Avec son titre pop mélancolique “Goldpaint“, le groupe Mora Mora (expression malgache signifiant “doucement”, “tranquillement”) donne à voir les prémices d’un cheminement vers la guérison. Un propos développé dans leur EP The Healer, dont la sortie est annoncée pour l’automne 2018. Rencontre avec la chanteuse, Joanne Radao.

Modzik : Est-ce ton premier projet dans la musique ?

Joanne Radao : Ce n’est pas mon premier projet dans la musique, mais c’est le premier pour lequel j’ai pris les devants.

Comment tout a commencé ?

Il y a 2 ans, après un accident, j’ai commencé à écrire assez sérieusement. Je jouais depuis longtemps avec les musiciens avec qui j’ai enregistré ce projet. Ça me semblait donc évident de travailler avec eux. Vincent Charpin [le batteur] m’a beaucoup aidée pour écrire. J’écris d’ailleurs avec lui depuis un bon bout de temps.

Que faisais-tu avant ?

Avant je chantais très peu, j’étais plutôt choriste ou aux claviers, je composais mais laissais l’interprétation aux chanteurs et aux chanteuses. J’ai commencé à chanter en frontline il y a 3 ans. Mais je joue du piano depuis que j’ai 4 ans. C’est à cet âge que mes parents m’ont inscrite au conservatoire. C’est donc quelque chose qui a toujours fait partie de ma vie. Les autres claviers, je m’y suis mise il y a 5-6 ans.

Pourquoi le groupe s’appelle-t-il « Mora Mora » ?

C’est un clin d’œil aux origines malgaches de mes parents. Ça résonne aussi avec le projet dans lequel je parle beaucoup de la guérison, du fait de grandir. Je me suis rendue compte que j’étais en train d’observer le groupe quand j’écrivais. On prend notre temps chacun à son rythme. Les choses arrivent parfois plus lentement et c’est pour le mieux. Je voulais aussi évoquer la guérison au sens large : la guérison du corps et de l’esprit, le passage d’un état de douleur à un état de résilience. C’est assez ouvert et ça laisse la place à l’interprétation.

Comment as-tu mis cela en musique ?

La mise en musique, c’est surtout grâce à Vincent. On avait envie de longueur, de creuser l’aspect doux car les paroles sont un peu amères et mélancoliques. On avait besoin d’un endroit calme, on est allés à la montagne dans les Alpes du Sud. On a déplacé tout un studio en camion, où on a tout enregistré pendant une semaine.

Pourquoi chanter en anglais ?

Ça vient des influences que le groupe a. C’est une langue qui me paraît beaucoup plus simple pour exprimer des choses complexes. Puis, je me sens pas de me frotter au français pour l’instant. D’autres artistes l’ont tellement bien fait.

Vu les sujets que tu abordes, le français ne serait trop dénudant ?

Absolument oui, l’anglais c’est aussi de la pudeur. D’ailleurs, on a réussi à garder cette pudeur tout en préservant l’émotion dans la musique.

Tu prévois quoi pour la suite ?

L’EP va sortir en Automne 2018. Pour la suite, je continuerais à aller enregistrer de la musique, pourquoi pas un album…