L’art et la mode correspondent depuis toujours. Cette saison plus qu’une autre pourtant, autant sur les catwalks que dans les musées, l’art et la mode jouent aux chaises musicales. Focus sur les expositions parisiennes qui mêlent ces deux univers qui n’en font plus qu’un. 

 

 

Issey Miyake x Ronan Bouroullec @ronanbouroullec

 

Issey Miyake x Ronan Bouroullec @ronanbouroullec

Faire de l’a(rt) mode

À l’occasion de la Fashion Week parisienne du mois de janvier dédiée aux collections hivernales masculines de l’hiver prochain, la marque Homme Plissé Issey Miyake a dévoilé une collaboration inédite avec l’artiste et designer français Ronan Bouroullec. En simultané était visible le fruit de la rencontre entre la marque et l’artiste sur les vêtements comme des compositions picturales ambulantes, ainsi que certains de ses tableaux, véritables toiles de fond du défilé. La marque n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle a déjà fait appel au plasticien japonais Tadanori Yokoo, d’abord pour le design de ses invitations, puis pour une collection de blousons haute en couleurs. Pendant deux ans, entre 1996 et 1998, elle travaille également avec quatre artistes contemporains et crée les Guest Artists Series. 

La marque Issey Miyake n’est pas la seule à s’essayer à des collaborations artistiques. Un grand nombre de maisons, parmi les plus prestigieuses, sont parvenues à combiner leur esthétique à celle d’artistes. C’est le cas d’Elsa Schiaparelli et Salvador Dali qui ont ouvert la voie à d’autres après elles. La robe Mondrian d’Yves Saint-Laurent, la robe Jean-Paul Gaultier inspirée des oeuvres graphiques de Victor Vasarely ou plus récemment les différentes collaborations entre Louis Vuitton et Takashi Murakami sont toutes plus iconiques les unes que les autres. 

 

Une des pièces de la collaboration entre Salvador Dali et Elsa Schiaparelli

 

Robe de la collection Pop Art de Versace, 1991.

 

En puisant directement leur inspiration chez des artistes, les marques montrent à quel point la mode peut être à la fois un réceptacle et un émetteur d’images. Au carrefour des disciplines, tributaire de la photographie, compteuse d’histoires ou encore faiseuse de films, la mode emprunte à tous les arts et apparait souvent comme un lieu de rencontres, un terrain favorable à l’émulation. Peu étonnant donc que la mode investisse de plus en plus les musées nationaux, pas seulement parce qu’elle habille mais parce qu’elle a la capacité d’émouvoir.  

 

Exposer la mode

En ce moment à Paris, trois expositions rendent compte des multiples inspirations de la mode et particulièrement des liens qu’elle entretient avec des artistes. Respectivement au Centre Pompidou, à la Galerie Dior et au Musée des Arts Décoratifs, ces expositions choisissent soit, de balayer plusieurs décennies de mode et de créateurs·rices à la lumière de certaines collaborations, soit de se focaliser sur une seule et même designer — de génie — Iris van Herpen, sans toutefois perdre le côté pluridisciplinaire. 

 

L’étalement de ces dix-sept silhouettes invite à la flânerie et à la découverte d’autres oeuvres d’art. Avec cette installation, le Musée National d’Art Moderne présente les correspondances possibles, qu’importe les époques, entre l’art et la mode.

 

La traversée des apparences. Quand la mode s’invite au Musée se tient au cinquième étage du Centre Pompidou, dans les salles où trône l’imposante collection permanente. Si le parcours reste sensiblement le même qu’à l’ordinaire, une poignée de silhouettes se dresse au milieu des tableaux de grands noms. Elles se détachent à la fois de cette immense galerie autant qu’elles s’y insèrent parfaitement puisque chacune d’elles est associée à une oeuvre d’art, pour la plupart, des tableaux, faisant partie de la collection permanente du musée. Comme des garçons, Issey Miyake, Jean-Paul Gaultier, Marine Serre ou encore Kevin Germanier ont investi la totalité du cinquième étage. L’étalement de ces dix-sept silhouettes invite à la flânerie et à la découverte d’autres oeuvres d’art. Avec cette installation, le Musée National d’Art Moderne présente les correspondances possibles, qu’importe les époques, entre l’art et la mode.

La traversée des apparences. Quand la mode s’invite au Musée est accessible jusqu’au 22 avril 2024. 

 

Le Musée des Arts décoratifs offre à la créatrice hollandaise, Iris van Herpen, une rétrospective en neuf chapitres qui mêle les silhouettes de sa marque éponyme à des oeuvres d’art contemporain et à des éléments issus de la nature. Cette exposition très immersive présente plusieurs tableaux censés représenter la complexité du travail de la créatrice ainsi que les nombreuses correspondances, voire synesthésies, qui peuvent exister au-dedans et en dehors de celui-ci. 

Iris van Herpen, Sculpting the Senses se termine le 28 avril 2024.   

 

Avec L’art au féminin, la Galerie Dior retrace les collaborations entre sa maison et des femmes artistes. Inscrit dans l’histoire même de la maison Dior en raison de la première activité de son fondateur qui était galeriste, l’art n’a eu de cesse d’influencer les collections ainsi que les scénographies des défilés de la marque. C’est toutefois depuis 2017, avec l’arrivée de Maria Grazia Chiuri, que cette dimension transversale se confirme d’autant plus, particulièrement quand il s’agit « d’art au féminin ». Cette exposition semble délivrer ce message : habiller et exposer les femmes sont les deux faces d’une même médaille. 

L’art au féminin à la Galerie Dior se visite jusqu’au 13 mai 2024.

 

 

Texte Julie Boone

Photo couverture courtoisie de Issey Miyake