L’histoire des 6 d’Anvers est si souvent examinée et racontée sous différentes versions qu’elle en a presque acquis des proportions mythiques. Entêtée, la Modzik team a jugé bon de s’en faire une idée perso. Du coup, on s’est rendu à Anvers pour le dernier jour de l’expo qui met l’Académie à l’honneur à l’occasion des 50 ans de son département mode.

Sur un grillage de fer, un écran diffuse un film de 10 minutes. L’image est un peu flottante, les modèles défilent en doublette. Elles sautillent en se marrant, un peu gênées par les regards de l’assemblée, tirant la langue à la caméra. Il s’agit du défilé de fin d’étude de 81.  Par ces fantaisies et une légèreté ambiante, sont présentées les silhouettes étudiées qui révèleront les 6 d’Anvers : Marina Yee, Dirk Bikkembergs, Ann Demeulemeester, Walter Van Beirendonck, Dirk Van Saene et Dries Van Noten.  Aujourd’hui, on le sait : c’est ce défilé qui ouvrait la Belgique au monde de la création de mode. Articles de presse et vidéos d’interviews : on s’infiltre tranquille, dans l’intimité et le succès d’un groupe dont on a envie de faire partie. Une amitié que Marina Yee décrit comme fusionnelle : « La formation de notre groupe d’amis relève d’une contingence magique. Nous nous complétions. » Car jusqu’alors, la mode semblait inaccessible,le gang donne envie aux créateurs émergents d’être actifs. Parce qu’ils touchent et que les étudiants les comprennent, le groupe des 6, auquel vient se greffer Martin Margiela, devient les 6+1 d’Anvers. 

Trève de maths,si l’expo exprime le talent créatif des célèbres « 6 d’Anvers », elle ne manque pas de nous emmener dans l’excitant itinéraire d’apprentissage et de révélation de soi des étudiants. Une initiation dont témoigne la créatrice Véronique Branqhuinho qui y a fait ses armes : « Avant, je me cherchais. Arrivée a l’Académie, j’ai éprouvé ce sentiment apaisant que j’étais sur la bonne vie, la seule possible ». 

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Entre avant garde et tradition

Expérimental et profondément personnel : c’est ainsi que la presse internationale décrit le style des créateurs formés à Anvers. Si depuis les années 80, la ville est considérée comme le « Paris du Nord », c’est que la fibre de l’Académie s’est depuis le début tournée vers une notion révolutionnaire. Des collections avant-gardistes, intellectuellement exigeantes et initiatrices de tendances, ça rigole pas. Et on le voit. Remémorant le futurisme sexy de Peter Pilotto, ou le froissé psychiatrique d’AF Vandervorst, l’expo se présente comme le miroir de ceux qui ont su marquer la mode. Mais aussi des autres : Bruno Pieters, Wali Mohamed Barrech et son orientalisme provocant, Manon Kundig , ou Elise Gettliffe. Tous, ont leur dessins au mur, leurs silhouettes au sol.  Au delà d’exposer les collections phares, l’école présente une histoire, celle de son département mode. Tel qu’un de ces étudiants, le visiteur apprend, expérimente et modifie ses conceptions. Et alors qu’il en est aujourd’hui le directeur, Walter Van Bereindonck  nous assure pas à pas, que si la formule anversoise a fait ses preuves, c’est que ses professeurs ont su mettre l’ accent sur  une authenticité artistique : « Aborder le concept, plutôt que le concret. » Ok, c’est noté. 

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