« Panther in mode » c’est le nouvel EP d’Alewya, cette artiste au charisme envoûtant et aux allures de Guru. Avec « Spirit_X » puis « Play » l’artiste, sculptrice et dessinatrice nous ouvre les portes vers son monde mélant sonorités électroniques et rythmes africains. Découvrez l’univers cathartique de la chanteuse dans son interview.

Alewya
Crédit Pierre Dal Corso

-Ton prochain EP sort le 19 novembre. Comment le qualifierais-tu en un mot ?

*Rires*Intense, dans le bon sens du terme et très cathartique. C’est comme si j’arrivais en défonçant la porte avec mon pied en mode « Me voici ! », c’est ce que je ressens.

-Quelles ont été tes influences lors de la création de ce projet ?

C’est difficile à dire. Il y a beaucoup d’influences africaines, d’influences électroniques. Mais vraiment c’est juste ce que j’aime. Tout ce autour de quoi je gravite je vais jouer avec et l’incorporer dans ma musique, je n’ai pas de limite. C’est juste qui je suis.

-Dans ton dernier clip « Play » on a l’impression d’assister à une cérémonie de rituel, c’est une façon pour toi de continuer à faire vivre tes ancêtres ?

Quelque soit la forme d’art que j’utilise il y aura toujours un aspect spirituel. Je pense que tout ce que je fais et peu importe le sujet que j’aborde, a un élément mystique parce que c’est dans mon sang. Je crois en tout ça. Mais honnêtement la vidéo est belle aussi parce que c’est agréable de voir des Noirs dans la nature en train de s’amuser. Nous étions en contact avec nous-mêmes. Et c’était donc authentique dans ce sens, nous n’avions pas essayer de faire quoique ce soit, c’est juste qui nous sommes. Et puis tu sais tout le monde était là avec toutes les énergies, avec la nature, le sable, le ciel, etc… Si ça ressemblait à un rituel ça n’était pas recherché, nous étions juste ouverts et nous avons passé un bon moment.

-En générale quelle place occupe ta spiritualité ainsi que ton héritage dans ton processus créatif ?

C’est difficile à expliquer parce que c’est tout simplement là, c’est instinctif. C’est juste ma façon d’être. Dans ma vie personnelle j’y suis attachée et en phase avec ça, donc dans ma vie professionnelle ma spiritualité ressort parce que je le permets et que ça ne me fait pas peur. C’est juste naturel.

-Tu es une chanteuse, musiciennes, dessinatrice…l’art est une thérapie pour toi ? Qu’as tu besoin d’extérioriser ?

Chaque chanson, chaque visuel, correspond à une étape de mon cheminement personnel. Je suis très connectée à tout ce que je crée. Pour moi, personnellement, je peux regarder chaque chanson et revivre ce par quoi je suis passé, tant les moments joyeux, les moments plus intenses, les spirituels, les ludiques, les moments sensuels, que les moments plus déprimants. Dans le futur, quand je serai vieille et grisonnante, je regarderai en arrière et je saurai exactement ce que j’ai vécu. Comme un journal, un journal de sentiments, pas un journal de mots… comme un journal d’énergie.

-Tu t’occupes toi-même de la direction artistique de tes clips, tu as toujours eu ce besoin de tout contrôler ?

Oui, parce que je suis un maniaque du contrôle *rires*. Mais j’ai aussi Lee, ma directrice artistique, elle m’aide vraiment. Je fais cet art depuis que j’ai vingt ans, et pendant 5 bonnes années je faisais tout moi-même à un petit niveau comme un passe-temps. Mais je connaissais le monde que je peignais et la vision que j’en avais. Dans ce sens, je dois garder le contrôle jusqu’à ce que tout le monde comprenne ce que je fais et alors je peux lâcher du lest. Et si je sens qu’ils comprennent et que nous pouvons nous synchroniser alors c’est parfait, je suis ouverte à cela. Mais je sais que je suis tellement spécifique par rapport au monde que je peins que je dois garder le contrôle jusqu’à ce que je puisse avoir confiance. Bientôt je pourrai me détendre car je ne veux pas tout contrôler, je veux juste me concentrer sur mon art. Mais je ne veux pas non plus sortir quelque chose qui ne me représente pas quand je le regarde. Pour l’instant, je vais continuer à être une manique du contrôle *rires*.

-Comment choisis-tu tes collaborations artistiques ?

C’est naturel. Pour la musique, mes collaborations se doivent d’être naturelles. Je dois voir que la personne est libre, qu’elle est elle-même ! Et je dois croire qu’elle fait de la musique parce qu’elle aime la musique. Si je peux sentir une motivation autre c’est non pour moi, peu importe qui ils sont. S’ils sont naturels et qu’ils aiment l’art, je serai toujours ouverte. Lorsqu’il s’agit d’un producteur, parce que je produis aussi, il doit être ouvert à l’idée que je puisse l’aider car nous devons collaborer! Je dois me sentir en sécurité dans l’environnement où la magie opère.

Alewya
Crédit Pierre Dal Corso

-Quelle est la collaboration de tes rêves ?

Tinariwen (groupe de musique Touareg), Boddhi Satva, Nicholas Jaar… J’adorerais enregistrer certaines tribus, leurs voix, leurs batteurs et leurs instrumentistes. J’adorerais les incorporer et les mixer à de l’électronique… Il y a beaucoup de mondes, d’anciens mondes, et de vieux sons que je veux apporter aux nouvelles méthodes et les fusionner. Je peux déjà l’entendre…

-Quelle est la chanson que tu aurais aimé avoir composer ?

En fait, je ne sais pas… oh oui, Maggot Brain de Parliament Funkadelic, tu sais celle qui a la guitare qui pleure pendant dix minutes ?! J’aimerais pouvoir faire cette chanson. Je sais qu’ils étaient complètement en train de tripper à l’acide, donc je dois vivre le même trip pour pouvoir faire cette chanson mais c’est quand même un peu risqué ! *rires*

ALEWYA
Crédit Pierre Dal Corso

-Tu as eu une carrière dans la mode, qu’est-ce qui t’as poussé à quitter ce milieu ?

Ce n’est pas pour moi. Ce n’était pas pour moi. Tu sais, tout le monde a un travail qu’il ne voulait pas forcément faire à la base, mais dans mon cas que ça soit le mannequinat c’est tout de même une bonne chose car cela m’a aidé à comprendre l’industrie dans laquelle je suis aujourd’hui, et ce que je ne veux pas. Mais ce n’était tout simplement pas pour moi.

Comment décrirais-tu ton style vestimentaire ?

Mon style peut passer d’un extrême à l’autre ! Je peux être vraiment comme un mec ou je peux être vraiment féminine. Et parfois, je peux me retrouver au juste milieu. Dans mon quotidien, c’est le confort surtout. Je n’ai jamais vraiment pensé à mon style à vrai dire, je m’habille seulement.

Alewya
Crédit Pierre Dal Corso
Panther in Mode EP Alewya
Alewya Panther in Mode

 

ALEWYA: EP Panther in mode tracklist

1/Dragon

2/Ethiopia

3/Zuggy

4/Channel High

5/Spirit_X

6/Play