Globe-trotteuse, chanteuse, réalisatrice, dessinatrice et quasiment pas fashionista… Kwamie Liv a déjà gagné les coeurs de son pays Danemark natal. Elle se pose le temps d’une interview à l’occasion de la sortie de son premier album, Lovers That Come and Go.
C’est ton premier album. Est-ce un saut vers l’inconnu pour toi ?
Je pense que chaque petit bout de musique est un saut vers l’inconnu. Ça fait déjà deux ans que je travaille sur cet album, il a pris une grande place dans ma vie. Donc je crois que je veux juste le voir sortir et prendre son envol, après avoir tant travaillé dessus. Je suis prête.
En quoi la réalisation de cet album a été différente de celle de ton EP ?
Ca a été un processus beaucoup plus long. Je ne pense pas qu’il soit impossible de faire un bon album rapidement, bien sûr que l’on peut. Mais cela a pris le temps qu’il a fallu. Je ne voulais pas me forcer, à l’instar de mon premier EP. Prendre mon temps, laisser l’inspiration venir. Je devais en être satisfaite, par ce que je suis ma plus grande critique. Ne pas faire écouter quelque chose dont je ne suis pas satisfaite.
Quelles ont été tes inspirations pour ce Lovers That Come and Go ? Qu’as tu ramené de tes voyages ?
Je ne sais pas si je peux réellement dire « tel ou tel pays m’a inspirée cette chanson », mais c’est sûr que grandir entre autant de pays, parmi tant de sonorités, ça a façonné mon approche. Je ne voulais pas faire un seul genre, une seule chose. Je voulais emprunter à plein d’univers, pour créer quelque chose d’à la fois connecté et libre. Une chanson sera par exemple composée quasi-exclusivement autour d’une guitare, alors que le morceau suivant sera bien plus électro.
Justement les morceaux ne se ressemblent pas. On peut l’écouter en entier sans problème.
Merci. C’était un critère important pour moi, que mon travail puisse s’écouter d’un coup.
Sur « Blasé », qui semble être une référence assez évidente à notre langue française, tu voulais exprimer ton raz-le-bol ?
Je pense que c’est une chanson qui exprime l’un des nombreux sentiments qu’est amené à connaître un couple. J’aime les mots, leur sonorité. J’aime la sonorité du mot « blasé » et sa signification. J’ai adoré construire quelque chose autour de ce mot, « Oh my lover, you’re so blasé ».
Je ne sais même pas s’il y a un mot anglais qui s’approche du terme.
Je pense que les langues peuvent s’interconnecter. Par exemple le mot « cool » s’utilise aussi bien en français qu’en danois. Je pense donc que le terme « blasé » a le même sens en anglais que chez vous.
Beaucoup de tes chansons parlent d’amour. C’est le thème qui te tient le plus à cœur ?
L’album s’appelle Lovers That Come and Go. C’est une fenêtre sur un état d’esprit, sur la vacuité des choses. J’aime la sonorité et la façon dont les mots s’agencent autour du titre de mon album, donc j’ai créé tout un univers autour. C’est une petite porte que tu ouvres pour découvrir l’album, et tout ce qui s’y passe. Cet espace amoureux, avec ses phases et ses humeurs. Mais c’est aussi la solitude et la liberté.
Donc le nom de l’album est l’entrée principale, et chaque morceau est une pièce différente ?
C’est une belle façon de voir la chose.
Tu as réalisé tous tes clips, sauf un. C’est une façon de tout contrôler, ou c’est juste un aspect que tu aimes.
Les deux. Je sais ce que j’aime et ce que je veux, donc j’aime faire partie de cela. Et puis j’adore la réalisation, la dimension visuelle. Même réaliser pour un autre artiste, je trouve ça super intéressant. J’aime créer des univers visuels, je suis attirée par les images, même dans mon écriture. C’est une autre façon de créer, mais ça reste de la création. Et j’adore ça, créer m’excite.
Et le dessin ?
Je dessine énormément, surtout des petites bandes-dessinées.
Un réalisateur de cinéma préféré ?
Sûrement David Lynch, ou Wes Anderson. Mais quand je réalise moi même, j’aime les choses lente. Laisser la caméra trainer. Donc plutôt David Lynch.
Et les artistes avec qui tu aimerais collaborer ?
Y’en a beaucoup…
Bon bah trois en particulier alors.
Ça fait quand même beaucoup… Angel Haze, mais on a déjà collaboré sur « Pleasure This Pain » il y a quelques temps. Pareil avec Angelo Badalamenti, qui a fait beaucoup de musique pour David Lynch, genre Twin Peaks. On a fait un morceau ensemble, pour un film danois qui s’appelle Gold Coast (Guldkysten en VO).
Sinon, j’adorerai faire quelque chose avec Octavian (un rappeur britannique).
C’est tout ?
Bon en fait j’arrive pas à penser à quelqu’un en particulier, mais j’essaie ! Sinon Kendrick Lamar, ce serait fou de collaborer avec lui. Avec Dead Prez aussi.
Et quelqu’un avec un gros univers visuel, genre Tyler, The Creator ?
Oui ca serait super. Ou alors Franck Ocean. Ou Andre3000… Sinon je pense aussi à Valory June, qui fait de country-blues. C’est très afro.
Dans tes clips, on voit que la mode et la façon dont tu t’habilles sont importantes pour toi. Comment définirais-tu ton style vestimentaire ?
Confortable. Classique. Minimaliste. J’aime beaucoup les bijoux. Mais je considère que tant que tu te sens bien dans ce que tu portes, alors tu as du style. Il faut être à l’aise dans ses habits, et donc dans sa tête. Qu’importe si tu portes un jean plein de trous, un t-shirt ou une belle robe. Tout dépend de ce que tu dégages. C’est ça la mode.
Et maintenant ?
Je vais travailler sur de nouveaux clips. Et puis en 2019, je vais voyager , jouer un peu partout. Faire un caméo dans un film – dont je ne peux pas parler – et aussi travailler sur la bande-originale. Continuer à dessiner, et peut-être mes dessins mettre en ligne, quelque-part. Ensuite, après tout ça, retour en studio.