Tim Dup. Ce nom vous dit sûrement déjà quelque chose, et il m’est d’avis que vous en entendrez sûrement encore beaucoup parler. La jeune révélation de la scène Île de France (scène tremplin) de Rock en Seine donnait son premier concert au théâtre Les Etoiles ce mardi 13 septembre. Récit d’un commencement.
Le rendez-vous était donné pour 20 heures tapantes du côté du 10ème arrondissement de Paris, et pour l’occasion Paris était joliment représentée. La population, d’une tranche d’âge indéfinie, et d’une mixité sociale évidente laissait penser qu’un seul trait de caractère pouvait la lier : la curiosité. Curieux de voir, et d’entendre, ce jeune homme de 21 ans, encore étudiant, qui en moins d’une année a su conquérir toute la presse francilienne spécialisée. Je dénombre dans la petite salle un bon nombre de familles, et un nombre encore plus grand de couples. Belle idée que de venir partager ce moment avec ses proches. Ce constat, qui m’aura pris somme toute une demie-heure (j’ai eu la mauvaise idée, moi, de venir seul) a vu la salle devenir comble en 5 minutes. Car oui, le concert de ce soir affiche complet, et une seconde date prévue pour le 30 novembre est même déjà affichée à l’entrée. Arrive 20 heures 35 et la musique douteuse crachée par les enceintes commence à me taper sur les nerfs. Je suis venu pour écouter le digne successeur de Brel et Ferré, pas la dernière chanson éléctro-pop playlistée par le Mouv’ ou les Inrocks. L’excitation exponentielle néanmoins me fait croire que l’arrivée du jeune homme est imminente. Dont acte.
L’enthousiasme de la foule est grand, le jeune homme a l’air d’être sur le point de défaillir d’émotion, et c’est semble t-il un regard posé sur ses amis placés au premier rang qui le ragaillardit. Assis devant son piano, le voyage peut commencer. Et quoi de mieux qu’un TER pour prendre la route? Ou de pire comme le chante Tim qui nous emmène dès le premier couplet. Fan invétéré de Léo Ferré je ne peux que donner raison à ceux qui l’y comparent tant sa plume virevolte et pare ses notes de piano d’un voile de beauté évanescente qui égare sa maladresse première dans une sensiblerie touchante.
Les gens qui voyagent ne se parlent pas beaucoup
Mais je crois bien qu’ils s’aiment quand même
En même temps tu te sens proche de l’autre
Quand tu partages un retard d’une heure cinquante sept
Je n’ai parlé à personne dans la salle non plus depuis le début, mais je commence à aimer les gens autour de moi. En un morceau Tim Dup a su me parler, nous parler, et convaincre qu’un concert piano-voix peut fédérer, convoquer une transe, saisir l’échine et exacerber les sens.
Piano-voix? Non, Tim est accompagné d’une drum machine et après nous avoir chanté une ballade mélancolique sur le Paris d’après attentats, ballade qui pour synthétiser raconte le retour rapide et obligatioire (beaucoup trop) à la réalité, le garçon nous saisit encore par cette lecture parfaite de nos esprits et nous enivre d’un morceau sur la fille un peu sale qu’on a toujours voulu se taper. La sienne s’appelle Moïra Gynt, elle s’habille en prêt-à-porter avec son manteau dégueulasse et ses baskets défoncées. Ce génie a saisi toute la subtilité de la vie qui fait qu’une fille de mauvaise famille est bien moins accessible qu’une Eleonore de Panfouy.
La suite n’est qu’une maîtrise épatante de sa scène, de sa voix, de ses doigts et de ses mots. J’ai arrêté de prendre des notes et me suis plongé corps et âme dans ses flots de paroles communicantes et édifiantes. La maturité qui transpire des textes de Tim Dup confirment la renaissance d’une chanson française qui deviendrait 3.0, à l’image de ce morceau débuté par un slam d’une poésie infinie et qui sera, pour moi, le meilleur de son album.
Je suis le paradigme, je suis la métaphore…
Et je laisserais Tim Dup le déjà grand conclure mon article, car il revient à l’artiste de signer son oeuvre :
Merci à vous d’avoir été ici ce soir, et qu’importe la suite de cette belle histoire, cela restera à tout jamais mon premier concert.