Si le mot « élégance » n’existait pas, il faudrait l’inventer. 
Dans ce Rêve parti, l’intelligence et le charisme de Lescop sont bien de retour.

 

 

L’inspiration est à ce point contagieuse que l’on a envie de juxtaposer beaucoup trop d’adjectifs enthousiastes pour transmettre nos impressions. Parce que oui, le garçon est impressionnant. L’avez-vous vu chanter, et surtout danser, dans le clip Exotica ? Et bien, lorsqu’il nous parle de Rêve parti, son troisième – et plus bel – album, son magnétisme agit tout autant.

Enfant naturel du rock et du punk, Mathieu célèbre l’électro-pop dans Lescop, son projet solo. Les puristes assurent même qu’il aurait « réinventé la new wave à la française ». Après deux albums solo, il monte Serpent – un groupe punk-funk où il chante en anglais – pour revenir aujourd’hui avec le Rêve parti de Lescop, en sommeil depuis presque huit ans. Depuis Écho, le précédent album de Lescop, Mathieu a vécu plusieurs aventures de comédien. Une expérience théâtrale fondatrice, Paranoid Paul – mise en scène de Luc Cerruti – puis quelques rôles au cinéma : Playlist de Nine Antico ou Des gens bien ordinaires, l’audacieuse série écrite et réalisée par la star du X Ovidie.

 

On ressent différentes périodes dans ta création, comme c’est le cas pour certains peintres. Est-ce que tu veux bien me parler de ton cheminement, des états d’âme qui influencent ton parcours artistique ?

S’il y a un fil conducteur, c’est la quête de soi, un peu comme chez tous les artistes. Je cherche à me comprendre et à me connaître à travers ce que je fais. Ce qui est important, ce n’est pas tant ce que le chanteur dit dans la chanson, c’est ce que la chanson a à lui dire.

Après, oui, je suis passé par plein d’étapes. Au départ, je me destinais à être plutôt acteur, j’avais fait un conservatoire. Et puis je suis devenu chanteur parce que j’étais fan d’un groupe dans la petite ville où j’habitais : à un moment, ils ont cherché un chanteur, j’ai pris ce rôle-là, et je l’ai défendu.

J’ai toujours été un grand fan de rock. En fait, moi, je viens du rock. Ma musique solo elle a un côté pop-électronique, mais mon ADN il est rock. Ma façon d’écrire et mon imaginaire sont liés à des héros qui sont plutôt issus de la culture punk et rock. Shane MacGowan (The Pogues, NDLR) était un de mes héros de jeunesse.

 

Tu te souviens du premier album que t’as acheté ?

Le premier disque que j’ai acheté c’était un 45 tours à l’époque et c’était Devil Inside de INXS. Donc voilà, on est bien dans la culture rock (rires).

 

Le titre Les garçons a une mélodie très pop, mais il aborde avec une profondeur assez inédite le sujet de la masculinité (qui n’a pas l’air facile à porter). Quel est ton rapport personnel à cette masculinité ?

Mon rapport à la masculinité, il est complexe parce que, quand j’étais gamin, j’ai mis du temps à me comprendre en tant que garçon. Je n’appartenais pas aux injonctions qui étaient faites, à la virilité, tout ça… Et j’avais un peu un rejet quand j’étais ado et jeune homme.

Et puis j’ai rencontré des garçons qui n’étaient pas du tout comme moi, qui étaient très « garçons », très virils. Et je les ai trouvés émouvants, même si moi, je ne me suis jamais reconnu dans ce modèle-là. Mais j’ai vu quelque chose chez certaines personnes, et c’est un peu ça dont je parle dans la chanson.

À une période de ma vie, j’ai un peu traîné avec des voyous, parce que je voulais faire des expériences en dehors des sentiers battus, et j’ai fréquenté des gars plus durs que moi. J’ai vu aussi beaucoup de douceur chez eux et de gentillesse. Ce n’était pas forcément ça qu’ils exprimaient au quotidien mais peut-être que, comme j’étais différent d’eux, avec moi ils osaient l’exprimer. En fait, cette chanson leur rend un peu hommage. C’est mon regard doux sur des gros durs.

Moi, je n’ai pas d’avis sur comment doit être un homme, je n’ai pas d’avis sur le genre. Là, il y a plein de choses qui changent par rapport à ça, c’est très bien et je découvre tout ça avec curiosité, avec intérêt.

