Cinquième album pour les Versaillais de Phoenix. Après le succès international de Wolfgang Amadeus Phoenix et une tournée gargantuesque qui leur a fait gagner un Grammy Award, c’est dans le studio des Beastie Boys et de leur ami, Philippe Zdar, qu’ils sont partis enregistrer. Le guitariste Christian Mazzalai nous raconte cette aventure.

« On a réussi à mettre la pression de côté. Même si l’on savait que, pour la première fois, on était attendus au tournant. Sur l’album précédent, on n’avait pas de maison de disques, on l’avait fait pour nous et, bizarrement, c’est celui qui a le mieux marché. Donc, on s’est dits pourquoi se mettre la pression ? Et puis, on s’est aussi dits que les gens accorderaient plus d’écoute à cet album, on s’est autorisés plus d’expérimentations. On a voulu aller encore plus loin », explique le guitariste Christian Mazzalai. Et c’est vrai, qu’en cinq albums, Phoenix s’est imposé comme l’un des groupes français les plus connus à l’étranger. Après leur dernière tournée internationale, le groupe ne s’est pas, pour autant, endormi sur ses lauriers : « En revenant de tournée, on s’est tout de suite remis à travailler, pour éviter le coup de blues. C’est assez dur de revenir de tournée. La technique, c’est de toujours travailler, c’est la moins pire des solutions ».

Deux ans de travail ont donc été nécessaires pour accoucher de Bankrupt!, enregistré dans le studio de Philippe Zdar. Ils ont également été invités à venir travailler dans le studio des Beastie Boys : « C’est à l’opposé des gros studios, dans lesquels il y a une ambiance très propre, beaucoup de mauvaises ondes. C’est souvent l’usine. Dans leur studio à New York, il y a une histoire. Ce sont les seuls qui enregistrent là-bas. C’est Adam Yauch qui nous a proposé d’y enregistrer ». Et c’est qu’il y avait de la matière, reprenant leur technique de travail d’assemblage : « On enregistre des boucles et on assemble des morceaux, c’est un puzzle que l’on compose avec des petites parties d’une minute. On en avait plus de 2 000 sélectionnées pour Bankrupt! ». Le choix de Philippe Zdar comme producteur s’est imposé de lui-même : « C’est comme un cinquième membre, il a un droit de veto. Il n’était pas toujours avec nous en studio, mais chaque remarque venant de lui était importante ». Un travail qui paye, qu’on se le dise : Bankrupt! ne contient que des tubes ! Mais impossible pour eux d’expliquer leur succès aux Etats-Unis, ce qui est rare pour un groupe français : « Finalement, quand tu te retrouves dans une petite ville du Midwest, c’est plus facile. C’est un peu comme s’il y avait un groupe d’Indonésiens qui viendrait jouer à Paris. Tu vas les accueillir avec un peu plus de clémence ». [Sourire] Nul doute que Bankrupt! récoltera le succès là-bas, comme en témoigne leur récente performance au festival californien, Coachella, avec en guest… R. Kelly.

Par Guillaume Cohoner

Phoenix, Bankrupt! (Warner)
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