Après Transsiberrian, un premier album aussi dansant qu’intime enregistré en 2015 à bord du train qui relie Moscou à Vladivostock, William Rezé alias Thylacine a choisi d’effectuer cette fois un road-trip en Argentine à bord d’une caravane datée de 1972, la fameuse Airstream tout en aluminium. Après l’avoir lui-même transformé en studio d’enregistrement et y avoir ajouté d’astucieux panneaux solaires, il a embarqué son petit bijou sur un cargo pour le récupérer un mois plus tard à Buenos Aires afin de rejoindre la Cordillère des Andes. Après 10 étapes, il en a rapporté 10 pépites musicales qui lui ont été inspirées par des paysages désertiques et lunaires, au milieu de canyons multicolores, de dunes de sable, de forêts de cactus géants ou encore de sommets enneigés ; 10 compositions où viennent s’ajouter les voix de Julia Minkin (de Kid Francescoli), de Clara Trucco, membre du trio Femina ou de Juana Molina. C’est ainsi qu’est né le nouvel album Roads Vol.1 qui sort le 18 janvier prochain sur son label Intuitive que Thylacine va justement emmener sur la route lors d’une première tournée qui débutera dès le 25 janvier à Istanbul pour se terminer en apothéose le 23 mai prochain à l’Olympia.

Nous avons posé quelques questions à Thylacine afin d’en savoir plus sur ce nouveau projet. En outre, il nous a concocté une superbe playlist entre productions électronica de haute volée (Nicolas Jaar, Christian Löffler, Pional, George Fitzgerald…) et influences électro-pop intimistes (Howling, Sascha Funke, Apparat…), une magnifique sélection qui nous apporte un autre éclairage sur l’univers musical de l’artiste.

Le premier album avait été conçu à bord du transibérien et celui lors d’un road-trip en Argentine : ta musique tourne-t-elle toujours du voyage et des rencontres avec les locaux ?
Disons que le voyage réunit beaucoup d’éléments qui sont important pour que je puisse composer je crois. Transsiberian a été le test qui a permis de le confirmer (je n’avais pas vraiment prévu d’en sortir un album). Il y a le fait d’êtres sans cesse dans de nouveaux endroits, je me suis rendu compte que je n’arrivais pas à composer beaucoup de morceaux dans un même lieu. Les rencontres bien sur aussi, musicales ou non. Et puis le fait de se couper de tout pendant un temps donné, et de se plonger entièrement dans une création sans avoir d’autre obligations. Avoir comme unique but de découvrir des choses et créer, c’est dans ces moments là que je compose quelque chose d’intéressant à mes yeux.

Dans “Volver” tu joues du sax, c’est nouveau ? De quels instruments joues-tu sur ton nouvel album ?
Le saxophone est loin d’être nouveau pour moi, j’ai commencé vers l’age de 6 ans. C’est plutôt rare que j’arrive à le mélanger avec la musique électronique, mais je l’avais déjà fait sur un ancien morceau, ‘Home’. Sur ce voyage j’ai enfin eu le temps, l’espace et les bons micros pour travailler avec cet instrument, donc on le retrouve un peu plus. Ça correspond aussi avec une envie de m’éloigner un peu des sons synthétiques.
Pendant le voyage j’ai collecté quelques autres instruments aussi, notamment un charengo (sorte de Yukulélé à 12 cordes typique des Andes) que j’ai utilisé en mélodie sur plusieurs morceaux, ou des guitares, l’instrument de base en Argentine, que j’ai pu emprunter dans des petits villages.

Les voix que l’on entend sur tes morceaux de cet album ont-elles été enregistrées sur la route également ?
Il y a un peu de tout, certaines sont enregistrées sur la route après des rencontres effectivement, d’autres sont des samples de musique qu’on m’a fait découvrir pendant le voyage, et pour deux morceaux 4500m et Santa Barbara, j’avais envie de travailler sur du texte, donc je suis rentré avec les morceaux instrumentaux que j’ai présenté respectivement à Jay Medeiros et Julia Minkin en leur expliquant à chacun le contexte de composition des morceaux et ce que j’avais envie d’y raconter.

L’image et le son sont intimement mêlés depuis tes débuts c’est important pour toi ?
Oui vraiment, aux Beaux-Arts je travaillais exclusivement sur les relations images-musique.
Et je crois que ma musique est toujours inspirée d’image, donc je pense que c’est important que ça reste aussi dans ma façon de la présenter.

Comment as-tu conçu le studio mobile que l’on voit dans tes dernières vidéos ?
5 mois de travail non-stop, beaucoup d’acharnement et de sueur!
C’était un gros challenge mais j’ai appris beaucoup de choses et ça m’a fait du bien de refabriquer des choses avec mes mains en laissant l’ordinateur de côté.
Je l’ai fait principalement seul avec mon père en assistant, un ami m’a aidé pour tout le système électrique et un autre pour la partie acoustique.
C’est vraiment devenu ma deuxième maison, et j’espère pouvoir reprendre la route avec assez rapidement.

Coté live, on a pu te voir en live 3d à la Gaîté Lyrique, que nous prépares-tu pour ta nouvelle tournée ?
C’est quelque chose dont je suis très impatient aussi, il y a une part importante de vidéo forcément. J’ai dessiné toute la scénographie, et à l’heure qu’il est elle est en train de finir d’être fabriquée. Ce n’est pas encore prêt donc je vous en dit pas plus pour l’instant!

Tu as ton propre label (Intuitive records) et tu te produis tout seul, n’est-ce pas un peu compliqué de tout gérer soi-même parfois malgré l’autonomie que cela te confère ?
C’est tout le dilemme. Ça augmente énormément la charge de travail c’est clair. Mais je fais déjà les pochettes, affiches et tout le graphisme des CDs et Vinyls, je ne sais pas si j’arriverais à laisser un gros label faire les choses à ma place de toute façon..

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