MODZIK aime la jeune création française, notamment celle qui décloisonne les grands murs du conservatisme nauséabond de la mode et qui prend des risques, à l’image d’Arthur Avellano. Pour son premier défilé à la fashion week homme de Paris, il a présenté sa collection SS18 dans le théâtre de Trévise armé de son jouet préféré : le latex. Matière totem du créateur, il la décline à toutes les sauces et sur tous les vêtements, des pantalons aux bombers. Rencontre avec un créateur qui n’a pas froid aux yeux et qui démocratise une matière encore trop souvent stigmatisée.

Comment as-tu pensé cette collection SS18 ?

Arthur Avellano : Concernant l’inspiration générale, cette collection se nomme “chute libre” en rapport au film du même nom réalisé par Joel Schumacher avec Mickael Douglas en acteur principal – la scène du petit-déjeuner au fast food est mythique. Avec l’aide d’un styliste qui m’a aidé pour le show, nous voulions créer des personnages un peu “au bord du gouffre”, qui sont en plein burn-out et qui n’en peuvent plus de la société. La collection me ressemble car la pression sociale est un sujet qui m’intéresse beaucoup.

Tu es habitué à travailler le latex depuis longtemps et c’est la première fois que tu utilises le cuir dans une collection, pourquoi ce choix ?

 AV : Mon travail de base est le latex. C’est donc tout naturellement que j’ai continué avec cette matière. Aujourd’hui, je la développe avec un laboratoire allemand pour élaborer des nouveaux latex qui sont portables et passables en machine. Auparavant, le latex était une matière mise de coté car personne ne pouvait l’utiliser alors quand on voit la doudoune ou le bomber dans la collection SS18, on remarque que cela fonctionne et qu’ils s’agit en fait de pièces très fluides. Je l’ai complété avec le cuir cette saison, car c’est une matière que j’aime et qui se marie extrêmement bien avec le latex.

 Qui est l’homme Avellano ?

AV : Je recherche l’élégance, il est donc un homme élégant, cultivé, ouvert qui n’a pas peur d’affirmer sa sexualité. Il est un homme libre et il fait ce que bon lui semble. Personnellement quand j’étais plus jeune, je ne comprenais pas pourquoi tous les vêtements qui me plaisaient était pour les filles, par conséquent j’étais obligé d’aller chez les femmes. Non pas, parce que je voulais m’habiller en fille, mais parce qu’il y avait plus de choix intéressant chez les femmes, il y avait plus de subtilité. Je trouvais ça triste que l’homme soit toujours bâclé et uniquement défini par le tailoring et les vêtements militaires. Du coup, pour “Chute libre”, j’ai voulu reprendre les basiques afin de me les réapproprier et essayer de leur redonner une autre vie comme avec le bomber ou le trench.