Les écoles de mode belge ont toujours été un vivier incroyable en terme de novation et d’avant-garde européenne. De ces écoles sont sortis de nombreux designers qui ont contribués à leur renommée ; Raf Simons, Dries Von Noten, Martin Margiela ou encore Kris Van Assche. C’est le cas des deux créateurs qui s’affrontent aujourd’hui. Le premier Damir Doma construit sa mode sur la dualité, la deuxième Ann Demeulemeester fait vibrer depuis 1985 les podiums sous le pas assuré de ses modèles. Ce qui les réuni ? Un goût prononcé pour les pièces androgyne et la juxtaposition des matières. Que le match commence !

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Damir Doma a crée sa marque éponyme en 2007 une première ligne masculine. C’est pour lui le début d’une aventure mode puisque sa collection le défini rapidement comme l’un des jeunes talents allemands à ne pas perdre de vue. On l’ajoute rapidement au duo de créateurs de renoms Karl Lagarfeld et Jil Sander. Ses collections jouent avec son sens de l’uniforme, son jeu du contraste entre ombre et lumière, matières brutes et raffinées. La mode de Damir Doma semble se construire sur la dualité. Sa garde robe se veut unisexe et reflète parfaitement le questionnement sur l’identité qui est omniprésent dans nos sociétés. Avec un attrait pour le changement, Damir Doma n’hésite pas à se renouveler comme l’ont montré ses collections estivales où il n’a pas hésité à apporter une touche de lumièré qui entre en rupture avec ses collections préccédentes.

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L’Homme Damir Doma est un nomade androgyne qui aime s’inspirer de différentes cultures sans la moindre barrière temporelle ou historique. Une esthétique minimale, des coupes épurées ; on ressent presque une rigidité monastique dans les collections masculine du créateur allemand. Mais il est loin de laissé la femme de côté puisque en 2010 il a lance sa ligne féminine dans laquelle il poursuit sa volonté minimaliste, loin de l’image « working girl » perchée sur des talons hauts. Chaussures compensées, robes mini mais portées avec des leggins, ses modèles arpentent le catwalk sans agressivité aucune. On ne retrouve pas le style monastique de sa mode masculine mais on ne peut pas non plus parler de féminité accentuée. La féminité pour lui se retrouve avec parcimonie dans des couleurs lamées comme lors de sa collection automne/hiver 2013-2014.

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Ann Demeulemeester fait partie des six d’Anvers, une expression qui désigne les six élèves de l‘Académie Royale d’Anvers en Belgique issus de la promotion 1981. Ces six étudiants (Walter Van Beirendonck, Ann Demeulemeester, Dries Van Noten, Dirk Van Saene, Dirk Bikkembergs et Marina Yee)sont considérés commet l’avant-garde de la mode belge. C ‘est dès 1981 que l’anversoise lance sa première collection aidé de son alter ego et compagnon Patrick Robyn. Très vite on distingue un style Demeleumesteer qui doit son imaginaire féminin aux figures de femmes fortes : poétesses et artistes. Sans doute la raison qui fait de Patti Smith la muse et amie de la créatrice flamande. Entre ange et démon, la femme Demeleumeester sait garder une certaine innocence tout en dégageant une force glaciale. Beauté froide aux allures de guerrières, le vêtement sert de protection, il est une armure contre le monde réel comme l’a prouvé sa collection printemps/été où drappés et pièces de cuirs sont venus complétés l’allure presque militaire de ses modèles.

Ann-Demeleumeester

Dans sa dernière collection printemps/été, la créatrice belge choisit de jeter de la lumière sur ses pièces mettant en avant un homme nomade inspiré par l’orient. Pantalon fluide et tailoring sombres viennent compléter sa garde robe. Mais l’hiver reste sa saison de prédilection comme l’ont prouvés ses collections masculines et féminines des prochaines saisons. Celle que la presse internationale surnomme souvent “Queen Ann” a longtemps fait défiler ses collections hommes et femmes en même temps. Sa mode se construit comme un jeu de questions/réponses entre les deux genres. Si aujourd’hui ses deux lignes bénéficient de défiles distincts, c’est au service d’une plus grande créativité dans sa recherche de l’androgyne. Loin de suivre les tendances, elle reste fidèle à ce qu’elle aime, et à ce qu’elle fait tout en jouant avec les la nonchalance des coupes et ce contraste tranchant du noir et du blanc.

Par Mélody Thomas