Une image de deux corps à moitié immergés, même blouson, deux visages qui semblent respirer quiétude et bonheur d’être ensemble. C’est la première image de Pierre, le parisien, et Samuel, le londonien, duo fondateur de Rose Rose.

 

Rose Rose, Photo Romain-Ruiz.

 

Une histoire d’amitiés

Les deux compères nous expliquent : « c’est une des premières photos qu’on ait fait. Un ami photographe a fait cette image, alors que nous n‘avions encore rien sorti en musique. Il y a un côté solaire qui est représenté qui s’associait très bien avec notre musique. Nous étions en vacances, on passait un super moment et cela apparait dans l’image. Cela nous a beaucoup inspiré. » Une histoire d’amitié aussi musicale, Tom Daveaux (batterie) et David Gaugué (basse), membres éminents de L’Impératrice ont travaillé avec le duo parisiano-londonien.

Rose Rose est avant tout l’aboutissement de deux années de travail, qui a débuté par un week end entre potes à Londres. « Au final, on est resté deux jours dans une chambre à faire de la musique. On essaie de faire référence à notre enfance. Ce sont nos goûts musicaux mais aussi ce qu’écoutaient nos parents. Cela a été une énorme influence pour Pierre et moi. Que ce soit la Motown, le rock notamment et tout ça mélangé avec la french touch, la musique électronique », nous confie Samuel, grand collectionneur de synthés. « Le matériel et moi, c’est un ami et un ennemi. J’ai beaucoup de machines, un peu vintage. J’aime bien choper des machines un peu plus vieilles. C’est un peu comme la madeleine de Proust, ce sont les sons de ton enfance, des sons qui vont te plaire inconsciemment. Ça te fait penser à quand t’étais dans la voiture avec tes parents On essaie de faire un peu ça avec notre musique. Une musique qui nous rend heureux, c’est un peu bête de dire ça. »

 

Image : instagram makeitroserose

 

Sugar Hill, premier single

Pierre : « Le premier single, ça a été une évidence. C’était celui qui nous plaisait le plus ». Samuel complète « On cherchait avec Pierre ce moment de plénitude et d’accord parfait. Sugar Hill fut le premier morceau dont on était pleinement satisfait. Quand tu es deux dans un groupe, il y a vraiment ce truc, on doit s’entendre. On ne répartit pas les tâches avec Pierre, on fait tout ensemble. C’est un échange constant, un ping pong constant mais on gagne le match ensemble. »

Un match réussi qui finira par aboutir à un EP intitulé Eye to Eye influencé par leur amour pour le disco, la house et la pop, ainsi que par la scène électronique française du début des années 2000. Pop-lounge et soul avec Charlotte et Sugar Hill, plus funk avec le très « Jungle » Sky Queen, pour se terminer par Mustang à l’ambiance nu-disco.

 

 

Deux personnalités ancrées dans leurs temps

Même si leur musique rend hommage à la French Touch, Pierre, qui fait du marketing digital et Samuel, peintre et sculpteur utilisent les moyens actuels de création. « Toutes nos couvertures sont faites en 3D ; on essaie de rendre le réel, le manuel versus le digital. C’est comme ça qu’avec Pierre on crée de la musique. On est dans une époque où on mêle le physique et le digital., où on essaie de représenter le monde physique dans le monde digital et vice versa. Pour nous, c‘est très important d’inclure une empreinte du moment vécu dans l’artwork. Si le monde change dans deux ans, on changera aussi notre artwork avec. » explique Samuel. Et la musique ? : « l’IA, on commence à regarder ce qui s’y fait. Ça nous intéresse. Pour l’instant, on n’a pas encore trouvé le moyen de l’intégrer à notre work flow. Il existe déjà des pluggins sur nos logiciels de MAO qui utilisent l’IA. Dans le futur, cela va être encore plus utile. Cela ouvre des cases de créativité. Parfois, on lui pose des questions et elle va répondre out of the box. On ne s’y attend pas et elle va nous apporter une autre façon de voir notre sujet de réflexion sous un autre angle et nous apporter des solutions différentes. », poursuit Pierre. « C’est comme avoir un troisième cerveau ou avoir une troisième personne dans la salle. Pour ce rôle là, sa présence est justifiée dans notre work flow. »

Rose Rose a notamment utilisé l’IA pour leur couverture de leur single Sky Queen avec la génération d’un tatouage sur un poignet.

 

Image : Sky Queen cover

 

Du studio à la scène

Lorsque nous les rencontrons à Rock en Seine, nous découvrons que c’est leur premier concert et leur premier festival en tant qu’artistes. Pierre : « C’était à la fois excitant et stressant. On s’est senti récompensé par la réponse du public. C’était plein de choses intéressantes. On est très fier de ce qu’on a fait aujourd’hui. C’est donc une première étape vers d’autres lives, un set plus long et peut être avec des formations de live plus étoffées ou différentes, afin de rendre le show plus organique, de le faire évoluer entre organique et électronique. »

Samuel : « On voudrait vraiment délivrer un show et préparer un light show pour les salles. C’est comme un jeu, on adore faire les artworks, réfléchir à tout ça, c’est hyper important pour nous. Les clips, on prend un plaisir énorme à faire ça. »

En attendant les prochains concerts, Rose Rose vont continuer à traverser la manche pour composer l’album qui s’annonce un peu funky, un peu disco et un peu électronique. Mais qui selon Pierre et Samuel va « carrément bouger. Il s’agit de ne pas se mettre de barrière dans ce qu’on va produire et continuer à explorer ce qu’on n’a pas encore découvert et expérimenté. »

 

Rose Rose, photo Louis Comar

 

www.roserose.dance

 

Texte Lionel-Fabrice CHASSAING