 

« Je trouve que l’image a pris de plus en plus de place aujourd’hui dans la façon de défendre la musique. Et moi, c’est quelque chose qui me parle, qui me touche. »

 

 

Tu es comédien de formation. As-tu déjà pensé à un projet qui mélangerait comédie et musique ?

Pour moi c’est déjà un peu le cas. Je ne joue pas un rôle, mais j’incarne quelque chose en montant sur scène et en défendant mes chansons de la manière dont je le fais. Il y a une certaine théâtralité.

Après, on tourne des clips régulièrement, et le clip c’est quand même un objet filmique. Je trouve que l’image a pris de plus en plus de place aujourd’hui dans la façon de défendre la musique. Et moi, c’est quelque chose qui me parle, qui me touche. Je trouve ça bien. Je venais d’un milieu plus alternatif au départ, où tout était centré sur la musique. Quand on était trop dans l’image, c’était un peu suspect, c’était un peu « pêché ». Alors que moi, ça ne m’a jamais dérangé, au contraire. Aujourd’hui ça a changé et maintenant, même les projets indépendants et alternatifs se mettent beaucoup à l’image.

 

Est-ce que tu abordes Lescop comme un personnage ?

Je ne sais pas, je n’ai jamais trouvé la réponse justement. Je pensais qu’en ayant un silence de sept ans entre mon deuxième et mon troisième album, j’allais en savoir plus là-dessus… mais je ne sais toujours pas. C’est une sorte d’avatar, mais je ne sais pas si c’est moi qui ressemble à Lescop ou si c’est Lescop qui me ressemble. On se toise l’un l’autre. Ce n’est pas un personnage complètement inventé non plus. Ce n’est pas Ziggy Stardust ou Slim Shady ! (rires). C’est moi, mais ce n’est pas le même moi que je suis quand je suis avec mon fils, avec ma femme, quand j’ai ma vie à moi. Lescop c’est mon moi public.

 

Ton album parle d’amour, de sensualité, de rupture. La femme papillon t’empoisonne, Les garçons sont « des fauves endeuillés quand ils tombent amoureux ». C’est douloureux et compliqué l’amour ?

Oui, c’est quelque chose qui peut être très douloureux et très complexe l’amour, c’est ça qui est fascinant et c’est pour ça aussi que les artistes le chantent, le peignent, l’écrivent depuis longtemps.

Dans mon album, effectivement, je parle beaucoup de ruptures. Mais en fait ce sont des ruptures amicales. J’ai un sens de l’amitié très affûté et il y a une porosité entre amitié et amour. Quand j’ai un ami ou une amie j’en suis un peu amoureux. Je ne dis pas que c’est ambigu, mais je pense que l’amitié est une forme d’amour.

Je me suis brouillé avec deux amis dont je me suis séparé. Ça m’a beaucoup affecté et beaucoup de chansons de l’album parlent de ça.

Ça a été de vraies ruptures, aussi douloureuses que l’auraient pu l’être des séparations amoureuses. L’amour, ça peut faire mal. Pourtant, c’est ce qu’il y a de plus beau.

Moi je suis quelqu’un d’excessif et j’ai un tempérament addictif. Donc c’est aussi ça qui fait qu’il y a beaucoup de chansons qui jouent un peu sur le point commun qu’il peut y avoir entre l’amour et l’addiction. Le jeu, La femme papillon, dans ces morceaux on ne sait pas si je parle d’une drogue ou si je parle d’un amour ou d’une amitié. Même moi je n’ai pas la réponse.

 

Penses-tu qu’un album soit toujours une réponse musicale à sa vie personnelle ?

Je ne sais pas de quoi je pourrais m’inspirer d’autre. Je ne sais pas moi comment font les gens pour inventer de toutes pièces des œuvres d’art, je ne suis pas Tolkien, tu vois (rires). Non, moi, comme disait Lénine « je travaille avec le matériel existant ».

 

Est-ce qu’on écrit mieux quand on est heureux ou quand on est triste ?

Moi, je ne sais pas écrire quand je suis triste. Mais en général, chez moi, c’est la colère qui prend le dessus. La tristesse ce n’est pas un sentiment que je connais beaucoup. La mélancolie, ça peut m’arriver, mais assez rapidement ça se transforme en colère. C’est un exutoire, une manière de sortir de ma mélancolie. Et je sais écrire quand je suis en colère. Je pense que les gens qui écrivent sont des gens affectés. Si j’étais épanoui en tout, je n’aurais peut-être pas envie d’écrire en fait. C’est pour ça que je parlais de quête de soi, parce que c’est aussi une quête du bonheur, d’écrire. J’essaie, à partir de mes expériences malheureuses, de construire des choses qui vont me rendre heureux.

