Avant la sortie de son premier album Sexy Planet dans quelques semaines et après le single “La Lune et le Soleil” et de belles performances au Colors Show, Bonne Banane (qu’on a pu voir en couverture de Modzik) nous livre son ascension émotionnelle au sommet de la Tour Eiffel dans un clip sobre et chic shooté durant le confinement par la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop (Grand Prix du Jury au festival de Cannes 2019 pour Atlantique).

MATI DIOP parle du clip de “Flash” :

“Quand Bonnie Banane m’a envoyé Flash et m’a raconté l’histoire de cette chanson, j’ai eu un coup de foudre envers ce morceau pour lequel elle s’apprêtait à tourner un clip. Ça faisait un moment qu’on avait envie de travailler ensemble et on a eu l’intuition que ce titre était l’opportunité rêvée d’une rencontre entre son univers et le mien. Bonnie m’a proposé de le réaliser mais je l’ai plutôt envisagé comme un accompagnement artistique car elle avait déjà une vision très précise du film. Une reprise d’un clip des années 60 de Tiny Young qui chante dans la tour Eiffel avec un chiot dans les bras. Pour moi l’enjeux s’est donc davantage porté sur comment filmer Bonnie entrain de dire ses mots dans cet endroit, de trouver le point de rencontre. 

Quelque chose de très intime se jouait pour elle dans Flash et je me souviens qu’elle a eu une façon assez solennelle de me proposer ce film. Comme si, en me choisissant, elle me confiait quelque chose de sa vulnérabilité, un visage d’elle qu’elle n’avait pas encore offert. 

Je n’avais jamais mis les pieds dans ce monument mythique à priori infilmable et jamais réalisé de clip non plus. J’ai réuni une équipe dont le chef op américain Sean Price Williams (Mad Love in NY, Good times) qui venait d’arriver à Paris et avec qui j’avais envie de travailler. Nous étions autant étrangers l’un que l’autre à cet endroit qui, à la sortie du confinement était plus désert que jamais, ce qui lui donnait une allure encore plus fantastique. Avec Bonnie on a voulu filmer cette tour Eiffel comme un totem aux amours mortes. Cette ascension à la fois interminable et fugace jusqu’aux sommets et le vertige exquis qui s’en suit résonnait fort avec l’effet que Flash avait eu sur moi. 

Ce qui me lie à Bonnie, au-delà de la musique, c’est le cinéma puisqu’elle est aussi actrice. La filmer m’a énormément plu. Au-delà de son allure, de sa beauté et de son extravagance, elle est pour moi une artiste dotée d’une réelle vision. Ce plan d’elle derrière la longue vue, œil dans le viseur, m’a semblé juste pour ça.