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Kitsuné est un cas à part dans le monde de la mode et de la musique puisqu’il peut se targuer d’être à la fois un label musical des plus pointus et respecté ainsi qu’une griffe mode française intitulée Maison Kitsuné qui est parvenue à s’exporter hors de l’Hexagone. Quand au label Kitsuné Musique, il est devenu un tremplin de choix pour de nombreux jeunes talents musicaux. Cette interview & playlist signée Gildas Loaëc, l’un des boss du label, est l’occasion de revenir sur le parcours de ce label qui n’a pas démérité durant toutes ces années. Parmi les dernières signatures on compte sur Matveï, Tim Ayre et Khazali bientôt rejoints par d’autres talents alors que le reboot 2021 du label se prépare activement.

– Flashback : Comment et quand est née l’idée d’un label musique et d’une griffe mode ?
Nous avons créé Kitsuné en 2002 avec Masaya Kuroki, avec la volonté de faire ce qui nous plaisait de nos journées, de créer notre propre marque qui reflèterait nos passions et vice versa, avec toujours en tête cette envie d’entreprendre et de partager notre art de vivre. Comme nous étions tous les deux passionnés de musique et grâce à mon expérience musicale acquise aux côtés de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, faire un label de musique coulait de source. En revanche, faire la marque de vêtements Maison Kitsuné a été plus laborieux au démarrage car nous n’étions pas du métier. Nous voulions faire des vêtements qui nous plaisaient : moderne, chic, parisien…
Plus récemment on a eu envie de créer Café Kitsuné avec des lieux où on sert du bon café et du bon matcha. C’était assez naturel pour nous, surtout pour Masaya qui a toujours été attiré par le café.

– Quel a été l’élément déclencheur du projet ?
L’idée nous est venue lors d’un voyage à Tokyo avec les Daft Punk où Masaya nous avait accompagné. C’est là qu’on s’est dit qu’on voulait créer une structure qui mêlerait nos origines française et japonaise, et qui rassemblerait une multitude de nos passions comme la musique, la mode, le design, le café et d’autres encore, peut-être. On souhaitait créer une marque sur-mesure qui reflète notre mode de vie.

– Quel est l’ADN de Kitsuné Musique ?
L’idée du label a toujours été de dénicher les artistes émergents d’aujourd’hui, qui seront incontournables demain. On a commencé en sortant des compilations qui rassemblaient de nombreux artistes sous un même thème et de tous horizons musicaux. On a ensuite sorti des singles d’artistes et de groupes encore méconnus à l’époque en commissionnant des remixes de ces titres par des DJs et producteurs prometteurs. Petit à petit, on est devenu légitime pour se lancer dans le développement d’artistes, c’est comme ça qu’on a pu devenir le premier label d’artistes comme Parcels, Two Door Cinema Club, Digitalism ou Years & Years.
On continue de se renouveler, le roster évolue régulièrement, et aujourd’hui on travaille notamment avec Matveï, un jeune producteur français très talentueux qui va très vite se faire une place dans la scène club internationale.

– Pouvez-vous donner quelques anecdotes concernant des titres emblématiques de Kitsuné ou des moments clés dans l’histoire du label ?
La sortie du titre “Overnight” de Parcels en collaboration avec Daft Punk est un très bon souvenir. Avec Kitsuné, on a organisé les premiers concerts de Parcels dans plusieurs villes comme New York, Tokyo ou Paris. J’avais invité les Daft Punk concert de Parcels à Paris, une soirée Kitsuné Afterwork, c’est là que cette superbe collaboration inattendue a débuté. Quelques mois plus tard, le morceau « Overnight » sortait partout.

Un autre très beau moment pour nous a été le disque de platine de Two Door Cinema Club sur l’album Tourist History, c’était la première fois qu’on décidait d’accompagner un groupe sur la durée et de produire leurs deux premiers albums. Ils ont énormément bossé pour y arriver, ils ont passé des mois et des mois sur la route à enchaîner les concerts. Et c’était pour nous une énorme réussite que d’aller chercher ce disque de platine en Angleterre.

– le business de la musique a terriblement changé : comment entrevoyez-vous la suite du label ?
Le modèle actuel de la musique convient parfaitement au modèle de Kitsuné. On s’est construit sur des sorties de compilations (ou playlists) et de singles qui sont aujourd’hui au cœur du streaming. On continue de se renouveler, notre focus actuel est notre programme de sorties de single 100% streaming. On sort 3 morceaux par semaine, tous ajoutés dans une playlist, New, Hot & Fresh. On a remis la curation au centre du label. On a d’ailleurs poussé ce projet un peu plus loin en y mêlant le design à travers des collaborations mensuelles avec des artistes visuels qui élaborent les pochettes.

– Quel serait votre prochain challenge ?
Toujours rester pertinent. Tout bouge très vite avec le digital et on se remet constamment en question, ça nous permet d’être ouvert à la nouveauté et de continuer d’innover. En ce moment, on réfléchit à comment on peut continuer de faire nos événements et nos soirées sans clubs, on vient de terminer un Radio Tour digital en partenariat avec des radios indépendantes locales à Paris, avec Hotel Radio, à New York, à Séoul et à Tokyo.