 

 

« C’est un effort de rêver, dans un monde qui va de plus en plus mal. Et pourtant, si on y réfléchit, c’est la seule manière d’inventer un avenir meilleur. »

 

Le titre Rêve parti a un petit côté mélancolique…

Oui, c’est le morceau le plus mélancolique de l’album et c’est le plus nostalgique aussi. Ce morceau parle d’une rupture amicale. Et une relation qui se termine, c’est un rêve qui s’en va.

Et en même temps, je trouve qu’il y a une résonance aussi avec tout ce qu’on vit en ce moment. Je trouve qu’on vit tous un peu aujourd’hui dans un « rêve parti ». C’est un effort de rêver, dans un monde qui va de plus en plus mal. Et pourtant, si on y réfléchit, c’est la seule manière d’inventer un avenir meilleur. Il faut des gens concrets, mais il faut aussi des rêveurs. C’est ça le rôle des artistes. On ne va pas sauver le jeu, en revanche, on peut inventer quelque chose de beau.

 

Tu vas commencer une tournée dans pas longtemps. Comment l’abordes-tu ? Ça représente quoi pour toi le live ?

Je suis hyper impatient, hyper flippé aussi. Le trac, c’est de l’impatience mêlée à l’envie de bien faire. J’aimerais que cette tournée soit la plus belle que j’ai faite jusqu’à maintenant. Je pense que Rêve parti est le plus bel album que j’ai fait, donc il n’y a pas de raison que la tournée ne soit pas à la hauteur de cet album.

 

Tu écoutes quoi en ce moment ?

En ce moment, j’écoute une chanteuse turque qui s’appelle Gülden Karaböcek. J’écoute Baxter Dury, Yellow Magic Orchestra, Eloi, et puis je réécoute pas mal les Smashing Pumpkins qui était un de mes groupes préférés quand j’étais ado.

 

Et il y aurait un artiste avec qui tu aimerais faire une collab ou un feat ?

Et bien justement Eloi, l’autre jour où on s’est croisés dans la rue et on s’est dit qu’il fallait qu’on se revoie. Ça me plairait de faire quelque chose avec elle. J’aime bien aussi Vonfelt, qui commence à faire parler de lui. J’avais bossé avec Claude, plutôt sur un regard scénique, et j’aimerais bien faire un truc avec lui un jour. S’il est d’accord, évidemment (rires). Et bien sûr, je serais ravi de collaborer à nouveau avec Étienne (Daho, NDLR). Il m’avait invité à chanter Le grand sommeil avec lui dans une émission télé. Etienne, c’est quelqu’un que j’aime beaucoup. Très élégant, très gentil, très créatif. Il a un regard vraiment affûté sur le monde, sur la musique et sur l’art en général. C’est un homme d’une grande culture et d’une grande curiosité, et c’est ça qui m’inspire chez lui. Ça fait un petit moment que je ne l’ai pas vu, mais on se croise régulièrement. La dernière fois c’était à un défilé de mode.

 

En parlant de mode, quelles sont les tenues que tu aimes porter ?

J’ai plusieurs looks. Un look casual où je vais mettre des Desert boots en nubuk, un jean, une chemise. J’aime bien avoir un look un peu anglais, côté Manchester, avec une écharpe écossaise, une gabardine, un long manteau gris. J’ai été imprégné par la brit pop quand j’étais gamin, par les looks façon frères Gallagher.
Et sinon, quand j’ai envie de m’habiller un peu, j’aime bien avoir un pantalon de costume un peu flare, droit mais assez large avec des boots à talons. J’aime bien porter un cuir ou des vestes de costumes aussi.

Pour moi, l’idéal masculin de look en costume, c’est Richard Gere dans American Gigolo. Ma réf c’est ça. J’adore ce film et j’adore comme il y est sapé. Il y a un côté un peu large des pantalons des années 70 et, en même temps, tu as déjà un pied dans les années 80 où tu sens que ça va être ligne claire, minimale, plus agressive. Le style Armani, Saint-Laurent de cette époque-là, je kiffe trop ça.

 

Tu as une bonne culture mode ! Tu as dû te régaler aujourd’hui…


Carrément, c’était génial ! J’ai fait Pretty Woman quoi ! Pour citer un autre film avec Richard Gere (rires).